Le Club Memori
Pour ceux qui veulent comprendre, maintenir et améliorer leur mémoire.
Vulgarisation scientifique, méthodes, trucs et astuces pour bien mémoriser.

Introduction

Les répétitions espacées sont elles à la hauteur de leur réputation ? Très à la mode, sont-elles vraiment si efficace pour améliorer la mémorisation ? Certes, la répétition a toujours été considérée comme la pièce maîtresse du processus de mémorisation. D’ailleurs, un certain Montaigne n’écrivait-il pas déjà: « La répétition est le burin de la mémoire » ? C’est effectivement une belle référence, oui, mais est-ce vrai pour autant ?

Eh bien, nous allons vérifier. Nous allons commencer par les connaissances de base sur la question. Ensuite, nous passerons à la pratique.

A vrai dire, la réponse à cette question ne va pas de soi. Je vois dans cette affaire, comme une querelle des anciens et des modernes concernant l’apprentissage. Surtout dans le domaine scolaire, évidemment. Commençons donc par-là. Même si, bien sûr, mettre des informations en mémoire par la répétition concerne bien d’autres domaines que l’école. De toute façon, je ne vais pas vous refaire toute l’histoire de la pédagogie… Si vous voulez vraiment en savoir plus sur la question, je vous suggère cet article (un peu savant). 

Mais résumons plutôt les positions en présence.

Du côté des « anciens » : la pédagogie traditionnelle et la rétention de connaissances.

« C’est à force de répétition que les choses vous rentrent dans le crâne. Cela justifie l’apprentissage par cœur ».

Est-ce que cette méthode marche ?

Apparemment oui. Ainsi, mon grand-père paternel savait par cœur tous les départements français, leurs chefs-lieux, les préfectures et les sous-préfectures…

Il avait aussi mémorisé les tables d’opérations de 1 à 12, des tas de trucs de calcul mental… Et puis, les fleuves et leurs affluents, sans oublier les sources ce ceux-ci… Il savait par cœur les productions industrielles et agricoles des régions de France. Sans oublier les connaissance scientifiques basiques qu’on enseignait alors en primaire. Etc. Des décennies après ces apprentissages, il se les rappelait encore.

Est-ce que ça lui a beaucoup servi dans la vie ? j’ai quelques doutes là-dessus… Mais, dans tout ce qu’il a appris par cœur, il y avait tout de même bien des choses utiles, non ?

Une lutte à marche forcée contre l’oubli

Malgré tout, ça n’est pas rentré tout seul dans sa mémoire. Il lui a fallu des répétitions, des répétitions massives presque tous les jours pour savoir par cœur le lendemain. Il n’était pas question de répétitions espacées à l’époque… Et les interrogations étaient systématiques chaque matin.

On ne se demandait pas alors si et comment mémoriser ou comment apprendre facilement. Personne n’imaginait que ça pouvait être plus facile. Il était entendu d’avance que c’était un labeur, une corvée, il fallait le faire un point c’est tout. On faisait de l’apprentissage massif, ça devait passer en force.

Il n’y avait même pas de carotte pour la réussite de ce rabâchage (à part les notes…), mais il y avait des sanctions pour l’échec. Des recopiages, des retenues pendant la récréation ou le soir, des interrogations supplémentaires… Bref, il fallait tout faire pour que ça rentre de gré ou de force dans la mémoire !

Aujourd’hui, nous dirions qu’on faisait tout ce qu’on pouvait pour inverser la courbe de l’oubli

Du côté des « modernes », la nouvelle pédagogie pour apprendre à apprendre

« Il ne sert à rien de répéter comme un perroquet. Ce qu’il faut c’est comprendre. Peu importe si on ne peut pas restituer de mémoire puisqu’on pourra reconstituer la connaissance par le raisonnement ou la recherche ».

Nous sommes dans les années soixante et il n’est toujours pas question de répétitions espacées. Ni de répétition tout court d’ailleurs, donc adieu la corvée ! Pour paraphraser un proverbe chinois, il s’agit-là non pas de donner des poissons aux élèves (les connaissances) mais de leur apprendre à les pêcher (à trouver eux-mêmes les connaissances). Bonjour le plaisir de rechercher, d’apprendre comment faire, de comprendre…

Bref, il ne s’agit pas tant d’apprendre tout court mais d’apprendre à apprendre.

Est-ce que c’est efficace pour la mémoire dans la vie courante ? J’ai quelques doutes là-dessus. En milieu scolaire, déjà, on en est beaucoup revenu. Mais l’Internet ne serait-il pas le « remake » de cette « nouvelle » pédagogie ? Pas la peine d’apprendre et de faire marcher sa mémoire puisqu’on a un outil qui permet de trouver les connaissances dont on a besoin. Il suffit de savoir s’en servir.

Pour revenir aux années soixante, et malgré l’opposition des familles (qui essayaient de reconstituer à la maison la pédagogie traditionnelle pour mémoriser), les élèves ont changé de statut.

Ils sont sortis de leur état traditionnel de consommateurs passifs. Ils sont devenus actifs dans leur recherche d’informations (enquêtes, recherches à la bibliothèque etc.). On parlait d’ailleurs de « pédagogie active », un terme venu de l’Ecole Freinet. Les élèves pouvaient alors exploiter leur curiosité et faire part de leurs trouvailles au moyen (c’était nouveau) d’exposés. Et ils n’avaient pas à subir le « forçage » de leur mémoire.

Alors répétition ou pas répétition ? Quelles sont les implications pour la mémoire ?

Aujourd’hui, le balancier est un peu revenu au milieu de ces deux conceptions… Voyons ça le plus objectivement possible.

La pédagogie traditionnelle

La vertu de l’éducation traditionnelle est la mémorisation à long terme. On lit parfois que les informations acquises ainsi s’évaporent rapidement. Mais cela n’est pas forcément vrai. Tout dépend du nombre de répétitions.

Une question de seuil…

Il existe en effet un seuil en dessous duquel on n’obtient qu’une mémorisation provisoire. C’est à l’œuvre dans le bachotage de dernière minute qui joue sur un élément bien connu : l’effet de récence. Par exemple, ce que vous venez de lire est plus « frais » dans votre mémoire et plus facile à retrouver que votre lecture d’hier.

Mais, au-delà de ce seuil, la « gravure » en mémoire peut très bien devenir définitive. Il suffit d’utiliser ces connaissances mémorisées de temps à autre. C’est le cas typique des tables d’opérations arithmétiques.

Je les ai apprises par cœur. Cependant, cela doit bien faire trois décennies que, par sécurité, j’utilise une calculette… Malgré tout, si je n’en ai pas une sous la main, ma mémoire ne me fait pas défaut pour autant. Cette mémorisation est bien définitive.

…et la mémorisation devient définitive

Tout comme moi, vous avez mémorisé définitivement beaucoup de choses. Ainsi, apprendre du vocabulaire donne des résultats généralement définitifs. Avez-vous eu  besoin d’un dictionnaire pour comprendre cet article ?  Non ? Alors, comment avez-vous mémorisé définitivement le sens des mots ? Uniquement par la répétition de leur usage depuis votre petite enfance… Et cela concerne même des mots que vous n’avez pas utilisés, lus ou entendus depuis 10 ans.

Il n’y a pas de doute, la répétition massive, ça marche…

En revanche, la répétition en elle-même ne garantit pas la compréhension. Vous pouvez très bien avoir mémorisé un mot sans en connaître le sens. C’est fréquent dans l’apprentissage par cœur des poésies par exemple. J’ai a appris « si votre ramage se rapporte à votre plumage » sans cehrcher à savoir ce que voulait dire « ramage »… La répétition ne fait pas en soi appel à l’intelligence…

La pédagogie moderne

Elle met l’accent sur votre activité cognitive. Elle vous incite à apprendre à apprendre. Vous ne faites plus de la rétention passive de connaissances, vous les recherchez activement. C’est intéressant car la mémoire est un processus multicanal.

Ainsi, l’élève qui cherche des informations parcourt des livres, encyclopédies ou dictionnaires. Il interroge des gens, communique avec ses camarades, compare, met en forme, rédige un texte, un exposé, il en parle en famille. Il restitue oralement ses trouvailles en classe…

Ce faisant, il mobilise différents types de mémoire et différents canaux d’entrée en mémoire. Citons : mémoire sémantique (activée par la compréhension), mémoires motrices (activées par les recherches, les déplacements, la prononciation et les gestes effectués en parlant du sujet), les canaux visuel (ce qui a été vu ou lu), auditif (ce qui a été dit ou entendu) ou relationnel (les échanges avec les autres). Etc.

Or, une mémorisation utilisant plusieurs types de mémoire ou plusieurs canaux d’entrée est bien meilleure. Et, comme chaque canal d’entrée est aussi un canal de restitution, le rappel est facilité. L’information est plus riche et la mémoire est plus efficace. Mais est-ce vrai sur le très long terme ?

Ce n’est pas sûr. Ici, en effet, pas de « par cœur », donc pas de « burin ». La mémorisation est meilleure, peut-être, mais sous réserve d’une vraie curiosité pour le sujet. En effet, quand vous êtes en attente d’une information destinée à satisfaire votre curiosité, vous la mémorisez beaucoup mieux.

Sinon, votre mémorisation sera plus intelligente, plus riche, mais ne tiendra pas longtemps. C’est votre motivation, issue de l’intérêt que vous portez au sujet, qui garantit le passage en mémoire à long terme… ou pas !

Le bilan

Quand mon grand-père apprenait les chefs-lieux, ça ne l’intéressait probablement pas. Pourtant, la répétition jusqu’à plus soif a très bien marché. Et, quand bien même, il n’aurait pas compris ce qu’est un chef-lieu de département (vous le savez, vous ?) il les aurait connus par cœur tout de même !

L’efficacité de la répétition réside donc uniquement dans le nombre et la fréquence des répétitions. Elle n’a pas besoin de la compréhension pour être efficace. Seulement, quel est l’intérêt de mémoriser quand on ne comprend pas ?

En revanche, l’intérêt de la compréhension est qu’elle active presque obligatoirement plusieurs types de mémoire et plusieurs canaux. Cette mémorisation intelligente est cependant très sélective. Elle ne peut tenir sur le long terme qu’en cas de fort intérêt de votre part.

L’impression qui domine finalement, quand on a dit ça, c’est que la pédagogie traditionnelle marche sur la jambe gauche et la pédagogie moderne sur la jambe droite. Ou inversement…

Et si vous marchiez sur les deux jambes ?

Est-il possible de marier intelligemment ces deux conceptions pour qu’elles se boostent l’une l’autre ? Sans doute. Il faut simplement se faire alors à l’idée que la meilleure mémorisation se fait lorsqu’on a compris ET que l’on répète, que l’on « révise » ce que l’on a compris. Mais pas de manière massive. Les répétitions espacées sont de rigueur. Mais comment ?

Certes, je parle de révision en relation avec le domaine scolaire ou universitaire. Mais c’est valable dans d’autres domaines. La répétition y prendra simplement d’autres formes. Par exemple relire, réobserver, redire, ou encore refaire les mêmes gestes etc…

Toutefois, pour simplifier, je vous propose de voir comment maximiser la mémorisation dans le cadre des études. Pour les autres domaines, vous adapterez.

Les répétitions espacées selon Ebbinghaus.

Nous savons depuis Ebbinghaus que la mémorisation s’améliore avec le nombre des répétitions. Et que, inversement, l’oubli recule avec ce nombre.  Ebbinghaus (un philosophe allemand) était passionné par l’apprentissage. Bien que philosophe, c’est lui qui a inventé la psychologie expérimentale. Si vous voulez plus de détails, c’est ci-dessous.

Vous trouverez dans cet article tout ce qu’il y a à savoir sur cette fameuse courbe qu’Ebbinghaus n’a d’ailleurs jamais tracée. Et comment fonctionnent les répétitions…

 Toutes les expériences récentes ont validé ses découvertes, publiées en 1885.

C’est aussi Ebbinghaus qui a découvert le pouvoir des répétitions espacées. On présente souvent cela comme un progrès récent, mais ce n’est pas le cas. La « méthode des J », ou « des intervalles » comme on l’appelle aussi parfois, a en fait plus de cent trente ans ! D’ailleurs, voici l’expérience initiale d’Ebbinghaus, celle qui lui a fait découvrir l’efficacité des répétitions espacées.

Les travaux d’Hercule façon Ebbinghaus

Il avait fait des milliers de listes de logatomes ou de paralogues… C’est-à-dire de syllabes prononçables constituées de 3 ou 4 lettres et la plupart du temps sans signification. Il les a toutes apprises par cœur pour les besoins de sa recherche qui a duré trois ans… Je ne pourrais pas vous dire si, au terme de l’aventure, il se rappelait encore les premières…

En tout cas, ce jour-là il choisit une longue liste. Il la répète jusqu’à la savoir par cœur. Il lui faut 68 répétitions. On est alors dans le droit fil de l’apprentissage massif.

C’est alors qu’il a une idée incongrue : espacer les répétitions. Une vraie révolution à cette époque d’apprentissage massif.

Il prend une autre liste de même longueur et ne la répète que 18 fois. Evidemment, c’est insuffisant pour la savoir par cœur. Mais il récidive 12 fois le lendemain. Encore insuffisant. Puis 8 fois le surlendemain et, cette fois, il peut réciter sa liste en entier 2 fois de suite sans erreur. Au total, il ne lui aura fallu que 38 répétitions au lieu de 68 pour la liste précédente. Soit 44% de répétition en moins pour un résultat identique.

Le principe des répétitions espacées était né.

Toutes les expériences faites depuis Ebbinghaus montrent que l’apprentissage distribué (c’est son nom scientifique) est plus efficace et moins coûteux en énergie que l’apprentissage massif (ça, c’est le nom scientifique quand vous bourrinez comme un malade…).

La répétition intelligente selon… moi

Rigueur scientifique mais intérêt pratique limité

L’intérêt de ces expériences c’est de démontrer que les répétitions espacées sont efficaces sans faire appel à la compréhension. Car Ebbinghaus utilisait justement des logatomes pour éviter le biais dus à la compréhension ! Celle-ci, en effet, diminuait le nombre des répétitions nécessaires sans qu’on puisse mesurer avec précision son effet. Il fallait donc l’éliminer !

Cela dit, dans la vie courante vous n’avez jamais des listes de logatomes à mémoriser… Ces expériences ont permis de comprendre le rôle de la répétition. Toutefois, mémoriser un cours de 100 pages n’a pas grand-chose à voir avec la mémorisation de 100 logatomes sans signification…

La compréhension un biais ? Pour l’expérience oui. Mais pas pour vos études ! Cumuler l’effet de la compréhension et de la répétition est au contraire la meilleure chose à faire. Indéniablement, pour doper la mémoire, ça marche.

Moins de rigueur mais plus d’intérêt pratique

Toutefois, il n’y a pas de loi permettant de dire exactement combien de répétitions espacées successives sont nécessaires (on s’accorde juste sur un minimum de six). Ni quel intervalle de temps entre deux répétitions est le meilleur.

En fait cela dépend de la nature des informations à mémoriser. Par exemple, les images demandent moins de sessions pour être retenues en mémoire que les concepts. Ceux-ci en demandent moins que les mots compliqués et n’évoquant pas d’image…

De plus, cela dépend aussi de vous. Si vous êtes passionnés par un sujet, il vous faudra moins de répétitions que si le sujet vous ennuie. Dans ce dernier cas, il est d’ailleurs probable que les répétitions devront être également moins espacées… C’est pourquoi, lorsque vous n’avez pas envie de vous attaquer à quelque chose… c‘est par là qu’il faut commencer et y revenir souvent !

Toutefois, quand on vous dit de répéter une heure après, puis un jour, puis une semaine, puis un mois après… cela n’a pas de base scientifique. La méthode des J+1, J+7, J+14, J+30, J+60 etc. non plus. De plus, elles font toutes une erreur considérable, qui est de placer la première répétition bien trop tard. Car celle-ci doit prendre place si possible dans les premières minutes qui suivent la première acquisition de l’information.

Ça, Ebbinghaus n’avait pas pu s’en rendre compte étant donné qu’il faisait 18 répétitions à la file dès le premier jour… Mais c’est bien ainsi que ça se passe.

Les répétitions espacées, est-ce vraiment viable ?

Sachez déjà que moins de 5 répétitions, ce n’est pas recommandé. Sur l’année, cela fait donc beaucoup de travail. En effet, ce sont des cours entiers que vous devez mémoriser. On est loin des logatomes qu’on peut se permettre de répéter 18 fois.

Et là vous avez une sérieux problème !

Car réviser vraiment (de façon active) un cours d’une heure demande quasiment une heure en moyenne. Il s’ensuit que si vous avez 20 heures de cours par semaine, il faudra y rajouter 20 heures de révision dès J+7 Normal.

Mais ce n’est pas tout.

Les répétitions espacées vont vous piéger.

Si vous avez opté pour les J +1 +7 +14+ 30 + 60, au bout de quelques mois vos journées seront trop chargés. En effet, vous vous retrouverez chaque jour avec le cumul suivant : les cours du jour + les révisions de la veille + la révision des cours d’il y a une semaine + la révision d’il y a 14 jours + la révision d’il y a un mois + celle des cours d’il y a 60 jours…

Faites le calcul. A supposer que la révision soit de même durée que le cours et si vous avez en moyenne 4 heures de cours par jour… cela vous ferait une journée de 6 fois 4 heures, soit 24 heures de travail ! Et puis, comment ferez-vous la répétition à 60 jours pour un cours qui aura lieu 3 semaines avant la date de l’examen ?

Conclusion : les beaux parleurs qui vous conseillent les répétitions espacées pour vos cours ne les ont jamais expérimentées eux-mêmes !

Sinon, ils auraient vite vu où ça pêche. Pourtant, le principe est bon. Alors ? Alors je préconise les répétitions espacées intelligentes…

Les répétitions espacées intelligentes, la vraie solution pour votre mémoire.

Attention, scoop ! Pour la première fois, vous allez obtenir une méthode de répétitions espacées que vous pourrez appliquer à tous vos cours sans devenir un vrai zombie…

Le secret des répétitions espacées façon Méthode Memori tient en 3 points.

  1. Faire faire le plan et le résumé des cours et n’appliquer les répétitions espacées qu’au plan et au résumé.
  2. Ne faire que la moitié des résumés vous-mêmes.
  3. Lire de temps en temps le cours complet sans forcer, sans même chercher à mémoriser.

J’ai expérimenté ça dans mes études et ça a très bien marché pour moi, merci. Alors, pourquoi pas pour vous ? Et c’est justifié scientifiquement.

Point 1: résumer

Résumer un cours est un excellent moyen de faire un premier enregistrement en mémoire. Car résumer implique de comprendre et de dégager l’essentiel. Or, c’est l’essentiel qu’il faut savoir, c’est l’ossature sur laquelle se greffe tout le reste.

Et quand on parle d’ossature, on parle d’un plan. Relevez le plan. La plupart du temps, pour un cours d’une heure, vous verrez qu’il y a entre deux et quatre parties. Si le prof ne l’a pas déjà fait, donnez-leur des titres et des sous-titres.

Et c’est tout. Dorénavant, vos répétitions espacées ne concerneront plus que le plan et vos résumés. Ça change tout ! Un bon résumé représente en général entre 10 % et 25 % de la masse initiale. Cela dépend de la matière. En termes de temps de révision, ça fait une sacrée différence.

Maintenant, vous pouvez utiliser les répétitions espacées sans craindre l’embolie ! Un petit détail : faites votre première répétition (quelques lectures successives) juste après avoir terminé votre résumé. C’est important. Toutes les études montrent que plus tôt vous faites la répétition et meilleur sera le rappel.

Point 2: travailler en binôme

Travailler en binôme n’est pas obligatoire mais ça aide et vous fait gagner du temps. L’idéal est de trouver quelqu’un qui prends des notes aussi bien que vous. En comparant vos prises de notes vous corrigerez certaines erreurs et vous rattraperez vos oublis de notation.

Egalement, il vaudrait mieux que vous ayez le même sens de l’élagage. Il ne faut pas hésiter à élaguer, à simplifier. Dans certains cas, un cours d’une heure peut se résumer oralement en 5 minutes. Dans d’autres, vous ne pourrez pratiquement pas résumer : une démonstration mathématique, par exemple. Encore que…

Si vous avez le même sens du résumé, et si votre emploi du temps est très chargé (je pense notamment à la PACES) partagez-vous le travail. Faites chacun la moitié des résumés. Il y a bien un inconvénient : quand vous ne résumez pas vous-même, vous perdez le bénéfice de l’activité cognitive que cela implique. Ce bénéfice, c’est la meilleure qualité de la première mise en mémoire. Mais, si vous êtes vraiment trop court en temps, cette solution est valable.

Point 3: relire les cours sans forcer…

Relire sans forcer, sans même chercher à mémoriser. Mais oui… Lisez ça comme vous liriez un article de magazine qui vous intéresse. Faites juste attention à ne pas lire trop vite, comme pour vous en débarrasser. Il est important que vous compreniez ce que vous (re)lisez.. C’est par ce biais que cela va se lier solidement à votre résumé

Quant à vos répétitions, elles sont réservées à l’essentiel: l’ossature (le plan) et le résumé. L’expérience démontre que des deux éléments fonctionnent comme des indices de récupération. Un indice de récupération, c’est un… indice… bien mémorisé et associé à d’autres informations qui peuvent l’être moins.

Exemple: vous ne savez pas exactement l’adresse de telle personne mais vous savez y aller en tournant à droite après la boulangerie. La boulangerie est un indice de récupération. Quand vous faites un résumé, élaguer. Et transformez le moins possible le texte que vous conservez. Bien souvent, une phrase ou un morceau de phrase repris tel quel suffit à résumer un paragraphe. Cette phrase vous fera retrouver quasi automatiquement le contenu du paragraphe.

Aucune inquiétude à avoir sur le sujet. Ça peut vous paraître contre intuitif mais ça marche très bien. Faites confiances à votre mémoire et au répétitions espacées de votre résumé.

Pour plus de détails sur la mémorisation d’un cours vous pouvez consulter aussi l’article ci-dessous.

Note: dans cet article d’il y a deux ans je ne parlais pas explicitement de « répétitions espacées » mais c’était sous-entendu… Depuis l’Université, je n’en ai jamais pratiqué d’autres.

Améliorez encore l’efficacité des répétitions espacées !

La méthode n’est pas exclusive. Elle peut très bien en accueillir d’autres en son sein.

La méthode QR

C’est une excellente méthode pour mémoriser plus facilement. Elle se fonde sur le fait que quand vous attendez une réponse, vous la mémorisez mieux que si elle se présente sans être attendue. C’est prouvé en laboratoire. Cependant, pour attendre une réponse, encore faut-il d’abord que vous vous posiez une question…

Avertissement : n’intégrez cette méthode que pour ce qui vous demande beaucoup de répétitions et « rentre » assez mal… Sinon, gare à l’inflation !

Relisez ce qui vous résiste. Pas trop vite, soyez sûr de comprendre. Rappelez-vous qu’en général vous avez une idée par paragraphe. Demandez-vous, à chaque paragraphe que vous ne « sentez » pas bien, à quelle question ce paragraphe est-il une réponse ? Notez la question.

Logiquement, la réponse à la question, c’est… votre résumé. Rédigez-le. Reprenez le cours de votre travail d’élagage. Quand ça « coince » notez la question qui devraient avoir pour réponse ce que vous venez de lire… que vous résumez alors. Etc. 

Au bout d’une heure (ou toutes les heures si vous êtes en travail intensif) reprenez les questions (si il y en a, rappelez-vous que c’est réservé aux cas difficiles). Reprenez-les dans l’ordre et répondez.

Ce faisant, vous allez extraire de votre mémoire ce que vous venez de lire. Cette opération « rallume » les circuits neuronaux utilisés lors de la compréhension et vaut bien 2 ou 3 répétitions. Vous allez constater que votre réponse se limitera rarement à votre résumé…

Si votre binôme fait la même chose, interrogez-vous mutuellement. Sans attendre la veille de l’examen… Au contraire ce serait plutôt à faire tous les mois par exemple. C’est un excellent complément aux répétitions espacées stricto sensu.

J’ai développé la méthode en détail dans cet article, sur la préparation des examens.

Les « flash cards »

Voilà un nom bien pédant pour un truc tout simple. Quand j’étais au collège on utilisait déjà couramment ce procédé qui, à l’époque, ne portait aucun nom…

D’abord, vous prenez une fiche quadrillée (ou pas) …  Au recto, vous notez une question. Au verso, vous notez la réponse. Et voilà. Cela ressemble apparemment à la méthode QR. Mais l’essence n’est pas la même.

En fait, les flash cards ont plutôt été faites pour des questions aux réponses ultra simples. Date de la bataille de Marignan : « 1515 ». Formule de la surface d’un triangle : « (B x h) : 2 ». Successeur de Napoléon II : « Louis XVIII ». Etc…

Vous trouverez même dans le commerce des flash cards toutes faites sur différents sujets, y compris la culture générale. Vous pouvez en faire un jeu de société.

Ces cartes sont particulièrement adaptées pour apprendre du vocabulaire. Si vous apprenez le vocabulaire anglais (ou autre) vous mettez un mot au recto et au verso… Mais non, pas la traduction ! Surtout pas ! Au verso, insérez plutôt ce mot dans une phrase anglaise dont vous connaissez déjà tous les autres mots. De sorte que le sens du mot cible résulte du contexte. Faites-moi confiance : question efficacité, il n’y aura pas photo.

Attention, ne faites pas des flash cards pour tout. Sinon, vous allez crouler sous les fiches… En dehors du vocabulaire, les flash cards sont intéressantes pour les points que vous avez du mal à mémoriser lorsque la réponse ne demande pas de développement.

Dans tous les cas, elles vivront leur vie parallèlement à vos répétitions espacées. C’est un système parallèle.

Les boites de Leitner

C’est un journaliste allemand du même nom qui a eu cette idée: faire des répétitions espacées matérialisées par des boites.

Pour comprendre le système, prenez 6 boites et déterminez un intervalle de temps pour vous en occuper. Supposons que vous utilisiez la méthode des J. Chaque fois que vous faites une flash card vous la mettez dans la boite n°1. Qu’il n’y en ait qu’une ou une douzaine. Quoi qu’il en soit, mettez vos cartes dans la boite n°1 pendant une semaine environ avant de proclamer le jour J…

Le jour J vous prenez les fiches une par une, vous lisez la question, vous vous donnez mentalement la réponse et vous vérifiez au verso si c’est bon. Si oui, vous mettez les fiches dans la boite n°2. Si vous ne connaissez plus la réponse, vous remettez ces fiches dans la boite 1.

Les 6 jours suivants (ou 5 si vous excluez le dimanche…), vous ne vous occupez que de la boite n°1. Vous l’approvisionnez tous les jours avec vos nouvelles fiches.

Au jour J+7 vous commencez par la boite n°2. Si vous connaissez toujours les réponses vous mettez les fiches dans la boite n°3. Si vous ne les connaissez plus, retour à la case départ (boite n°1) ! Ensuite, vous attaquez le contenu restant de cette boite comme au jour J.

Au jour J+14 vous commencez par la boite n°3. Les fiches dont vous connaissez la réponse passent en boite n°4. Les autres retournent en boite n°1. Ensuite, vous vous occupez de la boite n°2, puis de la boite n°1.

Même chose à J +30 et à J+60, en commençant respectivement par la boite n°4 et la boite n°5. Vous avez compris le principe. A J+60, les fiches « victorieuses » iront dans la boite n°6 qui sera révisée à J+120… Vous pouvez aussi avoir une boite n°7 pour J+ 180 ou plus…

Limites de la méthode des flash cards et des boites de Leitner

C’est pareil que pour les répétitions espacées classiques. Au fil du temps, vous allez accumuler beaucoup de fiches. Et puis, les cartes introduites en fin d’année ne pourront pas être révisées aussi souvent que celle du début de l’année…

La méthode est pourtant encensée dans beaucoup de sites Internet. Mais tous restent assez vagues sur le processus journalier. Ils reproduisent un schéma issu d’un site anglophone et vous laisse vous débrouiller avec les détails. Visiblement ils n’ont pas testé ce qu’ils recommandent. J’ai l’impression d’être le seul à vous expliquer le processus et les limites du système…

Les connaissant, je ne conseille pas d’utiliser les flash cards et les boites de Leitner pour tout. Ce second système de répétition ne doit pas reprendre les mêmes contenus de façon fragmentée.. Il vaut mieux choisir l’un ou l’autre.

L’idéal, selon moi, est de limiter ce second système aux domaines dans lesquels il excelle. C’est à dire au vocabulaire, aux données rétives au résumé mais courtes (théorèmes, formules de math ou de chimie par exemple) et les choses que vous avez beaucoup de mal à mémoriser. Typiquement celles qui vous résistent encore malgré la méthode QR, mais seulement si elles peuvent être notées sur une petite fiche…

Disons, pour fixer les idées, qu’il vaudrait mieux ne pas dépasser 1000 fiches. Cela peut vous paraître déjà beaucoup. En fait, pour ne pas dépasser ce nombre, il faudra pourtant vous limiter à 3 fiches par jour… Rien qu’avec le vocabulaire d’une langue étrangère, vous risquez de le faire exploser… Donc, limitez-vous.

Maintenant, supposons que vous puissiez vérifier disons 4 à 5 fiches par minute. Le dernier jour, la vérification complète de 1000 fiches vous prendra 4 heures si elles se trouvent toutes dans la dernière boite. C’est encore jouable.

Comment mettre en oeuvre les répétitions espacées ?

Vous êtes un peu perdu(e) ? C’est normal parce que tout ça est un poil rigoureux à organiser. Je vous propose ci-dessous une possibilité d’organisation. Rappel : le principe des répétitions espacées est excellent mais chronophage. Ne l’appliquez qu’à des résumés. Notez bien qu’avant un examen, vous devrez envisager des répétions plus fréquentes pour les derniers arrivés qui ne connaîtront jamais J+30, J+60 etc.

1- Faites vos résumés

Faites vos résumés sans attendre, au plus près des cours, le jour même. Et relisez ces résumés au fur et à mesure. Il peut être intéressant de prendre des notes dans un cahier sur la page de droite uniquement. Et de noter les résumés sur la page de gauche. Pour ne pas oublier les dates de répétitions, vous avez intérêt à y consacrer un agenda spécial. Tous les jours, notez-y aux bonnes dates les cours dont vous devrez revoir les résumés. Préciser le « millésime » de chaque répétition (J+1, J+7 etc.).

2- Utilisez la méthode QR

Utilisez-là pour tout ce qui vous résiste. Par exemple, ce qui a eu du mal à rejoindre la boite n°3 et repart en boite n°1…

3- Adoptez les boites de Leitner

Adoptez-les pour le vocabulaire (vous ne trouverez pas mieux) et les notions que vous trouvez adaptées au système. A priori, n’y mettez pas ce qui fait déjà l’objet de vos révisions espacées. La seule exception est au point 5. Déterminez le jour J des flash cards en décalage par rapport au jour J de vos répétitions espacées classiques. Ceci pour étaler votre charge de travail.

4- Relisez vos cours sans forcer.

Une fois par mois relisez-les tranquillement. Soyez conscient du fait que, si vos premiers cours ont commencé en début de mois, les grosses révisions (J+30, J+60, J+120…) tomberont aussi en début de mois. Donc, programmez la première relecture des cours au bout de 15 jours seulement et faites les suivantes au milieu de chaque mois. Ne cherchez pas à mémoriser. Lisez simplement comme vous pourriez lire une revue pour vous informer.(explications plus bas).

5- Occupez-vous de vos échecs

Arrivé au 3e mois, faites des fiches avec les notions restées sans succès à J+60 de la méthode QR. Au revers de chaque fiche, inscrivez la question dont l’autre côté est la réponse. Mettez ces fiches dans la boite n°1, avec celles qui s’y trouvent déjà. Laissez ces notions récalcitrantes dans la file des répétitions espacées classiques, dans votre agenda. C’est une exception à la recommandation de traiter les informations à mémoriser dans un seul système. On doublonne uniquement parce que vous êtes rétif à leur mémorisation…

Conclusion

Vous remarquerez qu’avec cette méthode vous ne ferez pas de révision d’ensemble en fin d’année. Vous n’en aurez absolument pas besoin. Les répétitions espacées vous ont fait réviser pendant toute l’année au fil de l’eau. Tout le travail sera déjà fait en amont. Tout ira bien…

Il me reste juste à vous souhaiter bonne réussite. Je n’ai aucun doute sur celle-ci. Allez, salut !

« Hé… ho ! Partez pas comme ça ! »

Comment ça ?

« Ben, vous conseillez de relire régulièrement les cours, sans chercher à mémoriser. ça craint un peu non ? »

Mais non. Votre réaction est typique des tenants de la pédagogie à l’ancienne. L’apprentissage massif c’est terminé ! Vive l’apprentissage distribué intelligent et les répétitions espacées intelligentes ! Ça marche beaucoup mieux.

« Ben, j’ai du mal à croire ça quand même ».

Parce que vous ne l’avez jamais fait. Vous ne l’avez pas expérimenté, vous n’avez pas le retour d’expérience. Alors, vous manquez de confiance en vous. Si vous êtes si inquiet, restez prudent, tester ça sur une seule matière.

« Une matière dans laquelle je suis bon, alors ».

Mais non, au contraire. Si vous êtes bon, vous avez à peine besoin des répétitions espacées, voyons ! Faites-le au contraire pour une matière qui vous sort par les yeux. Si déjà vous n’y arrivez pas, vous ne prenez qu’un seul risque: faire mieux. Alors…

« Bon, ben… je vais peut-être essayer… »

(soupirs de l’auteur… ). Essayer, essayer… peut-être… à la Saint Glinglin sans doute…

« Comment ? »

Heu, non rien… je me parlais à moi-même… Bonne soirée.