La perte de neurones est permanente. Et surtout, plus on avance en âge, plus la perte est sévère. Selon certaines études, à partir de 30 ans, nous perdrions déjà entre 50.000 et 100.000 neurones par jour. En moyenne.
Catastrophe ? Même pas, comme nous allons le voir. Pourtant, la plupart des gens pense que c’est à cause de cela que leur mémoire faiblit avec le temps. Hum…
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Les idées reçues sur la perte de neurones
D’abord ce n’est pas au soir de sa vie qu’on en perd le plus. Non, c’est dans l’enfance. Un enfant de 3 ou 4 ans a déjà perdu la moitié de ses neurones…
Si, si.
Vous vous demandez sûrement d’où je sors ça. De la recherche scientifique, simplement. Le progrès des machines capables de « photographier » notre cerveau est extraordinaire. L’imagerie cérébrale permet désormais de « voir » les neurones. Et maintenant, certaines études trouvent qu’entre 2 ans et 4 ans environ un enfant a déjà perdu la moitié de ses neurones. En matière de perte de neurones, l’enfance serait championne !
En fait, à la naissance, l’enfant a un gros stock de neurones. A vrai dire il en avait encore plus in utero ! Pensez donc: il en fabriquait alors jusqu’à 250.0000 par minute en vitesse de pointe. Toutefois, la perte de neurones commence déjà à l’état fœtal. Mais à la naissance, il a encore un énorme stock de neurones. Les fibres conductrices sont là aussi.
En revanche l’interconnexion des neurones entre eux est quasi nulle. Sauf pour les fonctions vitales évidemment. Le nourrisson respire, il a le réflexe de succion, la digestion fonctionne. Heureusement, ces circuits-là sont déjà opérationnels.
Mais pour le reste, tintin. Nada, nib, zéro… Le désert.
L’organisation du cerveau n’est pas programmée
Heureusement, les neurones vont se faire pousser des ramifications à tout va. Ils vont se connecter à la va-comme-je-te-pousse avec leurs petits camarades. Chaque jour, des dizaines de milliers de connexions vont s’établir. Sans plan déterminé, au pifomètre…
Chaque jour ! Une folie furieuse de connexions. Et cela pendant plusieurs années.
Autant dire que le réseau neuronal se construit à un train d’enfer. C’est même proprement ahurissant. Des dizaines de milliers de connexions par jour… Et un neurone peut alors avoir jusqu’à 10.000 connexions avec d’autres neurones… On estime qu’il y a environ 10.000 milliards de connexion dans un cm3 de cerveau…
A l’âge adulte nous avons probablement dans les 90 milliards de neurones (sans compter le cervelet, qui en aligne encore plus). Imaginez un peu si vous deviez relever le plan d’un réseau neuronal… A supposer d’avoir la possibilité d’observer en direct l’évolution et la transformation continuelle du réseau, une équipe d’un millier de personnes en aurait pour des siècles ? Bon courage !
Toujours est-il que notre nourrisson va se servir de ses sens (maintenant il voit, par exemple et son audition se précise). Par tâtonnement il va s’essayer à faire des gestes (pour tenir un biberon par exemple). Il va également apprendre à anticiper ou à faire des liens. Par exemple entre ses cris et l’apparition de sa mère ou de quelqu’un. Il va avoir des interactions avec les personnes qui l’entourent. Il va être porté, langé, manipulé, ressentir le contact, éprouver le toucher etc.….
Eh bien, tout cela fait « pousser » des connexions entre ses neurones.
Dans l’enfance, la perte de neurones résulte
de l’organisation du cerveau par essais et erreurs
Comme vous le savez, l’enfant est plutôt maladroit au départ. Mais la précision du geste s’améliore avec le temps. Par essais et erreurs, par tâtonnement, il progresse. Chaque tentative emprunte un embryon de réseau neuronal et induit des connexions supplémentaires. Chaque essai est différent. Pour un geste, par exemple, on ne part quasiment jamais de la même position et le but à atteindre n’est jamais exactement le même. Chaque tentative emprunte donc un mini réseau différent qui se perfectionne dans l’action
Ces mini réseaux se comptent rapidement par dizaines de milliers. Certains vont sans doute se relier entre eux comme des modules d’un réseau plus large. Certains vont être communs à d’autres réseaux plus grands. Ces circuits-là vont se renforcer. Mais beaucoup d’autres, devenus inutiles ou moins efficaces, vont être abandonnés.
Voilà une première explication pour la perte de neurones.
Car, chez les neurones c’est marche ou crève. Tu sers à quelque chose ? Tu peux rester. Tu ne sers plus à rien ? Tu dépéris. Ou alors recycle toi dans un autre circuit mais fais vite parce que l’organisme qui t’héberge ne va pas longtemps nourrir une bouche inutile….
L’organisation du cerveau est très pragmatique. Le vôtre n’est pas organisé comme le mien. La « signature » qui nous distingue couramment les uns des autres est donnée par nos empreintes digitales. C’est pratique. Mais votre vraie signature, c’est votre cerveau. Moins pratique à relever dans une enquête de police, certes. Mais il n’y a pas, au monde, un autre cerveau organisé comme le vôtre.
Malgré ces pertes de neurones,
la mémoire de l’enfant progresse à toute vitesse
La petite enfance est un période extrêmement intense en matière d’apprentissages. Observer, comprendre le monde qui nous entoure, bouger, se servir de ses mains, comprendre le langage, échafauder des hypothèses, anticiper, communiquer, apprendre à parler, à marcher… C’est du boulot !
L’organisation cérébrale s’organise petit à petit
En effet, pendant tout ce temps-là des dizaines de milliers de circuits ou d’embryons de circuits se fabriquent. Ils s’étendent, régressent, s’associent ou disparaissent pour cause de perte de neurones ou de manque d’efficacité. Il faut attendre l’âge de 4 ans pour que (presque) tout soit en place.
Mais l’efficacité n’est pas au top. C’est que les fibres qui conduisent l’influx nerveux ne sont pas encore isolées. Eh oui, c’est un peu comme des fils électriques. Il faut une gaine isolante. Sinon, gare aux courts-circuits !
A l’origine, les fibres nerveuses ne sont quasiment pas isolées. Bonjour les pertes de signal ! Ça fonctionne quand même, mais en mode dégradé.
La mémoire s’améliore en continu
Malgré ce handicap, la mémoire évolue à toute allure. Au rythme des apprentissages. C’est même prodigieux ce que vous avez appris, et donc mémorisé, dans votre petite enfance. Regardez le langage. Les mots et leur signification. La structure des phrases, la syntaxe. Dans un milieu suffisamment stimulant, à 4 ans cela représente des milliers de données, mémorisées pour toujours.
Il en est de même avec les savoir-faire (on appelle ça la mémoire procédurale) : marcher, courir, tenir une cuillère ou une fourchette. Ou bien dessiner, s’habiller, se retenir avant d’aller aux toilettes, monter un escalier… Ou encore pédaler, utiliser des jouets etc…Sans oublier, plus tard, les apprentissages scolaires.
Malgré une perte de neurones continuelle, la quantité de choses mémorisées est absolument fantastique. A tel point que, pour beaucoup d’entre nous, la jeunesse est notre étalon mémoire. C’est la période où l’on mémorisait le plus. Ensuite ça s’est gâté. Et avec l’âge… Et à la retraite alors là c’est la Bérézina n’est pas ?
Vous savez quoi ?
C’est totalement FAUX.
Chez les adultes, la perte de neurones s’accentue
mais la mémoire progresse encore !
Eh oui, perte de neurones ou pas, la mémoire continue de progresser. Même après les études, il existe des quantités d’occasion de mémoriser. Par exemple, les relations sociales, le travail, les loisirs, les vacances… Ou la lecture du journal, la visite d’un musée ou d’une exposition, le visionnage d’un film… Sans oublier les informations, les discussions en famille ou entre amis etc.
Et contrairement à ce que vous pensez, à ce jeu là, vous êtes plutôt plus efficace que dans l’enfance.
Ben oui. Pourquoi ça ?
La mémorisation infantile n’était pas si facile que ça…
D’abord, vous avez complètement oublié vos tâtonnements, oublis, répétitions, pour parvenir à mémoriser. Surtout si vous étiez doué à l’école. Dans le cas contraire, il se peut que vous vous en souveniez tout de même, hein ? Mais surtout, vous mémorisez mieux aujourd’hui parce que votre base de connaissances est plus large. Plus large elle est, plus vous mémorisez facilement.
Voyez la formule de la surface du cercle, soit π x r2. Vous l’avez apprise à l’école… Cette formule prend place parmi d’autres et fait partie d’un ensemble. Vous aviez déjà appris la formule de la surface du carré, vous aviez déjà appris le nombre π. Maintenant, imaginez que ce ne soit pas le cas… Et on vous balance quand même la formule π x r2 sans aucun contexte… Cela ne fera pas sens. Vous ne comprendrez pas et vous ne retiendrez pas.
Autre exemple : votre vélo à assistance électrique. Vous venez de lire que la dernière version de votre modèle est maintenant pourvue d’une jauge : elle vous indique en permanence la capacité résiduelle de la batterie.
Vous n’aurez pas besoin de relire l’article pour vous en rappeler. Vous êtes concerné. Vous avez déjà en mémoire des informations concernant votre vélo. Cette toute dernière information va s’intégrer aux précédentes et sera d’autant plus facile à retenir.
Inversement, si vous n’avez jamais eu de vélo électrique c’est différent. Si vous n’avez pas l’intention d’en acheter un, vous ignorez même tout des batteries d’assistance. La nouvelle information n’aura aucun corpus préétabli auquel s’intégrer. Il est probable que vous oublierez vite.
C’est l’extension de votre base de connaissances qui favorise votre mémoire
Plus votre base de connaissances est vaste, mieux les éléments nouveaux vont y trouver leur place. Ils vont compléter, rendre plus clair ce qui l’était moins. Apporter des réponses ou bien ouvrir des questions. Ils vont se lier, s’associer, aux éléments préexistants. C’est cela qui va favoriser la mémorisation. Parce qu’ils vont faire partie d’une chaîne associative.
On a vu que l’enfance est une période extraordinaire d’apprentissage. En d’autre terme une période de constitution d’une base de savoir-faire et d’une base de connaissances. La perte de neurones ne peut rien contre ça. En effet la multiplication des circuits associatifs va faire exister l’information dans plusieurs d’entre eux. Et même si tout un circuit disparaissait, elle serait conservée dans les autres.
Or cette base ne fait que s’étendre ensuite.
Certes, certaines parties ont pu s’étioler. Par exemple la résolution des équations du second degré si vous ne vous en servez jamais. Ou certaines connaissances géographiques etc. Elles pourraient toutefois être réactivées si vous en aviez besoin. Vous seriez alors un « faux débutant » (voir ci-dessous).
Mais surtout, la vie vous fournit en permanence des éléments nouveaux dans des domaines nouveaux. Vous n’y pensez pas mais c’est pourtant un processus permanent. Vous avez le sentiment d’avoir oublié des choses que vous avez apprises autrefois.
D’accord.
Mais vous avez rarement le sentiment d’avoir appris des choses nouvelles ensuite. Parce que ça se fait tout seul, ça va de soi, vous n’y pensez même pas. Mais c’est quand même bien là.
Votre mémoire est meilleure que vous ne pensez,
perte de neurones ou pas…
Petite étude de cas
J’ai eu en stage un homme qui se plaignait d’avoir perdu beaucoup de mémoire. Il était magasinier dans une entreprise de construction mécanique. Il gérait plusieurs milliers de références, depuis la plus petite vis jusqu’au plus gros des composants.
Il avait occupé d’autres postes dans l’entreprise. Il était devenu magasinier sur le tard en raison de problèmes médicaux. L’amusant de l’histoire c’est qu’en l’espace de 5 ans il avait appris sans s’en rendre compte quasiment toutes ces références par cœur !
Des trucs dans le genre bx512-zh ou dbl495-L4… En chômage depuis 6 mois, ils ne retrouvait plus toutes les références. Certaines lui faisaient maintenant défaut. Mais il en avait encore des milliers en tête. Cela sidérait les autres stagiaires. Mais lui se plaignait de sa mémoire qui n’était plus aussi bonne qu’avant ! Il n’avait absolument pas conscience de son extraordinaire performance.
Comme quoi tout dépend du point de vue auquel on se place… par rapport à l’idée qu’on s’en fait !
Méfiez-vous donc des illusions d’optique
Eh oui, vos impressions vous trompent. Vous ne comptabilisez que ce dont vous ne vous souvenez plus. Mais vous ne comptabilisez pas vos nouvelles acquisitions parce que vous les utilisez couramment sans y penser. En fait, ce dont vous ne vous souvenez plus n’est pas perdu. Vos mémorisations ne se sont pas évaporées. Ce sont les voies d’accès qui ont régressé ou disparu, faute d’être utilisées.
Imaginez que mon stagiaire retrouve son travail de magasinier… Il aura vite retrouvé la mémoire des références « oubliées ».
En effet, toutes les expériences de laboratoire montrent que les « faux débutants » apprennent beaucoup plus vite que les vrais. Par exemple, imaginons que vous ne sachiez plus du tout résoudre une équation du second degré. On vous met en cours avec des personnes qui n’ont jamais encore traité ces équations.
Eh bien, vous allez faire un apprentissage express ! Et les autres vont mettre beaucoup plus de temps. En fait, c’est parce que vous n’apprenez pas vraiment. Vous retrouvez plutôt vos savoirs restés en mémoire en traçant un nouveau chemin d’accès. Ou en réactivant l’ancien. C’est comme un sentier que vous n’utilisez plus en forêt. Il a été repris par la végétation. Mais réutilisez-le régulièrement, et ce chemin va réapparaitre.
Et cela, même si vous avez subi une perte de neurones significatives depuis que vous n’utilisez plus les équations du second degré.
Vous perdez des neurones. Et alors ?
Chacun se plaint de sa mémoire. Vous aussi sans doute. Et, avec l’âge, vous vous plaindrez de plus en plus. Pourtant, sauf affection neurologique, votre mémoire ne s‘est jamais si bien portée. Et autant le dire tout de suite, la perte de vos neurones n’a aucune influence sur votre mémoire.
Rappelez-vous que la période où l’enfant progresse le plus est aussi celle où il perd le plus de neurones. Paradoxal ? Pas tant que ça, puisque ce sont les neurones inutiles qui disparaissent. Je ne vois pas où est le problème ! Et, si à l’âge adulte, certains neurones meurent de vieillesse, vous allez voir plus loin qu’ils ont préparé leur succession…
La nature est bien faite, il y a beaucoup de redondance. Il n’existe aucun neurone indispensable au point que sa disparition suscite une catastrophe. Aucun neurone n’est le dépositaire unique d’une mémorisation. Nous savons, au contraire, qu’une information est toujours conservée dans une « population de neurones » et ses synapses.
Les synapses ce sont les connexions entre les neurones. Quand on sait qu’un neurone a généralement plusieurs milliers de connexions, on pourrait quasiment affirmer que chaque neurone peut trouver un chemin pour atteindre n’importe quel autre.
Votre cerveau est bourré de réseaux de neurones. Chaque souvenir mobilise un certain nombre de réseaux. Le stockage, en effet, ne se fait pas globalement, mais en pièces détachées. Si un souvenir a des composantes visuelles, sonores, sémantiques, etc… il va mobiliser autant de réseaux que de composantes.
Un souvenir est toujours stocké en pièces détachées et mobilise une population de neurones très étendue à travers votre cerveau.
Et aucune « pièce détachée » n’est mémorisée par un seul neurone… La plus petite unité d’information mobilisera toujours tout un réseau.
Les réseaux de neurones garantissent la pérennité de l’information
Petite étude de cas
Par exemple, vous savez que votre oncle Albert est mécanicien. Qu’il a les yeux marron. Qu’il habite à Niort. Qu’il est strabique. Qu’il a les cheveux roux. Que sa femme est du Jura. Qu’il a horreur des chats etc. Vous pourriez peut-être même écrire 50 pages à son sujet.
Ne considérons toutefois qu’une information parmi d’autres : « oncle Albert a les yeux marrons ». Bon ça fait au moins 5 informations. Ben oui: c’est un oncle, c’est le vôtre, il s’appelle Albert, il a des yeux et ils sont marrons…
Mais supposons pour l’exemple que ça ne fasse qu’une seule information élémentaire (en fait plusieurs, je simplifie). Eh bien, l’information « Oncle Albert a les yeux marron » est stockée dans un réseau de neurones (en fait plusieurs). L’information est détenue par un collectif de neurones. Les scientifiques parlent d’une « population de neurones ».
Comment ça marche ?
L’important c’est de se rendre compte que si un neurone disparait, cette perte n’affecte pas le stockage de l’information. Les autres neurones sont toujours là. Votre oncle Albert aux yeux marron n’a pas disparu de votre bibliothèque cérébrale… On dirait bien que notre mémoire a trouvé la parade contre la perte continuelle de neurones.
En effet, oncle Albert est évidemment relié à d’autres réseaux. En l’occurrence le réseau « Albert est mon oncle », le réseau « Albert est mécanicien », le réseau « la femme d’Albert s’appelle Brigitte », le réseau « Albert est bourguignon », le réseau « Albert a les cheveux roux », le réseau « Albert n’aime pas les moules », le réseau « Albert… etc. ».
Mais ce n’est pas tout. Les yeux marrons d’Albert ne se trouvent pas que dans le réseau « yeux ». Mais aussi dans pas mal d’autres: « strabisme », « lunettes », « ophtalmologiste », « lecture » etc. Et il en est de même pour chaque caractéristique d’Albert. Par exemple le métier d’Albert ne se trouve pas que dans le réseau « mécanique ». Mais aussi dans « apprentissage », « automobile », ou même « vacances » pour peu qu’il vous ai dépanné lors de vos dernière vacances en Bourgogne. Etc.
Des dizaines de milliers de neurones ont accès à votre oncle par des centaines, voire des milliers de circuits différents. Aucune perte de neurones ne peut réellement mettre en péril votre oncle Albert dans votre mémoire.
La plasticité cérébrale: une garantie en or
contre une perte de neurones importante.
Votre cerveau a cette qualité extraordinaire : la plasticité. Cela signifie que si des circuits neuronaux sont atteints, il est capable de compenser cela. Il affecte d’autres circuits au remplacement ou au soutien des circuits lésés. C’est une bonne garantie pour la conservation de vos acquits.
Par exemple, mon beau-père a été paralysé par un sévère accident vasculaire cérébral (AVC). Il n’a jamais douté qu’il remarcherait et reparlerait. Rééducation aidant (kiné, orthophoniste…) c’est bien ce qu’il s’est passé. A part quelques séquelles mineures, il a retrouvé une vie quasi normale.
Comment est-ce possible ?
L’AVC a bel et bien détruit tout un tas de circuits cérébraux qui lui permettaient, notamment, la parole, la marche, l’usage de ses mains etc… Sa perte massive de neurones était catastrophique : des dizaines de milliers de circuits entiers disparus. Mais d’autres réseaux se sont formés pour les remplacer.
Cela ne veut pas dire qu’il y avait des circuits vierges en attente au cas où… Cela veut dire que des neurones déjà « membres » d’autres réseaux opérationnels ont pris une charge le travail supplémentaire.
Et après un gros AVC il y a du boulot : la perte est de l’ordre de 200 millions de neurones… par minute ! Autrement dit, en clair, des milliards de neurones disparaissent dans l’accident.
J’ai bien dit des milliards. En quelques minutes.
Tout est à reconstruire. Cela implique donc que des milliards de neurones soient mobilisés pour les remplacer. Eh bien, le cerveau est capable de cette prouesse d’auto-réparation. Les troubles de mémoire sont fréquents après un AVC. Et pourtant, les souvenirs aussi reviennent petit à petit… malgré une perte phénoménale de neurones.
Combien de neurones perdez-vous, finalement ?
Que représente la perte de 50.000 neurones par jour ? Et si vous faisiez le calcul, pour voir ? Je l’ai fait. Et franchement ça ne fait qu’une perte de 35 neurones à la minute… Pas plusieurs millions comme dans un AVC !
De plus, ceux-là ne meurent pas par accident brusque mais de vieillesse. Tous les neurones n’ont pas la même durée de vie. Il est même probable qu’avant de disparaître, ils avaient diminué leur activité et que d’autres neurones avaient déjà commencé à prendre le relais. La succession se passe en douceur.
Alors pour répondre à la question posée dans le titre de l’article, eh bien non, on n’a remarqué aucune incidence de la perte des neurones sur les capacités mentales. Ni l’intelligence, ni le raisonnement, ni la mémoire n’en souffrent.
La seule chose qu’on peut affirmer c’est que l’intégration à la base de connaissance est plus longue chez les plus âgés. Et ce n’est pas dû à la perte de neurones importante subie au cours du temps. Mais simplement au fait que le traitement des données est plus lents avec des neurones âgés. Mais une fois que l’intégration est faite, leurs performance en mémorisation est du même ordre que celle des plus jeunes.
Alors, de quoi se plaint-on, à la fin ?
Tout le monde se plaint de sa mémoire. Et plus les gens sont âgés, plus leur « plainte mnésique » (c’est le nom officiel) est forte. Peut-être pas tout à fait sans raison. Mais ils ne devraient pas se plaindre… de leur mémoire.
Le problème existe mais il n’est pas là. C’est vrai qu’au fil du temps la mémoire semble moins bonne. Vous l’avez compris, je prétends que non. En revanche, ce qui est vrai c’est que la manière de s’en servir devient moins bonne avec le temps, nuance !
Quand vous êtes jeune, vous découvrez tous les aspects de la vie avec curiosité. Votre cerveau est toujours en alerte, attentif, il se pose des questions. Et quand il est en mode interrogatif, il s’attends à des réponses. Quand il les trouve, du coup, l’information mémorisée est d’excellente qualité.
Plus on avance en âge, moins c’est vrai. Routines, actions en pilote automatique, fatigue, attention en berne et curiosité à marée basse font que les informations ne sont plus de la même qualité. N’accusez pas la mémoire, elle ne peut vous rendre que ce que vous lui avez donné. N’accusez pas la perte de neurones, elle existe mais n’y est pour rien…
Vous trouverez dans ce blog, bien des trucs et des astuces pour améliorer la qualité des informations que vous devez mémoriser.
Si vous ne vouliez faire qu’une chose, pensez au moins à améliorer votre attention… La qualité de l’attention, c’est ce qui affecte le plus, positivement ou négativement, la qualité de la mémorisation. Et donc de la remémoration.
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