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Le « palais mental », une déclinaison de la méthode des lieux
(article mis à jour le 17 mai 2021).
C’est vrai, un « palais mental » (on dit aussi « palais de mémoire ») permet de retenir à peu près tous ce que vous voulez. C’est une variante de la méthode des lieux (on dit aussi méthode des loci). Cicéron, célèbre avocat romain, le pratiquait couramment pour ses discours et plaidoiries.
J’ai déjà effleuré cette question, plusieurs fois, dans ce blog. Vous avez certainement remarqué que j’y ai souvent mis des bémols. En effet, je sais que la plupart des gens n’a pas le courage de se constituer un palais mental pour mémoriser. C’est pourquoi je vous ai proposé des méthodes dérivées, simplifiées.
Pourtant, il ne faut pas tant de courage que ça pour se constituer un palais de mémoire. Le présent article s’adresse donc à ceux et celles d’entre vous qui sont assez motivés pour passer leur prochain weekend à se constituer leur palais…
Bon, vous pouvez lire aussi même si ce n’est pas votre cas… Vous saurez au moins ensuite de quoi il s’agit vraiment. Et vous pourrez constater que ce n’est pas si difficile. Il faut juste un peu de temps pour s’y mettre, c’est tout.
En d’autres termes, il faut prendre le temps de le faire mais c’est assez facile à faire. Donc mettez-vous à le faire quand vous avez du temps: vacances ou weekend-end.
Le palais mental, pour quoi faire ?
C’est le moyen le plus efficace, le plus puissant, pour retenir un nombre incalculable de choses. Tellement, même, qu’on n’en voit pas les limites. Quiconque qui utilise cette technique parait alors doté d’une mémoire ahurissante.
C’est d’ailleurs pour cela que le palais mental se prête excellemment bien au spectacle. Tous les mnémonistes « pro » l’utilisent régulièrement. Certains se constituent même plusieurs palais de mémoire, chacun étant spécialisé dans une thématique particulière.
Vous ne faites pas de spectacle ? Aucun souci… Les premiers utilisateurs n’étaient d’ailleurs pas des gens de spectacle. Encore que… C’étaient des orateurs, des avocats, des hommes politiques, alors…
Mais, quelle que soit votre activité, vous pourrez utiliser votre palais mental pour des tas de choses différentes. Que vous soyez étudiant ou professeur, pour retenir un cours particulièrement copieux. Si vous devez dérouler oralement un argumentaire de vente sans rien omettre, ça marche aussi.
Si vous faites une conférence, évidemment, le palais mental vous permet aussi de mémoriser tous les points à traiter, et dans le bon ordre. Le palais marche aussi bien pour un exposé, un speech, la liste de vos courses, une plaidoirie complexe, l’organisation de votre journée et que sais-je encore ? Il est utilisable pour les études de médecine, notamment en PACES.
Malgré tout, utiliser cette méthode pour mémoriser une liste de courses, c’est un peu comme louer tout le parc du château de Versailles juste pour aller faire un barbecue… c’est surdimensionné ! D’un autre côté, si vous on vous loue tout le château pour 10 € pourquoi vous en priver ? Qui peut le plus peut le moins. Pour celui qui a déjà un palais mental, c’est un peu ça. Quand vous l’avez à votre disposition, vous pouvez vous en servir pour n’importe quoi. Même pour de petites mémorisation.
Le palais mental, au fait, c’est quoi ?
Ah oui, au fait… Eh bien, c’est un… palais ! C’est un palais réel ou imaginaire, dont vous connaissez par cœur la disposition des pièces et la disposition du mobilier dans chacune d’elles. C’est tout. Il faut « juste » connaître votre palais à fond, de manière automatique.
Par exemple vous devez savoir que la troisième pièce à gauche dans le deuxième couloir à droite est un petit salon. Et qu’en entrant, vous avez à gauche une console surmontée d’un miroir, puis un meuble d’angle sur lequel trône une potiche chinoise. Sur le mur suivant il y a une bibliothèque vitrée, une cheminée munie d’une parure composée d’un vase, d’une pendule et d’un autre vase etc… C’est juste un exemple.
Sachant que certains palais ont plusieurs centaines de pièces, ça vous donne une idée de ce que certains peuvent faire.. Mais rien ne vous empêche de vous contenter d’un petit palais de mémoire…
La méthode de la chambre, que vous devez maîtriser très facilement si vous avez mis en application mon article sur le sujet, n’est rien d’autre qu’un morceau de palais mental. Si, par la suite, vous rajouter progressivement le salon, la salle à) manger, la cuisine, la salle de bain et une autre chambre, vous avez déjà un mini palais…
Finalement, votre maison ou votre appartement est donc déjà un petit palais mental. Et vous avez, grâce à lui, déjà mis dedans, en mémoire, un stock incroyable d’informations. Vous ne vous en rendez pas compte mais c’est pourtant vrai. Nous allons le vérifier sans attendre… Pour commencer parlons un peu de votre mémoire spatiale…
Votre mémoire spatiale est excellente
Si je vous le demande, vous saurez parfaitement me dire (par exemple, évidemment, je ne suis pas allé chez vous…) :
ce qu’il y a au-dessus de votre lit : une peinture d’Untel.
ce qui se trouve à coté : une table de nuit
ce qu’il y a dans le tiroir de la table de nuit : votre étui à lunette
ce qui se trouve dans l’angle de la pièce : un secrétaire à abattant.
ce qui se trouve derrière l’abattant : votre nécessaire à écrire
ce qui se trouve à droite du secrétaire : votre valet de nuit
à droite du valet de nuit une coiffeuse
ce qui se trouve sur la coiffeuse : brosses, peigne etc.
encore plus à droite : la porte de la salle de bains
Etc…
Qu’est-ce que cela prouve ? Eh bien, tout d’abord que vous avez une bonne mémoire des lieux, de la disposition des meubles et de leurs contenus. Moi aussi, merci. La raison en est que nous avons des neurones spécialisés qui nous fabriquent des cartes mentales.
Vous avez sûrement déjà entendu parler des cartes mentales et du mind mapping ? Il s’agit là, bien sûr, de cartes que vous fabriquez vous–même pour noter et mémoriser des choses. Vous les faites consciemment.
Mais figurez-vous que votre cerveau fabrique lui aussi des cartes mentales, sans que vous en ayez conscience. Ces cartes concernent toutefois exclusivement des lieux. Les agents qui « dessinent » ces cartes neuronales sont appelés cellules de lieu et cellules de grille. Et c’est très efficace.
La mémoire spatiale, comment ça marche ?
« Les cellules de lieu travaillent collectivement et forment une représentation cognitive d’un emplacement spécifique dans l’espace ». C’est Wikipedia qui le dit. En d’autres termes, ils fabriquent une sorte d’image de l’endroit et de son contenu.
Les cellules de grille vous permettent, elles, de vous situer dans l’espace sur une carte neuronale. La « grille » n’est, toutefois, pas similaire au quadrillage de nos cartes routières. En fait, le « quadrillage » en question est ici, si j’ose dire, triangulaire.
Imaginez une carte « quadrillée » par des triangles équilatéraux. Vous remarquerez que 6 triangles équilatéraux qui se touchent par un côté forment un hexagone. On a donc finalement l’impression d’une carte « quadrillée » par des hexagones. Ceux-ci, ou les triangles qui les composent, forment une sorte d’équivalent de maillage GPS.
En conclusion, si vous percevez quelque chose quelque part, votre cerveau le met en mémoire en lien avec le lieu où cela s’est produit. En équivalence GPS, on appellerait ça un point d’intérêt. Vous avez à la fois les coordonnées et le contenu, liés ensemble.
C’est ce qu’il se passe quand vous me dites que votre étui à lunettes se trouve dans le tiroir de la table de nuit qui se trouve à côté de votre lit. Vous avez en mémoire une carte neuronale de votre chambre, de l’emplacement des meubles ou autre et des contenus. Les emplacements sont définis et leur contenu avec.
Pourquoi votre cerveau dresse-t-il des cartes des lieux qu’il connait en utilisant un « quadrillage triangulaire » ? Mystère et boules de gomme ! Pour le moment. Laissons les scientifiques travailler là-dessus et contentons-nous humblement d’enregistrer cette information.
Votre appartement est déjà un palais de mémoire
Vous connaissez votre appartement sur le bout des doigts. Vous avez où sont les meubles et vous savez ce que vous avez mis dedans. Vous connaissez aussi les éléments remarquables tels que cheminée, tableau au mur, porte-fenêtre etc.
Vous avez des cartes neuronales de toutes vos pièces. Ces cartes neuronales sont de plus doublées par la représentation imagée que vous avez des lieux et de leur contenu. Si vous fermez les yeux (et parfois même, en gardant les yeux ouverts…), vous pouvez « voir » en esprit votre salon, votre chambre, votre cuisine etc.
Cette association carte neuronale + image est quasiment symbiotique, automatique et d’une très grande puissance.
Si vous me lisez déjà, vous connaissez la très grande puissance des images pour la mémorisation et le rappel. Celles-ci, associées à vos cartes neuronales, forment un système extrêmement solide, favorisant grandement la mémorisation et le rappel.
C’est bien pourquoi vous pouvez me dire de mémoire comment est agencé votre salon, où se trouve votre dentifrice, ce qui se trouve dans le deuxième tiroir du chiffonnier, où sont vos factures, quel est le contenu du tiroir en bas à droite dans le frigo et où est rangé le cirage. Etc.
Et, vous le voyez, ça marche à double sens. Vous savez mémorisé aussi bien où se trouve votre étui à lunettes que ce qui est rangé dans le tiroir de votre table de nuit. C’est un système de mémoire à double entrée.
Dans un article précédent, je présentais la méthode de la chambre comme un dérivé très simple de la méthode des loci. En fait c’est probablement le contraire. Le palais mental, c’est plutôt la même chose que la chambre, mais en multipliant le nombre des pièces…
Le palais mental, ça marche donc comme votre appartement, mais en plus grand.
Ce qui compte, du point de vue de la mémoire, c’est que votre habitation n’est rien d’autre qu’un petit palais mental. L’invention du palais de mémoire ne devrait pas vous surprendre. On a toujours tendance à faire plus, mieux, plus grand etc…
Quoi qu’il en soit, ces méthodes sont calquées sur un fonctionnement naturel de la mémoire. La mémoire des lieux et la mémoire des images sont très puissantes et se potentialisent l‘une l’autre. La seule différence, c’est que votre habitation est matériellement réelle. Alors que votre palais est inventé de toutes pièces.
Mais est-ce que cela fait une différence pour votre cerveau ? La réponse va vous étonner : non ! En fait, votre habitation n’est pas dans votre cerveau. Ce qui s’y trouve c’est une représentation. Ou plus exactement une quantité de représentations « contenues » dans les triangles gérés par les cellules de grille.
Alors, si vous vous inventez un palais de mémoire, que va-t-il se passer ? C’est simple, vos allez vous fabriquer… des représentations situées dans les triangles gérés par les cellules de grille ! Sur la plan cérébral, aucune différence…
Une petite différence quand même…
Enfin si, il y en a une…
D’abord, vos représentations de votre maison sont liées à votre mémoire épisodique. Cette mémoire concerne tous les événements de votre vie. Ces éléments mémorisés sont porteurs de ce l’on appelle une conscience auto-noétique.
Cela signifie que vous avez conscience que le souvenir est accompagné d’une forte conviction que c’est bien le vôtre, qu’il s’agit bien d’un épisode que vous avez réellement vécu en personne. Vous vous souvenez de la place Saint Marc pour avoir été présent dans ce lieu. Cela n’a rien à voir avec le souvenir que vous pourriez conserver des photos vues dans un guide touristique.
C’est comme si les premiers étaient « tagués » #souvenirdemavieperso… contrairement à tous les autres.
A priori, vos souvenirs d’un palais mental inventé ne seront donc pas tagués de cette manière et pourraient donc paraître moins solides. Cependant, dans mon article sur nos différentes mémoires j’explique comment de faux souvenirs viennent assez facilement se greffer en mémoire épisodique comme un œuf de coucou dans un nid qui n’est pas le sien.
Et alors, vous vous retrouvez à croire dur comme fer à ces faux souvenirs qui ont réussi frauduleusement à obtenir le tag ! Donc, est-il si certain que cela que votre palais mental imaginaire sera moins efficace que votre vrai palais… je voulais dire de votre appartement ? Eh bien, ça se discute…
Et donc, non, le côté « inventé » ne sera (presque) pas un handicap. D’autant qu’on peut rajouter de la puissance en jouant sur les émotions (voir plus bas).
Le palais mental ne s’use que si l’on ne s’en sert pas
Malgré tout, vous arpentez votre logement si souvent et depuis tellement de temps que vous l’avez largement « révisé » en long et en large. Vous savez certainement que la répétition est la mère de la mémorisation. Eh bien, vous avez donc beaucoup « répété » votre logement, vos armoires, vos placards et autres mobiliers.
En revanche, Votre palais de mémoire, lui, est tout neuf… vous n’avez pas encore « vécu » dedans !
Si vous utilisez un palais totalement inventé, vous devrez le parcourir souvent… mentalement. Déjà, avant de le meubler. Ensuite avec les meubles. Mais quand vous le connaîtrez parfaitement, pour peu que vous le « révisiez » de temps en temps, il finira par être quasiment aussi efficace que votre logement.
En vérité, un palais mental ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. Faute d’être visité (utilisé) régulièrement, il va sombrer dans l’oubli. C’est la raison pour laquelle je vous ai proposé d’employer une version « light » (votre chambre), que vos connaissez parfaitement, avec une douzaine de « lieux » que vous aurez plus souvent l’occasion d’utiliser.
Le palais mental, c’est pour qui ?
Comme je l’ai dit plus haut, il n’y a aucun intérêt à utiliser un palais pour vos listes de courses, sauf si vous l’avez déjà. En revanche, si vous n’en avez pas, il ne devient intéressant que si vous avez beaucoup de choses complexes à retenir.
Si vous avez des centaines de choses à apprendre (cas des lycéens, des étudiants, des conférenciers, des commerciaux etc…), il est plus économique « d’apprendre » une fois pour toute un palais de mémoire qui vous servira pendant des années. Par rapport à la galère habituelle des répétitions fastidieuses et des oublis il n’y a pas photo. Seule, une utilisation pointilleuse et rigoureuse d’un apprentissage distribué pourrait faire jeu égal.
Malgré tout, il ne sert à rien de vous faire un palais surdimensionné. Si vous ne l’utilisez pas à fond, vous oublierez fatalement les parties du palais que vous n’utiliserez pas. Il vaut beaucoup mieux être modeste. Le cas échéant, vous pourrez toujours rajouter des nouvelles pièces si vous en avez besoin.
Mon meilleur conseil
Je vous conseille donc de vous faire un palais mental minimal. Voyez combien d’éléments vous avez à retenir, au maximum et dimensionnez-le à proportion. Si ce nombre est de l’ordre de 50, il vous suffit de 5 pièces avec 10 « lieux » dans chacune d’elles. Il se pourrait bien que votre maison ou votre appartement suffise.
Si, par la suite, vous avez besoin de plus d’emplacements, vous pouvez imaginer de lui adjoindre une extension, en imagination. Et s’il advenait que les circonstances vous amènent à devoir régulièrement mémoriser des centaines de choses vous avez 2 solutions.
Soit, vous basculez sur un palais mental séparé. Alors vous laissez tomber votre maison ou bien vous la gardez pour des mémorisations particulières. Beaucoup de pratiquants professionnels ont plusieurs palais spécialisés.
Soit, vous utilisez votre maison pour les premières mémorisations et vous imaginez une sortie sur une cour commune avec, juste en face, un palais dans lequel vous n’avez plus qu’à entrer… Les premières mémorisations se feront dans votre maison, les suivantes dans le palais.
Vous pouvez aussi placer un parcours déjà connu entre votre maison et le palais mental, même si ce parcours se situe en fait à 300 mètres de chez vous. Tout est possible du moment que vous restez fidèle à votre système. Mais vous aurez tout le temps de le faire en cas de besoin et seulement en cas de besoin.
Historique du palais de mémoire
J’ai déjà raconté cette histoire ailleurs. C’est Cicéron qui nous raconte l’aventure de Simonide de Ceos. Poète renommé, après avoir déclamé des vers en l’honneur de son hôte lors d’un banquet, il était sorti du palais où 2 jeunes gens le demandaient.
La salle de banquet s’est alors écroulée et il n’y eut aucun survivant. Les victimes étant très défigurées, Simonide a permis tout de même leur identification en se remémorant les emplacements où ils se tenaient. Ainsi serait née, la méthode des lieux, dite aussi « méthode des loci » (pour faire plus chic), puis celle du palais de mémoire.
Vous voyez donc que Simonide est parti d’une seule pièce avant d’étendre la méthode à toutes les pièces d’un palais. Ce qui justifie ce que je disais plus haut, à savoir que la méthode de la chambre n’est pas vraiment une simplification de la méthode du palais mental. C’est plutôt la méthode du palais qui est une extension de la méthode initiale concernant une seule pièce. Un petit détail en passant…
Plus récemment la série télévisée « Sherlock » met en scène plusieurs fois le détective complètement immergé dans sont palais mental à la recherche d’une information difficile à retrouver. La technique graphique utilisée donne une assez bonne idée du processus.
Vous êtes prêt pour en faire autant ? Allons-y !
Comment construire votre palais mental ?
Nous voilà parvenu au point critique : faire votre palais mental. Je dis bien « votre », car un palais mental n’appartient qu’à soi. Le vôtre n’est pas le mien. A vrai dire, il n’existe pas d’étude qui démontrerait que le palais que vous inventez vous-même est plus efficace qu’un palais qu’on vous donnerai tout prêt.
Mais nous savons bien, toutefois, que, d’une manière générale, on est plus à l’aise avec ce que l’on crée soi-même. Il y a donc de fortes chances pour que cela soit, en effet, plus facile.
Nous n’allons pas créer de toutes pièces (c’est le cas de le dire) un palais « pro ». En revanche, vous allez appliquer la méthodologie « pro » à votre logement. Si vous faites une extension imaginaire plus tard vous la ferez de façon tout aussi professionnelle…
Et si vous préférez d’emblée faire un palais mental d’envergure tout de suite, c’est de toute façon la bonne méthodologie. Celle-ci repose sur une idée très simple : vous « parcourez » les pièces toujours dans le même ordre, et vous parcourez chaque pièce selon toujours le même itinéraire mental.
Dans quel ordre considérer les pièces de votre domicile ? Vous avez plusieurs possibilités mais une fois que vous en avez choisi une, il faut vous y tenir absolument.
L’ordre rationnel, en mode plan
Si vous avez l’esprit très rationnel ou l’habitude des plans, vous pouvez raisonner sur le plan. Considérez alors les pièces en faisant un circuit circulaire dans le sens horaire. Ou dans le sens anti-horaire si vous êtes gaucher, ou plus à l’aise avec cette façon de faire.
Par exemple l’entrée puis, donnant sur la gauche de l’entrée, la cuisine; un peu plus loin dans le couloir à gauche une chambre, puis la buanderie. En face en bout de couloir vous avez la salle de bain, puis en revenant vers l’entrée et toujours à votre gauche votre chambre. Enfin, toujours en revenant vers l’entrée et à votre gauche un séjour et enfin un cabinet de toilette qui fait face à la cuisine.
Ce n’est évidemment qu’un exemple. De plus, si vous avez une maison, vous vivez peut-être à l’étage. Dans ce cas vous pouvez (ce n’est pas obligé, mais vous pouvez) utiliser d’abord les pièces du bas : vestibule, chambre d’amis, WC, garage selon le même ordre circulaire. Ensuite vous utilisez l’étage.
Si l’ordre circulaire ne permet pas d’intégrer une pièce (par exemple le garage, s’il ne communique pas avec la maison par l’intérieur) ne l’utilisez que si vous êtes sûr de ne pas l’oublier dans le circuit : en le mettant par exemple au tout début. Sinon, mieux vaut ne pas l’utiliser.
L’ordre fonctionnel, en mode usage
Si ça vous parle plus, vous pouvez utiliser l’ordre dans lequel vous utilisez l’espace quand vous rentrez chez vous… ou quand vous sortez. Peu importe, du moment que vous vous y tenez.
Attention, l’ordre fonctionnel va diminuer le nombre de pièces utilisables. Si vous ne mettez pas les pieds dans le séjour avant de partir au travail le matin, vous allez perdre pas mal de lieux d’accrochage. Si vous utilisez plus de pièces en rentrant, choisissez plutôt l’ordre d’usage en arrivant.
Cela pourrait donner quelque chose comme : entrée, WC, séjour, salle de bain, chambre. A moins que vous ne preniez une douche en entrant. Quoi qu’il en soit, vous utilisez les pièces dans l’ordre d’usage quand vous rentez chez vous.
Personnellement, je n’aime pas beaucoup l’ordre fonctionnel parce qu’il ne me parait pas stable. Je ne vais pas tous les jours aux toilettes en entrant, je ne fais pas systématiquement un saut à la cuisine etc… Mais, si vous avez une une vie réglée comme du papier à musique, la méthode pourra être bonne pour vous.. Pour moi, elle serait source d’erreurs.
Le palais mental fabriqué de toutes pièces ne présente évidemment pas cet inconvénient…
Comment choisir et utiliser les « points d’intérêt » ?
A l’intérieur de chaque pièce vous avez des endroits, des « lieux », où se trouvent certaines choses. Cela peut être de l’ameublement (une commode), de la décoration (un miroir, un tableau, un lustre), des éléments d’équipement (un placard, un radiateur, une baignoire) ou des éléments d’architecture (une fenêtre, une porte, un escalier, un bow-window). Ce sont les points d’intérêt.
Vous devez connaitre ces points par cœur, c’est pourquoi on commence par votre logement que vous connaissez déjà bien. Mais faut-il les connaitre tous ? Si vous avez un logement spartiate, certainement oui. Si votre logement est très meublé et déborde d’objets divers, mieux vaut ne considérer que les principaux.
Par exemple si vous avez 25 tableaux au mur de votre salon, il est peu probable que vous puissiez mentalement vous les représenter de mémoire toujours tous dans le même ordre. Oubliez les tableaux ! Si vous n’en avez qu’un mais de valeur (un Picasso vraiment ? vous m’en direz tant !) ou spectaculaires vous avez peu de chance de l’oublier.
Vous n’êtes donc pas obligé de tout mettre dans le circuit. Mais mettez tout ce que vous êtes certain de retenir. Et considérez tous les points choisis toujours dans le même ordre circulaire dans chaque pièce. Enfin, c’est un peu plus subtil que ça… parce qu’il y a le sol et le plafond !
Comment les parcourir mentalement ?
Pour chaque pièce, on considère d’abord le sol, puis le mur à votre gauche en entrant et ce qui y est adossé. Ensuite le mur en face et ce qui y est adossé, puis le mur à droite et ce qui y est adossé. Enfin le quatrième mur et enfin le… plafond. Il est important de garder le même ordre, pour l’intérieur de toutes les pièces.
Par exemple, pour l’entrée, vous pourriez avoir ceci : au sol un grand paillasson gratte-pied, à gauche un porte-manteau, en face une porte à double-battant vitrée, à droite un porte parapluie et un tableau, derrière vous, à côté de la porte d’entrée, au mur, un support pour le courrier à poster et, enfin, au plafond un luminaire.
Autre exemple, pour la chambre, vous pourriez avoir au sol un tapis, à gauche un placard, une cheminée à feu ouvert surmontée d’une glace, une penderie ouverte. Contre le mur du fond : une table de nuit, le lit, une coiffeuse. Au mur de droite : une fenêtre, puis un petit meuble bibliothèque (vous lisez au lit, c’est ça ?), un radiateur de chauffage central. Pour le 4ème mur : une porte donnant sur la salle de bain, un vélo d’appartement (Ah, sportif quand même…) et au plafond un lustre à trois branches.
Ce qui vous fait 7 points dans l’entrée et 13 dans la chambre auxquels vous pourrez accrocher vos mémorisations. Dans un grand appartement, on en trouve facilement une cinquantaine et plus.
Le mode d’emploi de votre palais mental.
Maintenant vous avez un début de palais mental avec votre appartement ou votre maison. Vous n’aurez peut-être jamais besoin de plus. Bon mais, c’est pas le tout, ça, qu’est-ce que vous allez en faire ?
Réponse : à chaque point d’intérêt vous allez accrocher ce que vous voulez mémoriser sous forme d’une…image. Vous ne voyez pas de quoi il s’agit ? Pas de panique, rien de tel que des exemples pour comprendre. Nous allons prendre un exemple dans les études et un autre dans la vie professionnelle.
Première étude de cas : un exposé
Supposons que vous ayez à faire un exposé sur la notion de liberté. Vous avez décidé de la décliner sous les aspects suivants :
– la liberté, une notion moderne, absente de la pensée antique qui croit au Destin
– la liberté comme fondement de l’action humaine
Ensuite vous vous intéressez à 5 déclinaisons politiques (au sens large) de la liberté. Soit :
– liberté de pensée
– liberté de conscience (ou liberté religieuse)
– liberté de la presse
– liberté d’entreprendre
– liberté d’aller et venir
Evidemment, si c’est un exposé de philosophie, ce plan ne marchera pas. Il vous faudra évoquer les philosophes qui la voient comme le fondement de l’action humaine : par exemple Heidegger, Sartre… Et puis ceux qui contestent ce point… Etc.
Je fais l’hypothèse ici, qu’il s’agirait plutôt d’un exposé dans le cadre d’une école de commerce, de management ou d’entrepreneuriat. Dans ce contexte, vous avez logiquement choisi de prendre parti pour la liberté comme fondement de l’action. Cela vous fait 7 points à retenir. Votre entrée a justement 7 points d’intérêt, ça tombe bien, ça va vous suffire.
Comment mettre en image ces notions abstraites ?
Mais comment utiliser votre palais mental pour garder en tête les articulations de votre discours ? Comme je l’ai dit plus haut, il faut en faire des images. Vous allez faire votre petit Cicéron. Chose facile avec un peu d’entrainement quand il s’agit de retenir des choses matérielles. Chose apparemment difficile quand il s’agit de retenir des concepts.
Heureusement, ce n’est que l’apparence. Tous les concepts abstraits peuvent très bien se mettre en image. Rappelez-vous le tableau « la liberté guidant le peuple » de Delacroix. Elle est matérialisée par cette femme dépoitraillée qui porte haut le drapeau français. Rappelez-vous la statue de la liberté qui tient haut son flambeau…
Bon, je sens que vous m’attendez au tournant pour matérialiser dans une image « une notion moderne, absente de la pensée antique ». Pas d’erreur, il vous faut simplifier.
Mais comprenez bien qu’un palais de mémoire n’est pas fait pour retenir le mot à mot d’une conférence ou d’un exposé afin de vous dispenser de connaitre votre sujet. Non. Le palais mental est là pour retenir dans l’ordre les notions que vous devez aborder. Ensuite, vous êtes censé connaître le contenu.
Et vous n’avez pas besoin non plus de trouver une image évoquant tout le spectre de votre intitulé. Vous pouvez donc simplifier, du moment que votre image puisse servir de « starter » pour vous remémorer le reste. Ici, vous pouvez choisir « moderne » ou au contraire « antique », par exemple.
Voyons quelles mises en images vous pourriez faire.
Pour « une notion moderne absente de la pensée antique : la statue de Démocrite, un théoricien du Destin. Vous vous rappellerez alors que, par opposition, d’autres philosophes ont troqué la notion de destin contre celle de liberté.
Il se pourrait que cela suffise pour que vous pensiez alors à parler des philosophes qui en ont fait le fondement de l’action humaine. Mais si vous n’êtes pas sûr de vous, peut-être préférez-vous avoir un aide-mémoire sur ce point. Allons-y.
La « liberté comme fondement de l’action humaine » est également trop complexe pour faire une image. Contentons-nous de « action humaine », vous saurez bien retrouver de quoi il s’agit. Imaginons un très grand nombre de personnes exécutant des actions diverses.
La liberté de penser : le penseur de Rodin (on est décidément dans les statues ! Est-ce le sujet qui veut çà) ou un parterre de … pensées. La liberté de conscience : une personne agenouillée et une autre debout, se tournant le dos.
La liberté de la presse : un journal. La liberté d’entreprendre : une usine, la liberté de mouvement : un avion. Par exemple. Vous pouvez choisir autre chose si ça vous parle plus.
Voilà pour les bases. Rappelez-vous (ou allez lire les autres articles sur ce sujet dans ce blog) que les images les plus efficaces pour mémoriser sont celles qui sortent de l’ordinaire. Et que les dimensions, les couleurs, les exagérations, les absurdités, le mouvement, les émotions etc. sont les garants d’une meilleure remémoration.
Maintenant, vous devez accrocher vos images aux différents lieux de votre petit palais mental. Qu’est-ce que ça pourrait donner ? Voici une proposition parmi d’autres.
Voyons le processus pas à pas
Dans l’entrée, sur le paillasson trône une statue de Démocrite qui touche le plafond. Elle est très abîmée et elle se délite sous vos yeux, des morceaux sont en train de tomber par terre. Vous avez bien là une « notion antique en train de disparaître » …
A gauche sur et autour du portemanteau, une kyrielle d’humains miniatures s’adonnent à diverses actions : escalade, voltige de patère en patère, pyramide humaine hélicoïdale du pied jusqu’au sommet etc. Voilà pour le fondement de l’action humaine.
En face de vous la porte vitrée à double battant est totalement végétalisée, elle disparaît sous des quantités de bouquets de pensées. Ceci pour la liberté de… penser. A droite il y deux parapluies géants dans le porte-parapluie, dont les poignées sont sculptées. La première représente une personne à genoux en prière. La seconde représente une personne debout. Voilà pour la liberté de conscience.
La liberté de la presse va devoir maintenant se loger dans le tableau. Ce dernier représentera, par exemple, un journal ouvert qui déborde du cadre et dont les pages dans le tableau s’agitent en bruissant.
La liberté d’entreprendre peut être figurée, elle, par une usine miniature (ou une machine) posé dans la corbeille à courrier. Elle fume et votre entrée commence à s’obscurcir…Un avion de ligne (de petite taille) passe au ras du plafond et emporte votre luminaire. Et voilà pour la liberté de mouvement.
Seconde étude de cas : une intervention professionnelle.
Admettons que vous soyez commercial en téléphonie. Vous visitez les points de vente, vous formez les vendeurs à vos produits, vous leur fournissez les argumentaires. Vous élaborez des solutions pour dégonfler leurs stocks, faire des promos, éventuellement faire des reprises.
Vous avez été particulièrement inventif et efficace, on vous a même donné une prime. Rançon de la gloire, la direction vous a demandé de faire une analyse de vos actions devant vos 20 collègues lors de la réunion trimestrielle des commerciaux.
Vous êtes quelqu’un de discret, vous n’avez pas l’habitude d’être au pupitre et vous avez préparé un topo à lire ou à distribuer. Mais, non, la direction ne l’entend pas de cette oreille. Elle a même banni, depuis quelque temps, la présentation de Powerpoint.
Elle vous fait savoir qu’elle veut du punch, de l’engagement. Cette réunion doit être une réunion de motivation ! Alors pas question de notes, de Powerpoint, ou de lecture monocorde, vous devez presque faire un show… La panique vous gagne !
Heureusement, vous avez écrit un texte. Heureusement ? Ben oui. Même si vous ne le lisez pas, il contient ce que vous voulez dire, même si vous le direz sûrement d’une manière moins « littéraire ». Il va quand même vous servir.
Vous avez bien structuré votre affaire. C’est d’ailleurs l’avantage de l’écrit. Il suffit souvent de faire votre table des matières pour voir si votre propos est cohérent ou pas. Vous avez bien travaillé, il vous reste juste à… mémoriser cette table des matières !
Votre analyse de la situation
La première partie est l’analyse de la situation, la seconde présente vos solutions. Résumons.
Baisse des ventes en raison de nombreuses sorties de modèles concurrents. Les magasins ont des stocks de vos produits. Vos smartphones sont dans la moyenne du marché. Il y a mieux. Toutefois, le capteur arrière, celui des selfies, est nettement meilleur que la moyenne. Un autre point fort, aussi, c’est l’autonomie de la batterie. Personne n’en parle, ces points ne sont pas audibles face à l’avalanche de nouveautés.
Vous avez décidé de tout miser sur la photo et la vidéo. Mais vous avez remarqué que la plupart des vendeurs ne connaissent pas grand-chose en photo et vidéo… Vous entendez parler de « distance focale » ou « d’ouverture focale » et autres billevesées. Vous avez pensé qu’il fallait les former.
Vos solutions
Vous avez conçu un PDF illustré présentant de manière simple ce qu’est une ouverture et ce qu’est une focale mais surtout vous donnez des conseils de cadrage. Vous expliquez l’intérêt d’une grille 3×3 et de placer le sujet principal à l’intersection des lignes. Evidemment vous vantez les qualités du capteur arrière par la même occasion. Avec des illustrations pour faciliter la compréhension. Vous montrez des photos de réunion entre amis, d’excursion, de boite de nuit, d’endroits insolites, de voyages. Ce document est disponible par téléchargement sur votre compte Dropbox.
Votre responsable régional vous a financé, sur son budget promotion, des cartons imprimés avec le logo de la marque et le QR code permettant d’accéder au document. Naturellement, vous donnez aussi un QR code menant à une application pour afficher une grille de cadrage. Officiellement c’est pour les clients mais vous savez que cela va aussi, mine de rien, aider les vendeurs…
De plus, pour dégonfler les stocks, vous avez proposé non pas une promo sur le prix mais un pack avec une perche à selfie et une carte de stockage, plus les documents et l’application à télécharger. Vous avez même convaincu les chefs de rayons que cette application tierce serait installée en magasin devant le client. Tout ça avec le soutien de votre direction régionale évidemment.
Votre plan
Baisse des ventes, nos modèles sont distancés.
Les points de vente ont des stocks d’invendus
Mais un point fort : les capteurs arrière
et un autre point fort : l’endurance de la batterie
On mise donc sur la photo et surtout la vidéo
Mais les vendeurs ont besoin de formation
On offre une perche à selfies
Plus une carte mémoire
Une application photo /vidéo
Une carte à QR code pour télécharger la ressource en PDF
Le coût de l’opération
L’économie de ne pas avoir fait de reprises
Le bilan
Imaginons ce que ça donnerait en partant de la chambre vue plus haut.
On y va…
Sur le tapis se déroule une course de téléphones. Un modèle (au hasard celui qui vous taille le plus de croupières…) part sous le lit comme une flèche alors que les vôtre sont empêtrés dans les mèches du tapis. Ils sont sérieusement distancés…
A gauche, les portes de placard s’ouvrent brutalement et un torrent de vos modèles de téléphones se déverse bruyamment dans la pièce. Quel stock !
Sur la cheminée, 2 lampes se font face. Celle de gauche a son abat-jour entièrement recouvert de capteurs solaires. Notez qu’ici nous avons des capteurs solaires mais on s’en fiche. C’est la notion de capteur qui compte. Le pied de celle de droite est composé de batteries de téléphone superposées, horizontalement, chacune en croix avec la précédente. Voilà pour les deux points forts.
Le miroir au-dessus de la cheminée semble fonctionner comme un cadre photo électronique. Il affiche alternativement des photos et de courtes vidéos. Voilà sur quoi vous misez.
On continue !
Dans la penderie, un vendeur est couché par terre (on voit le logo de son enseigne sur son vêtement) et à tous les cintres sont accrochés des classeurs avec le titre « Formation ». Ne vous inquiétez pas de l’absurdité de la situation, bien au contraire ! Plus c’est absurde plus c’est mémorable.
Au mur du fond, la table de nuit est portée par une perche à selfie géante implantée dans le mur du fond. Les oreillers du lit sont étrangement plats, ce sont en fait des cartes mémoires géantes. Enfin, assis en lotus sur la coiffeuse, un chef de rayon que vous connaissez est en train de charger une application sur son téléphone à votre marque.
Un énorme QR code est scotché sur le premier battant de la fenêtre, tandis que défile votre PDF sur le battant de droite.
Le meuble-bibliothèque est entièrement tendu d’une feuille de papier divisé en 2 colonnes par un trait vertical. En haut de la colonne de gauche, on peut voir des billets de banque (les coûts), en haut de la colonne de droite, une tirelire (les économies). Quand deux notions sont liées on peut les lier dans la même image. Vous pouvez même inscrire « bilan » en très gros en bas du papier, puisque c’est lié aussi. Et de trois !
Ça vous inquiète ?
C’est normal
Le gros défaut des explications pour faire comprendre le fonctionnement d’un palais mental, c’est qu’elles donnent l’impression, à tort, que c’est compliqué. En fait non. J’ai d’ailleurs rédigé ce texte à la volée sans avoir aucune idée des images et des associations que j’allais faire au moment où j’ai choisi cet exemple d’exposé.
Cela m’a pris quelques secondes pour les imaginer au fur et à mesure (d’accord, j’ai l’habitude) mais il en faut beaucoup plus pour les écrire et pour les comprendre à la lecture.
Un autre inconvénient, psychologique celui-là, est que certains pensent que s’ils ont déjà du mal à mémoriser leur plan, ça va leur faire encore plus de choses à mémoriser.
C’est vrai.
Mais c’est faux.
On a plus d’éléments, ça c’est vrai. Sauf que, pour la mémoire, une image associative ne compte que pour une seule unité de mémorisation. On n’augmente donc pas la difficulté. Par ailleurs, les images et les associations fournissent les ancrages les plus solides pour mémoriser.
Si vous êtes capable, au naturel, de mémoriser votre plan, vous n’avez peut-être pas besoin de palais mental. Encore que, c’est compter sans les « trous de mémoire » dues aux émotions. C’est assez fréquent quand on se trouve face à un public ou face à un examinateur. C’est donc une garantie.
Il faut quand même passer à l’action
Si, au contraire, vous savez que vous avez du mal à mémoriser ce genre de choses, alors il n’y a pas photo. Vous mémoriserez bien mieux en accrochant les points importants aux différents lieux de votre palais mental. Il vous suffit d’en faire l’expérience une seule fois pour en être convaincu.
J’ai d’ailleurs remarqué que les personnes qui s’inquiètent de l’efficacité de la chose sont toujours des personnes qui n’ont pas encore essayé ! Marrant hein ? J’attends toujours le témoignage de quelqu’un qui me dirait : « j’ai essayé, ça ne marche pas »… Impossible: si vos essayez, ça marche !
Incidemment, remarquons ici qu’aucune méthode de mémorisation ne vous dispense de connaître votre sujet. Quand vous arrivez au chapitre « liberté de la presse », par exemple, vous devez tout de même savoir ce que vous voulez en dire.
Avec le palais mental comme avec d’autres méthodes, vous avez un moyen efficace de retrouver facilement les articulations de votre exposé. Dès lors que vous savez « remplir » chaque chapitre, le fait de pouvoir dérouler naturellement le plan sans effort particulier produit un effet particulier sur les auditeurs.
Déjà, vous les regardez au lieu de baisser la tête sur vos notes. La relation n’est plus la même du tout. Lorsque vous voyez votre public, vous avez envie de le convaincre. Vous apparaissez comme quelqu’un qui connait bien son sujet. Cela crée un préjugé favorable. On vous pardonnera même quelques erreurs ou approximations. Et, croyez-moi, vous y gagnerez de l’assurance.
Un dernier conseil
Lâchez-vous. Déc… heu pardon je voulais dire débloquez. A fond. Plus c’’est gros mieux ça passe. L’absurde, l’étrange, le bizarre, le miniature, le géant, le loufoque etc. sont les meilleurs alliés de la mémorisation. Ne vous en privez pas. Mettez aussi carrément des émotions fortes (personnage en colère, accident, avalanches, fracas et autres explosions…
Si vous trouvez que c’est trop absurde, alors n’hésitez plus vous êtes sur la bonne voie ! Rajoutez-en une couche tant que vous y êtes. N’hésitez jamais à en faire trop. Si vous êtes du genre un peu coincé du bulbe, sérieux comme trois papes, soucieux des apparences et du qu’en dira-t-on rassurez-vous, vos élucubrations restent entre vous et vous : personne n’en saura jamais rien !
Allez, foncez.
Bonjour,
Merci pour cet article très complet et très interessant.
J’ai beaucoup utilisé le palais mental pour apprendre les choses « chiantes » dans mes études de médecine. Notamment les listes sans trop de lien (par exemple les maladies à déclaration obligatoire).
Et même plusieurs années après les examens je me rappelle encore une grande partie de ces idées.
Comme quoi grâce à cette méthode on arrive vraiment à implémenter l’information dans une mémoire profonde à long terme.
Merci et bonne continuation.
Bonjour,
Eh bien, voilà une autre confirmation de l’efficacité du procédé. Il n’est pas rare que les moyens mnémotechniques utilisés s’oublient mais que le contenu reste mémorisé, j’en ai fait assez souvent l’expérience. La méthode du palais est utilisée depuis plus de 2500 ans et elle n’a plus rien à prouver. Cordialement.
Bonjour, premièrement merci d’avoir écris ce blog et d’avoir pris un engagement dans ce vaste domaine. Je me suis intéressé aux palais mentaux mais à l’heure actuel je pense pas que cette méthode ne me soit adaptée.
Mais faire des exercices autour du palais mental m’as permit de localiser mon hippocampe et d’en prendre conscience, ce qui relève de la métacognition.
Je pense que cette pratique augmente la capacité à savoir où nos informations sont triés, sans son utilisation constante. Personnellement je ne fais que des associations pour mémoriser des infos, le plus rapidement possible. Mais je pense en faire une sorte de méditation…
Bonjour,
Merci pour votre article très enrichissant.
Mais comment faire pour appliquer cette méthode afin de mémoriser plus de 1000 pages en vue des examens de fin d’année ?
Merci
Bonjour,
Merci pour votre article.
Comment faire pour utiliser le palais mental afin de mémoriser plusieurs manuels de plus de 500 pages (pour les partiels par exemple) ?
Merci
Merci pour l’intérêt que vous portez à mon blog.
Mémoriser plus de 1.000 pages in extenso est un exploit presque (je dis bien presque) impossible. Le plus intéressant consiste non pas à mémoriser des pages telles quelles mais des « unités de sens ». Comme il peut y en avoir plusieurs par page, il faudrait un palais de plusieurs centaines de pièces. Avec 300 pièces et 10 points d’accrochage par pièces on arrive à 3.000 lieux. Si vous avez la capacité de mémoriser un tel palais c’est donc possible. C’est aussi un travail énorme. Faisable mais énorme. La première question à se poser serait plutôt de faire un tri pour ne garder que les « unités de sens » principales de chaque manuel.
Pour ma part, je préférerais utiliser la solution du plan et des résumés que je décris dans l’article « comment mémoriser un cours ». Si vous avez déjà un palais mental, même modeste, il pourrait vous aider à mémoriser le plan. Il s’agirait alors de d’accrocher à chaque lieu les images symbolisant les articulations du plan (en gros la table des matières). Ensuite faire des résumés de la matière elle-même pour chaque chapitre etc.
Cette méthode, avec ou sans l’aide de palais me parait plus économique en effort à fournir. Pendant mes études, c’est le système que je m’étais fabriqué. Je ne connaissais pas le palais de mémoire à l’époque. Dans tous les cas, mieux vaut utiliser les outils qu’on maîtrise bien. Tous mes vœux de réussite.
Bonjour et merci pour cet article très intéressant !
Une question me taraude : dans le cas d’un palais de taille modeste, avec relativement peu de pièces nécessaires, est-il possible d' »effacer » les images assignées aux lieux d’une pièce une fois que leur mémorisation n’est plus nécessaire ?
Concrètement, une fois l’exposé passé, est-il envisageable de réutiliser la pièce et ses divers lieux pour mémoriser tout autre chose ?
Merci d’avance, bonne continuation !
Oui et non. Et cela dépend du fait que vous ayez ou non besoin de conserver en mémoire l’exposé en question. Un conférencier, par exemple, ne va pas réutiliser pour autre chose son petit palais. Si vous n’avez pas besoin de conserver la mémorisation de votre exposé, il va resté « accroché » un moment aux loci de la pièce et le temps que cela s’estompe varie selon les personnes et selon le travail que vous a demander cette mémorisation. Il reste possible d’en faire une autre « par dessus » mais il y a des risques de confusion… ou pas. Là aussi cela dépend des personnes et de la profondeur, de la solidité de la mémorisation précédente. Si vous devez souvent enchaîner des mémorisations avec cette méthode, vous avez sans doute intérêt à avoir 2 ou 3 pièces et à les utiliser à tour de rôle. Certains auteurs disent qu’on peut effacer une mémorisation en visualisant sa fonte, son explosion, bref sa destruction. Je n’ai jamais essayé. Mais Cherechevski (connu sous le nom de Veniamin, étudié pendant 25 ans par le neurologue Luria) a bien connu ce problème lorsqu’il est devenu mnémoniste professionnel. Il a essayé les procédés de visualisation de destruction sans succès. Finalement, il a trouvé qu’il lui suffisait de décider d’oublier les accrochages fait sur son parcours (une autre déclinaison de la méthode des lieux, Veniamin utilisait la rue Gorki) pour qu’il puisse réutiliser son système à neuf. Je n’ai pas essayé non plus car je n’utilise pas assez souvent les loci pour avoir besoin d’effacer quoi que ce soit. Une semaine d’inutilisation me suffit pour le réutiliser, même si la mémorisation précédente n’est pas encore vraiment oubliée. En la matière il n’y a qu’un seul juge de paix: l’expérience personnelle. Je vous suggère de faire des essais. Bonne continuation.
Entendu, merci beaucoup d’avoir pris le temps de le répondre !
Bonjour, merci pour cet article fort intéressant. Dans un cadre scolaire, je me demandais si cette méthode était applicable à l’apprentissage de formules mathématiques par exemple, car je voie mal comment les visualiser sous forme d’image.
Bonjour, oui on peut faire des images avec les maths. Il est vrai que je n’ai pas encore traité ce sujet. En algèbre vous avez des éléments qui reviennent régulièrement. Par exemple a et b qui sont de grands standards, les opérateurs mathématiques, les racines carrés etc. Du coup, a peut être un ananas ou un âne, b un bébé, un boxeur ou un bilboquet. Une racine carré peut être un… carré ou un boite, un multiplicateur une croix de St André etc. Cependant il ne faut pas se leurrer: une formule complexe, donnera une image complexe qu’il vaut mieux transformer en histoire… Il est très possible que ce travil vous fasse mémoriser la formule presque sans avoir à utiliser l’histoire et sans avoir eu à apprendre par cœur… !
Merci pour votre réponse, effectivement, il semble plus simple d’apprendre la formule si elle est complexe. J’essaierai tout de même de mémoriser des choses avec cette technique, mais peut être pas des maths.
Si c’est possible et je le fais très souvent, par exemple pour : S=n(n+1)/2
Je rentre dans ma chambre, premier lieu :
J’imagine ma prof de maths entrain de repeter « C’est un + de savoir ça, c’est un + de savoir ça » de plus en plus fort et en etant de plus en plus enervée, jusqu’a explosé de colere.
Elle me transmettait beaucoup de Haine (n facteur de..) alors qu’initialement j’étais UN peu plus enervé qu’elle (n+1).
Ma mère crie par la cuisine pour me dire de parler DEUX fois moins fort (divisé par deux).
Tout peu être appris avec cette methode, il faut juste laisser son imagination s’exprimer.
Chouette article, c’est toujours sympa de lire à ce sujet. Je trouve personnellement qu’avoir juste un résumé sur l’image ne me suffit pas. J’aime bien l’a faire parler/écrire/lire/etc des info en plus. Pas toujours, ni pour tout, mais aller interroger une image pour avoir le détail peut être utile à mon sens. Et même sans y revenir au fond, ça lui donne un contenu, un mouvement interne, ça lui attache des souvenirs. Que l’image véhicule une info très remémorable et d’autre moins, du contexte/fond/etc.
Merci Tristan,
J’avoue ne pas bien comprendre la question « résumé sur l’image », je ne crois pas avoir parlé de cela dans cet article. Mais je vous rejoins sur la quantité de chose qu’une image peut véhiculer par ses liens internes, surtout lorsqu’il y a du mouvement. Merci de vosu intéresser à mon blog.
Effectivement c’est une notion absente, j’ai reformulé le « simplifier » que je vois comme une façon de résumer un concept dans une forme remémorable.
Par exemple pour le journal qui rappel la liberté de la presse, je l’imaginerais à sa construction (c’est à dire au moins une fois) avec différents articles, censures, détails qui évoquent des attaques de cette liberté. Ça rend plus fort sa présence, et même si une grande partie s’oublie, s’estompe, il restera bien quelque chose.
Évidemment ce n’est pas nécessaire tout le temps et il faut garder un sens de la mesure. Sinon il faudrait une instance de palais dédier à ce sujet.
Super merci de prendre le temps de me répondre bon dimanche
bonjour, merci pour cet excellent article ; mon souci c’est de me rappeler du contenu des livres que je lis.
Ce ne sont pas de simples romans quoique même mes romans j’arrive à les oublier mais des livres qui s’étudient. Merci
Bonjour, et merci de vous de vous intéresser à mon blog. Pour retenir ce qu’on lit, je ne pense pas que la méthode des lieux soit adéquat. Il vaut mieux, pour les romans imaginer les scènes que l’on lit comme un film. Pour am part, je crois souvent avoir vu un film il y a quelques années alors qu’en fait j’avais lu un livre ! Pour la non fiction c’est plus prenant mais la technique de base est simple et commence par la nécessité de lire un crayon à la main: on coche dans la marge les passages qui paraissent les plus importants. Il ne faut pas en faire trop et il peut être utile de le faire seulement après la lecture de chaque chapitre. Après quoi on rédige un petit résumé (2 à 6 lignes suffisent sur la page blanche précédent le chapitre. A la fin du livre on relit tous les résumés et on en tire un résumé global du livre sur la page de garde. On est donc amené à résumer encore un peu les résumés… Le résultat est étonnant. Faites le, vous verrez. Je vous remercie pour votre commentaire, il me fait prendre conscience du fait que, si je décris la technique dans mes livres, je n’avais pas fait d’article à ce sujet. Ce sera peut-être le prochain.
Article très intéressant, ça me donne plus d’idées pour m’aider à améliorer mon palais mental
Merci pour votre intérêt. Vous êtes déjà bien avancé si vous avez un palais mental. Peu de mes lecteurs en sont là. Il est vrai que, dans la vie courante, on peut vivre sans… Mais c’est le nec plus ultra quand on a fréquemment vraiment beaucoup de choses à mémoriser. Bonne continuation.
Bonjour, merci pour cet article qui m’a particulièrement intéressé. J’aimerais savoir si il est possible d’utiliser la méthode du palais mental pour retenir une série de chiffres, comme le nombre pi, car j’ai du encore du mal à en mémoriser au delà de 200. Merci d’avance pour votre réponse.
Bonjour, je ne sais pas si Nico verra votre commentaire mais en ce qui me concerna je vous réponds que oui, c’est possible, tout comme avec une table de rappel. Dans tous les cas, il y a un gros travail de mémorisation… des outils que sont la table et/ou le palais. La complication vient des chiffres eux-mêmes qui n’évoquent guère d’images ou d’émotions et qui se répètent au risque de faire des confusions. L’utilisation du major system pour regrouper des grappes de chiffres en en faisant une historiette à accrocher dans des lieux de votre palais ou aux cases de votre table de rappel ma parait plus pertinente. Toutefois, je n’ai pas essayé sur de grands nombres car, pour n rien vous cacher je ne cherche pas à devenir mnémoniste professionnel et, pour le nombre Pi je me contente d’une douzaine de décimales pour le plaisir… Au delà ça ne serait plus du plaisir. Mais si c’en est pour vous ce serait sympa de me faire savoir vos résultats en commentaire, merci.