Le Club Memori
Pour ceux qui veulent comprendre, maintenir et améliorer leur mémoire.
Vulgarisation scientifique, méthodes, trucs et astuces pour bien mémoriser.

Introduction

Je fais cet article pour répondre à des questions sur la mémoire que vous me posez souvent. J’en ai sélectionné quatre auxquelles les réponses ne sont pas si évidente que ça. Toutefois, rappelons d’abord que la mémoire est une fonction vitale. Elle nous permet de stocker et de rappeler des informations. Elle est donc essentielle pour apprendre, se souvenir et s’adapter. De plus, avoir des informations en mémoire permet de prévoir et d’anticiper grâce aux connaissances accumulées. Rien d’étonnant donc à ce que la mémoire soit devenu un sujet d’études depuis l’Antiquité…

Récemment, les neuroscientifiques ont fait des progrès considérables dans la compréhension de ce qu’est la mémoire, comment elle fonctionne et pourquoi elle nous joue parfois des tours. L’imagerie cérébrale nous donne des informations dont on n’aurait même pas osé rêver il y a seulement dix ans. Et pourtant, il reste encore beaucoup à découvrir.

C’est pourquoi la recherche bat toujours son plein. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et le CNRS sont sur la brèche. Beaucoup d’autres laboratoires aussi, un peu partout dans le monde. On commence aujourd’hui à utiliser l’intelligence artificielle (IA) pour comprendre comment se forme la mémoire à long terme chez l’être humain.

On utilise à la base la technique de l’IRM fonctionnelle qui permet de suivre l’activité cérébrale en temps réel. Contrairement à l’IRM habituelle qui donne une photo, l’IRM fonctionnelle donne une vidéo. Cela permet d’observer l’activité cérébrale en cours pendant une tâche de mémorisation. Un énorme progrès. 

Les données collectées seront ensuite analysées par des algorithmes d’IA afin d’extraire des modèles mentaux du processus de formation de la mémoire à long terme. C’est ainsi que les chercheurs affinent leur compréhension du fonctionnement du cerveau humain.

Voyons maintenant vos questions sur la mémoire.

Image montrant la bibliothèque de Dublin, pour évoquer le stockage des informations en mémoire.

La mémoire : pourquoi est-elle si importante ?

J’entends dire parfois qu’avec nos accès Internet, nos calepins et autres outils, ce n’est pas si important de savoir des choses. Hum…

Sans mémoire, il vous serait évidemment impossible d’apprendre ou de vous souvenir. Donc, impossible d’agir. Impossible de prévoir qui que ce soit. Or, votre futur lui-même dépend essentiellement de votre mémoire.

En effet, votre cerveau en fait un usage permanent pour prévoir, anticiper le futur proche. Il compare en permanence ce que vous vivez aux expériences déjà vécues. Il en tire une prédiction de ce qu’il va se passer qui vous permet de vous adapter en continu.

On peut dire que c’est une machine à prédire en fonction du passé. Et quand la prédiction n’est pas bonne, il cherche des expériences analogues pour en tirer la meilleure adaptation possible. La mémoire est donc essentielle dans notre vie quotidienne. C’est ainsi que nous sommes en permanence en phase avec notre environnement et pouvons y réagir au mieux.

Et au travail ? Sans la mémoire nous ne pourrions rien faire de façon suivie. Même pour une micro action nous puisons dans le stock des informations apprises. Dès que nous étudions ou travaillons sur un projet, les informations sont là, prêtes à être utilisées.

Et les relations sociales ? Pourraient-elles exister seulement si nous n’en retenions rien ? Le nom des gens, leurs visages, les expériences avec eux sont gardées en mémoire. Regardez ce que devient la vie sociale des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer. Elle disparait, elle sombre littéralement. Soyons au clair avec ça : sans la mémoire, nous ne sommes rien.

On n’y pense jamais assez : votre mémoire c’est vous. Sans mémoire, ce n’est plus vous.

Image montrant un cerveau rayonnant pour évoquer l'amélioration de la mémoire.

La mémoire : comment l’améliorer ?

C’est certainement la question sur la mémoire la plus fréquente. Qui ne souhaiterait pas avoir une meilleure mémoire? Mais pour l’améliorer il faut connaître son fonctionnement. Le connaît-on vraiment ? En fait, un peu seulement. En effet, il y a encore beaucoup de choses que nous ne savons pas à son sujet. Toutefois, la connaissance progresse continuellement.

Toujours est-il que si l’on se préoccupe de son amélioration, c’est surtout parce que nous sommes conscients de sa fragilité. Nous pensons qu’elle décline avec l’âge. Nous redoutons la maladie d’Alzheimer, etc. Procédons par ordre…

Déjà, est-il vrai que la mémoire diminue avec l’âge ?

Cette étude s’intéresse aux différences entre la mémoire des jeunes et des vieux. L’idée rebattue c’est que la première est meilleure que la seconde. Des tests le démontrent.  Enfin, croit-on… Certes, les anciens se plaignent plus de leur mémoire que les jeunes. Les résultats des études sont donc en cohérence avec les idées reçues.

Pourtant, nous connaissons tous des exceptions à cette « règle » : certaines personnes âgées ont une excellente mémoire, tandis que certains jeunes adultes souffrent de problèmes de mémoire. C’est encourageant…

Mais tous les tests de laboratoire se font en temps limité. Cette question ne semblait pas se poser. Pourtant, certains chercheurs ont eu l’idée de doubler le temps accorder pour mener à bien les tâches de mémoire demandées.

Surprise ! Pour autant, les jeunes n’ont pas amélioré leur score du tout. Mais les vieux, eux, l’ont amélioré de façon spectaculaire. Au point de faire jeu égal avec les p’tits jeunes. La seule conclusion qu’on peut en tirer c’est que leur mémoire n’est pas moins bonne. En revanche, il est évident que leur temps de traitement des informations est plus long.

Quoi qu’il en soit, pouvez-vous améliorer votre mémoire ?

Tout peut être amélioré. À vrai dire, ce ne sont pas les études scientifiques qui le démontrent. Mais plutôt l’expérience. En effet, tout un chacun peut expérimenter qu’il peut améliorer sa mémoire. Pas tellement sa capacité de mémorisation, elle est souvent excellente même si on croit le contraire. En revanche, c’est souvent la remémoration qui pêche. Et il est facile de constater qu’on peut l’améliorer par des exercices ou même en utilisant de nouvelles stratégies.

Ça suppose d’être actifs et non passifs. Or, en général on est complètement passif vis-à-vis de notre mémoire. On considère qu’elle doit se débrouiller toute seule. A tort. Les seuls qui montrent un minimum d’activité à ce sujet sont les élèves et les étudiants. Parce qu’ils savent qu’on va les interroger sur leurs acquis… Alors ils révisent, révisent, répètent l’opération, répètent… c’est pratiquement leur seule stratégie. Or, il y en a bien d’autres !

En fait, on ne peut pas mémoriser de la même façon des numéros de téléphone, un théorème mathématique, une liste de courses, le nom des gens, une recette de cuisine ou un cours de géographie. Les stratégies ne sont pas les mêmes ! Le problème, c’est que les étudiants ne connaissent guère que la répétition. Ensuite, dans la vie courante, on n’utilise carrément aucune stratégie.

Il faut participer activement à la mémorisation.

Comme vous voyez, on part de loin. Le phénomène est général, c’est un fait de société. On n’apprend à mémoriser nulle part, ni en France ni ailleurs. Il y a tout un apprentissage à faire. Sans oublier pour autant les « petits moyens » qui ont du sens à la marge. Ainsi, faire des exercices d’entraînement cérébral ; des exercices de logique et de raisonnement ; s’oxygéner ; dormir suffisamment ; soigner son alimentation ; faire de l’exercice physique ; Etc.

Cela permet au moins d’avoir une machine cérébrale bien huilée. Cela permet aussi de favoriser la compréhension. Or, la compréhension est une grande facilitatrice de la mémorisation et de la remémoration. Mais ce sont les stratégies de mémorisation qui font la différence. C’est un vrai sujet, pour un autre article.

Image montrant le cerveau de 2 personnes face à face, pour évoquer l'entretien, la préservation de la mémoire.

La mémoire : quoi faire pour la préserver ?

Comme je le disais plus haut, la mémoire c’est nous. C’est la base de notre identité et de notre histoire personnelle. L’améliorer c’est bien, c’est prendre soin de soi. Mais la préserver, qui s’en préoccupe ? A moins d’avoir été confronté de près à une maladie cérébrale dégénérative, il est vrai.

Quoi qu’il en soit, les « petits moyens » évoqués au chapitre précédent sont sans doute également la base de la préservation. Mais ça ne suffit pas. Il est important de se concentrer sur les stimulations cérébrales et la réserve cognitive.

Toutes les activités qui impliquent activement le cerveau sont bonnes pour cela. Même si ce ne sont pas typiquement des activités de mémorisation. En vrac citons : lire des romans, des essais, des biographies, des ouvrages techniques ; faire volontairement des activités inhabituelles ; apprendre une nouvelle langue ; pratiquer un nouveau jeu ; visiter des expositions, des musées ; aller à une conférence ; Etc.

Il est aujourd’hui démontré que changer d’habitudes, s’intéresser aux nouveautés, varier les centres d’intérêt et les apprentissages etc., cela augmente la quantité des connexions entre les neurones. Et plus les aptitudes sollicitées sont variées, plus les régions cérébrales qui en bénéficient sont nombreuses.

En quoi cela est-il important ? C’est simple, plus la masse des connexions est importante et plus vous résisterez aux maladies cérébrales dégénératives. Et, en premier lieu, à la maladie d’Alzheimer. On parle alors de réserve cognitive. Plus elle est importante, plus la résistance est forte. Les personnes à forte réserve cognitive, lorsqu’elles sont atteintes par la maladie, le sont en moyenne 5 ans plus tard que les autres. Ce n’est pas rien.

Et mine de rien, des intellectuelles stimulantes et une bonne hygiène de vie font une sacrée différence au bout du compte.

Image montrant une pile de containers maritimes, pour évoquer le stockage des informations en mémoire.

La mémoire : combien de choses peut-elle stocker ?

Dans le lot des questions sur la mémoire reçues, c’est probablement la seconde en fréquence. Vous avez tendance à vous préoccuper de la contenance de votre mémoire comme si c’était un récipient, un contenant. Et la plupart du temps, en cherchant à comparer nos capacités cérébrales de stockage à celle de nos ordinateurs, voire de l’Internet. Évidemment, ça n’a rien à voir. Aucun super ordinateur ne pourrait rivaliser, c’est dire. Mais voyons comment ça marche.

Comment stockons-nous les informations ?

Chaque nouvelle expérience, chaque nouvelle information est intégrée à la masse des informations déjà présentes en mémoire. Cependant, ce n’est pas comme des fiches supplémentaires dans un classeur. Chaque nouvelle information peut en effet modifier les précédentes. De plus, toute information nouvelle se met en réseau avec les informations apparentées.

Si votre compréhension d’une information change (par exemple le sens d’un mot) l’inscription initiale est modifiée… et conservée en même temps en temps que souvenir d’une erreur par exemple. Ce n’est pas un simple remplacement et la masse d’informations augmente. Le réseau initial du mot en sera fatalement modifié.

Tout cela se passe dans la mémoire à long terme. Cela dit, nous en avons d’autres. La mémoire à court terme, par exemple, mais elle ne conserve rien de façon définitive. C’est plutôt une gare de triage par où passent toutes les informations que nous percevons ou comprenons. Les unes iront en mémoire à long terme et les autres disparaitront.

La « vraie » mémoire est donc la mémoire à long terme. On devrait même dire les mémoires à long terme. Parmi celles-ci, vous avez la mémoire sémantique qui stocke le sens des mots. C’est la mémoire de la compréhension. La mémoire autobiographique, qui stocke tous vos souvenirs personnels, vos expériences de vie. Ou encore la mémoire procédurale qui stocke tous vos savoir-faire. Pour ne citer que les principales.

Quelle est la capacité de la mémoire à long terme ?

Il y a une douzaine d’années quelqu’un avait évalué que l’Internet mondial aurait tenu à l’aise dans une mémoire humaine…

En fait, chacun de nos 90 milliards de neurones a en moyenne plus de 10.000 connexions avec d’autres neurones. Il faut savoir qu’un souvenir est stocké dans un réseau de neurones connectés entre eux. Ajoutons que chaque neurone peut faire partie de plusieurs centaines de réseaux. Alors, combien de réseaux différents votre cerveau peut-il construire ? C’est plutôt ça la question.

Mais rien à faire, la comparaison du cerveau avec un ordinateur ressurgit régulièrement. Il s’est même trouvé plus récemment des scientifiques pour évaluer la capacité de stockage du cerveau en petaoctets. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ces évaluations sont disparates.

Il existe des évaluations en équivalence de données vidéo. Elles varient entre 100.000 et 1 million d’heures de données.  D’autres évaluations s’expriment en équivalence de données écrites. Cela s’exprime parfois en millions d’équivalent-livres. Mais, dans tous les cas, on est très loin de la quantité de données contenue dans l’Internet mondial. Lequel, il est vrai, est de plus en plus obèse chaque seconde. Alors que notre mémoire ne s’étant pas chaque seconde.

La vérité est qu’on ne connait pas vraiment la capacité de la mémoire humaine. La seule chose que l’on sait, c’est qu’elle est beaucoup trop vaste pour qu’on puisse espérer la remplir. Et lorsqu’on a le sentiment que notre mémoire « ne suit pas » c’est parce que quelque chose empêche la mémorisation (manque d’attention du à la distraction, à la dépression, au stress…). Sinon, on ne connait pas de limite à ce que vous pouvez mémoriser.

Le problème auquel vous pouvez être confronté est celui de la remémoration d’une information qui est pourtant bien stockée dans votre mémoire…

Image montrant des personnes discuter au comptoir, pour évoquer les relations sociales.

Conclusion

Ne vous inquiétez pas de votre capacité mnésique. Vous pourriez vivre plusieurs vies que vous n’en verriez pas les limites. En revanche, demandez-vous quels sont les évènements défavorables pour votre mémoire. Je vois mets sur la piste, il y en a 3 groupes.

  • Ceux qui affectent le début de la chaîne mnésique
  • Ceux qui affectent la deuxième moitié de la chaîne.
  • Et ceux qui affectent la totalité de la chaîne.

Pour comprendre cela, reportez-vous à mon infographie. Vous verrez clairement que l’information doit être clairement perçue pour être bien mémorisable. Mais que cela dépend notamment intention de mémoriser et de votre attention.

Vous verrez aussi que la seconde moitié de la chaîne est tributaire de la structure que vous donnez à l’information, aux indices de récupération que vous utilisez ou pas, à la fréquence d’utilisation de l’information.

Enfin, vous serez amené à considérer que les « petits moyens » évoqués plus haut ont de grands effets sur le fonctionnement global de votre cerveau. Et donc de la mémoire car la cognition serait inopérante sans la mémoire.

La vraie conclusion, c’est donc la mémoire en roue libre est bien moins performante que la mémoire « pilotée » si j’ose dire. J’entends par là la mémorisation consciente avec des stratégies adaptées à la nature des informations à mémoriser.

La mémoire en roue libre ne retient que le peu qui sort de l’ordinaire et met le reste aux oubliettes. La mémoire pilotée, que ce soit par stratégie volontaire ou par passion spontanée, est capable d’obtenir de bien meilleurs résultats. Ce sera l’objet d’un prochain article.

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Vos plus fréquentes questions sur la mémoire
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Vos plus fréquentes questions sur la mémoire
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Je réponds dans cet article aux questions que vous me posez le plus fréquemment sur la mémoire.
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