Comment être zen ? En fait il n’y a pas besoin de faire 20 ans de yoga pour y parvenir. Ni d’avoir 10.000 heures de méditation au compteur. Je n’ai rien fait de tout ça et je suis plutôt zen. Alors ?
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La zénitude, ça vient comment ?
J’avais cru inventer ce mot l’an dernier à propos des mimosas de Monica Gagliano qui finissaient par rester zen en ayant compris qu’elle ne leur voulait pas de mal… Mais je l’ai trouvé dans le dictionnaire !
Bon. Et les humains alors? Ben, les humains, il paraîtrait qu’ils sont stressés comme jamais. Et pourtant je n’ai pas l’impression de l’être le moins du monde. C’est normal docteur ?
Ainsi, je ne cille pas devant un contradicteur virulent (ça m’amuse), je reste zen quand on m’engueule (ça arrive), je n’ai pas le trac quand je parle en public (ça arrive aussi). J’ai même donné il y a quelques années, et pour la première fois, une conférence sans notes ni stress.
Je ne dois pas être normal…
Article mis à jour le 23 juin 2022
Il paraît que Sarah Bernhardt a répondu à une jeune actrice qui se vantait de ne jamais avoir le trac : « ne vous inquiétez pas, ça vous viendra… avec le talent ! ». Inquiétant pour mon talent, ça… Mais tant pis. Cela dit, je ne dis pas ça pour me vanter, mais parce que c’est vrai. Et si vous voulez vérifier pour la conférence, vous pouvez la trouver, ainsi que les autres, sur le site du Congrès de la Mémoire de Saint-Malo.
Comment je fais pour être zen ?
Peut-être que je me soigne sans le savoir ? À la réflexion ça se pourrait bien. Après quelques heures d’introspection, j’ai relevé 3 points auxquels je n’avais pas vraiment prêté attention jusqu’à présent. Il a fallu cette réflexion pour que j’en prenne conscience, tellement ça fait partie de ma vie. Autant dire que c’étaient des secrets même pour moi: je les utilisais sans m’en rendre compte !
Ça vous intéresse ? Alors je vais vous les révéler. Sous le sceau du secret bien sûr. N’allez pas le répéter partout.
N’oubliez pas ce que vous avez lu sur la séquence neurologique de la mémoire. Celle-ci n’est pas sous votre contrôle volontaire, sauf à travers votre hygiène de vie. Et, justement, si vous êtes zen plutôt que stressé, la séquence neurologique marchera bien mieux. Et elle sera aussi plus perméable aux effets de la séquence cognitive qui, elle, est sous votre contrôle. Et elle, elle « booste » la séquence neurologique.
Donc, si vous êtes zen, vous avez un meilleur fonctionnement intellectuel et, bien sûr, une meilleure mémoire. CQFD.
Allez !
Secret n° 1 pour devenir zen : adopter un chat !
Ah oui, je sais, vous allez vous moquer de moi. Si c’est le cas, permettez-moi de vous dire que vous êtes un tantinet ignare parce que c’est prouvé. Oui Monsieur ! Oui Madame !
- Les amateurs de félins ont 30 % de crises cardiaques en moins par rapport aux autres. Ils consomment aussi moins d’antidépresseurs et d’anxiolytiques.
- Le Centre de médecine du sommeil de la célèbre clinique MAYO (Arizona) a noté que 41 % des patients ayant un animal dorment mieux.
- Quand vous caressez un chat, votre tension diminue, votre fréquence cardiaque se régularise, votre taux de cortisol et d’hormones de stress baisse…
Claude BEAT, qui est un « psychiatre vétérinaire », en conclut même que « les chats pourraient être remboursés par la sécurité sociale » !
Chiche !
Il y a aussi une étude britannique qui prétend que les amateurs de chats ont une intelligence supérieure et un meilleur niveau d’éducation. Hum… Reste à savoir dans quel sens ça marche. Ont-ils un meilleur niveau parce qu’ils ont des chats ou est-ce le contraire ?
Rééquilibrage…
Je ne trancherai pas. Mais ce que je sais, en tant que psychologue de métier, c’est que la cohérence émotionnelle et cognitive est antistress par nature. Après tout, le stress (terme dévoyé de son sens premier pour évoquer désormais l’anxiété) se manifeste essentiellement par une discordance entre ce que l’on connaît du réel et ce qu’on en ressent.
Exemple type de cette discordance: la peur des souris. Non, la souris ne va pas vous faire de mal. Vous le savez. Et pourtant vous êtes dans tous vos états. Discordance. Autre exemple, la peur de parler en public. Non, les gens ne vont pas vous huer ou se moquer de vous. Vous le savez. Et pourtant, vous voilà en sueur et en train de bégayer. Discordance.
Eh bien, je fais l’hypothèse que les chats rétablissent l’équilibre entre vos perceptions et vos émotions. Oui c’est un fauve (miniature). Mais non, ça ne vous fait pas peur. Et quand vous caressez votre chat, c’est apaisant. Il vous rend même altruiste. Quand il s’est endormi au milieu du couloir, vous l’enjamber pour ne pas le réveiller…
Sérotonine…
De plus, en ronronnant, le chat émet des fréquences basses, inférieures à 50 hertz (50 Hz, c’est la fréquence d’un appareil électrique quand il « ronfle »). Ces vibrations déclenchent une sécrétion de sérotonine dans votre organisme. La sérotonine, c’est l’hormone anti-stress par excellence. Certains l’appellent même l’hormone du bonheur… Accessoirement, ces vibrations soulagent la douleur et favorisent la cicatrisation osseuse… enfin, si vous en avez besoin !
P.S. Savez-vous qu’en 1998, a été ouvert le premier bar à chats à Taïwan ? Que les bars à chats ont essaimés à Tokyo pour les cadres stressés ? Et qu’on en trouve maintenant en France ?
En attendant, allez faire un tour à la SPA. Vous ferez 3 heureux: vous, le chat adopté et celui qui prendra sa place au lieu d’être euthanasié. Parce que c’est ce qui arrive aux animaux quand il n’y a plus de place pour eux. Et les bénévoles de la SPA deviendront vos amis. La SPA c’est ici..
Secret n° 2 pour devenir sen : pratiquer une méthode antistress…
Quelle méthode ?, me direz-vous. Réponse: n’importe laquelle ! Enfin, pourvu qu’elle ait des effets anti-stress. L’idéal étant de la pratiquer presque tout le temps. Il faut donc qu’elle soit simple, et que vous puissiez la pratiquer quasiment sans y penser.
Voici quelques propositions.
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Le training autogène de Schultz
A tout seigneur tout honneur. C’est probablement, en Occident, la première méthode de relaxation formalisée, avec une méthode, des étapes. Schultz était médecin et a publié sa méthode en 1932. Elle est continuellement rééditée depuis.
C’est une méthode progressive. Vous pouvez l’apprendre chez un relaxologue, mais aussi, avec précaution (c’est ce que j’ai fait), par vous-même. Vous commencez à bien ressentir les effets au bout d’une dizaine de séances seulement, quelquefois même bien avant. Ensuite, ces effets augmentent régulièrement avec la pratique.
Les exercices, très simples, permettent de vous déconnecter de l’environnement, de vos émotions, de votre anxiété. Progressivement, au fil des séances vous parvenez à un état de conscience modifiée. Schultz ne parlait pas d’auto-hypnose, mais c’est bien de ça qu’il s’agit, en toute conscience.
Les effets sont très rapidement sensibles sur:
- l’anxiété, le stress
- la qualité du sommeil
- l’instabilité tensionnelle, l’hypotension ou l’hypertension
Voilà de quoi être zen. Des effets plus profonds sont atteignables au fil du temps:
- régulation cardiaque et circulatoire
- contrôle de la douleur
- régulation immunitaire
Pour le moment, le premier groupe d’effets positifs vous suffit bien. Si vous pratiquez régulièrement, les autres effets viendront en prime avec le temps.
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La sophrologie de Caycedo
On passe cette fois de l’Allemagne à l’Espagne. Caycedo (né en fait en Colombie) était lui aussi médecin. Pour m’être formé à la sophrologie après le training autogène, je peux vous dire que c’est cousin germain sur le plan des résultats. En revanche, la pratique est différente.
Alors qu’avec Schultz on pratique en décubitus dorsal statique, Caycedo ajoute des exercices de « relaxation dynamique » qui amènent à bouger le corps. Alors que le training autogène n’intègre jamais d’intentionnalité antistress en séance (ce qui ne diminue en rien l’effet antistress), la sophrologie intègre des exercices spécifiques comme celui du « sac anti tracas » où l’on imagine enfermer les tracas avant de les piétiner mentalement…
Des exercices de visualisation font aussi partie de la méthode.
Autre différence, alors que le training autogène peut se pratiquer en autonomie, la sophrologie repose sur la voix du sophrologue. La méthode s’apparente donc plus à l’hypnose qu’à l’auto-hypnose. Vous pouvez toutefois trouver dans le commerce des voix préenregistrées…
Les effets les plus significatifs sont:
- gestion de l’anxiété, du stress
- amélioration du sommeil
- gestion de la douleur
Là aussi, voilà de quoi être zen. Tout comme avec le training autogène, il faut une dizaine de séances pour bien en ressentir les effets. Par la suite, d’autres effets induits peuvent se présenter.
A noter que, contrairement à la méthode Schultz, qui a la faveur du monde médical, n’a jamais fait l’objet de « commercialisation ». La sophrologie si. On vous vendra donc souvent la sophrologie à la sauce marketing: pour être heureux, pour réussir vos examens, pour renfoncer la cohérence des équipes en entreprise, bref un peu pour tout. Cela n’enlève rien au fait que c’est surtout une excellente méthode antistress.
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La méditation
Avec la méditation, on change de catégorie de zenitude. Bien sûr, elle provoque aussi des états de conscience modifiés. Mais elle peut aller beaucoup plus loin. Du reste, les électroencéphalogrammes de personnes chevronnées en méditation n’ont rien à voir avec ceux des personnes en relaxation. Ni avec ceux des méditants débutants.
Figurez-vous qu’on y voit une prépondérance des ondes alpha, comme dans toute relaxation (ou même pendant la prière, c’est pareil… !) mais également des ondes gamma, signe d’une intense activité cérébrale. C’est complètement paradoxal, mais c’est comme ça.
Par ailleurs, l’imagerie médicale montre que chez les méditants aguerris, certaines zones du cerveau sont beaucoup plus connectées entre elles que chez vous et moi. Mais surtout que la zone de l’hippocampe est beaucoup plus dense (plus de connexions) alors que la zone de l’amygdale est au contraire beaucoup plus réduite que chez vous et moi…
Et l’amygdale, c’est quoi ? Eh bien, c’est la zone émotionnelle par excellence, celle qui ennoie des signaux de stress à votre cerveau raisonnable, bref la perturbatrice quoi. Alors pas étonnant que les moines bouddhistes puissent rester zen en toutes circonstances.
Vous voulez en faire autant ? Fastoche ! Y’a qu’à faire de la méditation. Bon, d’accord; il y a un tout petit détail. Pour avoir une amygdale rabougrie et qui ne vous embête plus avec ces émotions enquiquinantes (stress, peurs, anxiété…) il faut de l’entraînement. Beaucoup d’entraînement. Disons entre… heu… Entre 10.000 et 30.000 heures, peut-être ?
Alors vous commencez quand ?
Sans aller jusqu’à cette réorganisation du cerveau comme chez Matthieu Ricard ou le dalaï-lama, la méditation dite « de pleine conscience » permet de prendre du recul par rapport à vos émotions. De ne pas être envahi(e) par le stress ou les émotions négatives. Toutefois, une dizaine de séances ne suffiront pas.
La méditation suppose un engagement à long terme de votre part. Alors que Schultz et Caycedo vous demandent un mois à raison de deux séances par semaine avant de vraiment sentir les résultats, la méditation va vous demander plusieurs mois de pratique, si possible, quotidienne. Mais, au fil des années, vous irez plus loin en zenitude…
Secret n° 3 pour devenir zen : pratiquer la cohérence cardiaque
Il se pourrait que vous n’en ayez jamais entendu parler. Ou que vous ne sachiez pas très bien ce que c’est. Voici quelques explications.
Comment ça marche en temps normal ?
Ordinairement, votre cœur ne bat pas régulièrement. En fait, le rythme cardiaque est le révélateur de l’antagonisme entre le système nerveux sympathique et le système nerveux parasympathique…
Heu… c’est quoi ça ? Le système sympatrique est directement lié aux émotions, au stress, il sécrète de l’adrénaline et prépare l’organisme à la fuite ou au combat. D’où accélération cardiaque et respiratoire pour oxygéner les muscles, augmentation de la tension, blocage des fonctions secondaires et consommatrices d’énergie (la digestion notamment).
Le système nerveux parasympathique fait tout l’inverse. En l’absence d’émotions négatives, il sécrète de l’acétylcholine, commande le calme, la relaxation, ralentit le rythme cardiaque et respiratoire, diminue la tension artérielle, favorise la digestion…
Pour faire simple, le système sympathique est l’accélérateur et le système parasympathique le frein. Sauf que, à chaque minute, en temps normal, il y a constamment des petits coups d’accélérateur et des petits coups de frein. Ils se succèdent continuellement pour maintenir une allure stable.
Vous vous levez de votre chaise ? Hop, Accélération ! Vous vous asseyez ? Frein ! Le téléphone sonne, vous vous rendez compte que vous êtes en retard, le film que vous regardez s’emballe, l’héroïne est poursuivie par de vrais méchants ? Accélération ! Vous écoutez le chant des baleines, vous êtes béats de satisfaction après un petit repas amoureusement concocté rien que pour vous ? Frein ! Etc…
Ce que vous pouvez attendre de la cohérence cardiaque
Si vous regardiez votre électrocardiogramme (ECG) sur une minute, vous verriez que le temps entre 2 battements de cœur n’est jamais le même. Les variations sont même assez importantes. La moindre de vos pensées, le moindre geste, la moindre émotion positive ou négative a pour effet direct de diminuer ou augmenter votre rythme cardiaque. Ces variations se succèdent en continu, seconde après seconde. On appelle ça le chaos cardiaque.
En soi, ces variations du rythme cardiaque sont normales. Mais, si vous êtes anxieux, stressé, sujet à des sautes émotionnelles, elles sortent vite du canal de la normalité. Et votre ECG s’affole. En pratiquant la cohérence cardiaque, vous obtiendrez:
- baisse du cortisol (l’hormone du stress) et augmentation du taux de DHEA (hormone antistress)
- Ralentissement du rythme cardiaque et de la fréquence respiratoire
- diminution de la tension vasculaire.
Chose étonnante, il n’y a pas besoin de 10 séances pour en ressentir les bienfaits. C’est immédiat. Enfin, disons qu’il faut quand même 5 minutes…
Et, comme pour le training autogène et les autres méthodes vues ci-dessus, il y a aussi des effets plus profonds si vous pratiquez régulièrement.
- Résistance aux maladies
- Résistance aux situations habituellement stressantes ou anxiogènes
- Meilleure « vitalité » perçue, pep et optimisme
- Réduction de la discordance entre émotions et rationalité, d’où meilleure perception du réel
- Augmentation de la confiance en soi et de la capacité à prendre des décisions opportunes
Comment se passe la séance ? Et après ?
La pratique en elle-même est simple. Vous avez juste besoin d’un écran, celui d’un smartphone suffit bien. Vous téléchargez une application de cohérence cardiaque. Je recommande Respirelax +, mise au point par les thermes d’Allevard. C’est très simple à utiliser.
C’est l’appli pour Android parce que je n’ai pas les moyens d’acheter un iPhone. Mais si vous êtes riche, vous avez la même chose sous IOS.
Vous verrez à l’écran une bulle qui monte et qui descend régulièrement. La méthode est ultrasimple. Vous inspirez quand la bulle monte et vous expirez quand la bulle descend. Ça va, c’est pas trop dur ? Vous faites ça pendant 5 à 10 minutes et… c’est tout !
Avec cette appli (il y en a aussi plein d’autres), vous allez respirer de façon régulière. Cela va régulariser votre rythme cardiaque. Autrement dit, le temps entre deux battements de cœur va tendre vers la stabilité. Il y aura toujours de petites différences, normales, mais pas de grosses différences. Vous obtenez cet état presque tout de suite.
Au bout de 3 minutes, votre taux de cortisol commence à baisser, votre tension artérielle aussi. Votre taux de DHEA monte. Pas besoin d’attendre 10 séances pour que ça commence à être perceptible. Et il y a mieux encore: cet état persiste après la séance. Combien de temps ? C’est variable, mais, en moyenne, vous pouvez tabler sur 4 heures…
Du coup, avec seulement 3 séances par jour, vous pouvez être zen en permanence toute la journée ! C’est presque trop beau pour être vrai. Mais, voilà, c’est vrai.
Témoignage personnel
Adopter un chat, pratiquer une méthode de relaxation et faire des exercices de cohérence cardiaque, ce sont donc mes 3 « secrets ».
Les chats
J’ai adopté le premier chat (une chatte) en 1971. Suivie par une autre quelques mois plus tard. Un monsieur en chapeau très bien, a carrément arrêté sa voiture au rond-point où je résidais. Il a baissé la vitre côté passager, a balancé l’animal sur la pelouse et a démarré en vitesse. Ça me faisait donc désormais 2 chattes.
Quelques mois plus tard, je vois un jeune enfant déposer un chaton dans un chantier de construction en face de chez moi. Puis revenir le chercher le caresser. Le reposer. Repartir. Revenir. Je vais voir ce qu’il se passe et il m’explique que son père n’en veut pas et lui a ordonné d’aller l’abandonner dans le chantier… Un gamin de 7 ou 8 ans… franchement il y a des parents auxquels on a envie de mettre des baffes ! Et trois félins, trois !
Et il y en a eu d’autres. Ça me fait 51 ans de chats au compteur, avec quelques interruptions, il est vrai. Les chats meurent plus jeunes que nous. C’est toujours un moment difficile. Ils sont enterrés dans le jardin.
Le training autogène
J’ai commencé le training autogène en août 1968. Je devais préparer un examen universitaire annulé en raison des « événements de mai 68 », qui ont duré en fait jusqu’à l’été. Les examens avaient été reportés au mois d’octobre. Il fallait donc se préparer à un examen sans session de rattrapage possible. Mieux valait être zen…
Depuis lors, je n’ai jamais cessé de pratiquer le training autogène. J’ai maintenant 54 ans de pratique au compteur…
Si je n’ai pas quelque chose à lire dans une salle d’attente, hop ! Training autogène ! Ça marche même assis. Le seul risque est de s’endormir… À peine couché, hop ! Training autogène ! Et endormissement en 3 minutes chrono… C’est super, non ?
La cohérence cardiaque
J’ai découvert la cohérence cardiaque il y a quelques années au Congrès de la mémoire de Montreuil, grâce à Alain Simoni. J’aurais pu m’en servir avant de donner ma conférence si je m’étais senti stressé. C’est idéal aussi avant (ou pendant) un examen, une rencontre importante ou un entretien d’embauche. Les comédiens peuvent aussi en bénéficier.
Et surtout vous, bien sûr ! Vous n’êtes pas obligé de me dire pour quelles circonstances… Mon expérience personnelle n’est pas très intensive. Compte tenu de ma longue pratique du training autogène, j’ai sans doute atteint un état de zenitude suffisant pour la plupart des circonstances. La cohérence cardiaque, du coup, est plutôt pour moi un complément.
Mais ça ne m’empêche pas de reconnaître son mérite. Son immense avantage, c’est son extrême légèreté. C’est facile, ça prend peu de temps, et ça ne demande aucun apprentissage. Le rêve ! Si cela avait existé en 1968, je l’aurais probablement adoptée comme méthode principale.
Pour débuter, on recommande la méthode 365. À savoir 3 fois par jour, 6 respirations par minute pendant 5 minutes et pendant 365 jours. Par la suite, vous verrez qu’on peut pratiquer différents rythmes. On peut aussi régler l’appli avec des sons plutôt que du visuel. Vous pouvez donc aussi pratiquer les yeux fermés…
Si j’étais vous, je n’hésiterais pas.
Y a-t-il d’autres moyens ?
Je vous ai indiqué ce que j’utilise personnellement. Mais, bien sûr, il y a d’autres moyens.
En prime, secret n° 4: l’oxygénation
C’est tellement simple qu’on a du mal à le croire. Et pourtant, c’est vrai. Un cerveau oxygéné est plus rationnel qu’un cerveau souffreteux. La rétroaction rationnelle aux signaux de stress négatifs est donc meilleure. Et comme, de plus, les zones émotionnelles ne vont pas manquer de sonner le tocsin si elles manquent d’oxygène, vous voyez tout de suite l’intérêt de ne pas en manquer.
Or, on en manque souvent. On circule en voiture, on prend l’ascenseur, on travaille assis, etc. Et je ne parle même pas de la fumée de cigarette et des particules fines…
Comment s’oxygéner ?
Je suis surpris qu’on ne commercialise pas encore des petites bonbonnes d’oxygène, avec un mini-détendeur et un petit tuyau à accrocher sous vos narines. Cela serait bien raccord, pourtant, avec notre époque mercantile. Cela ne vaudrait sûrement pas une oxygénation liée à l’exercice physique, mais ça pourrait aider. En attendant, voilà quelques suggestions:
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marcher 40 minutes
Évidemment, vous pouvez marcher moins. Un quart d’heure tous les jours, ça vaut mieux que rien, et c’est parfaitement valable. Le seul point à respecter, c’est que vous devez terminer l’exercice légèrement essoufflé. Il n’est pas utile de faire du sport intensif. Du reste, si c’est ce que vous faites une fois par semaine et que le reste du temps vous ne bougez même pas un cil, c’est sans intérêt sur le plan cérébral.
En revanche, il a été démontré qu’il faut 40 minutes de marche pour avoir un effet très bénéfique en termes de mémorisation. Les heures qui suivent cet exercice sont également très productives en termes de quantité, rapidité et créativité. Et c’est à faire sans forcer. Il suffit que le rythme cardiaque s’accélère un peu et que vous soyez légèrement essoufflé, mais pas trop. Sinon, ralentissez l’allure.
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faire de la gymnastique
La chose peut se pratiquer sur certains lieux de travail. En 2012, le conseil d’analyse stratégique (ça existe…) avait déterminé que 13 % des sportifs exerçaient un sport sur le lieu de travail. Dans les entreprises qui ont mis en place des équipements sportifs, on a pu constater un énorme recul de l’absentéisme (30 à 40 % dans les études britanniques) et un « turnover » réduit d’un quart.
Mais toutes les entreprises ne fournissent pas une salle de sport et un coach sportif !
Dans pas mal de grandes entreprises japonaises et chinoises, on a des séances collectives de gymnastique. Dans certaines entreprises chinoises, c’est carrément obligatoire. C’est plutôt facultatif dans les entreprises japonaises. Quoique, étant donné la pression de conformité qui y règne…
Avant de prendre ma retraite, entre deux patients, il m’arrivait régulièrement, quand la journée était longue, de faire des étirements et des sautillements dans mon bureau. Jusqu’à obtenir un léger essoufflement. Je peux vous assurer que les facultés intellectuelles reprennent vite leur vivacité après ça, et ça ne prend que 5 minutes.
En prime, secret n° 5: lire Épictète !
Une affaire personnelle
Ça, en effet, c’est très personnel. Mais je pense sincèrement que ça m’a aidé à devenir zen. J’ai découvert le manuel d’Épictète alors que j’avais une quinzaine d’années. Ces 15 ou 20 pages m’ont fait un effet bœuf. Du moins, l’interprétation que j’en ai faite.
Pour moi, Épictète s’est alors résumé à ceci: il y a des choses qui dépendent de nous et des choses qui ne dépendent pas de nous. Pour les premières, il est compréhensible qu’on ait des émotions. Qu’on espère. Qu’on s’inquiète. Qu’on agisse. Etc. Pour les secondes, on peut s’inquiéter, se mettre en colère, agir ou éprouver de l’amertume ou du stress, mais c’est en pure perte puisqu’on n’y peut rien. Donc c’est une « souffrance » et une dépense d’énergie inutiles.
Quand je relis Épictète aujourd’hui, je trouve son style besogneux, et je n’éprouve plus du tout ce sentiment d’évidence solaire comme je l’ai ressentie alors. Et je ne peux pas vous promettre que vous la ressentirez. Mais pour moi ça a été fulgurant.
Et, petit à petit, je me suis aperçu de mon détachement pour les choses qui ne dépendaient pas de moi. Je me suis mis à lire sur le bouddhisme, qui pour moi est dans la continuité (ou inversement) et avec lequel je me sens des affinités. Plus tard encore, je me suis mis à étudier l’art japonais de la période d’Edo, très marquée aussi par l’impermanence et la fragilité des choses.
Détachement
Quelqu’un a cassé mon verre ? Je n’y peux plus rien, à quoi bon crier sur le maladroit ? Mieux vaut ramasser les morceaux. Quelqu’un, plus tard, m’a nui au travail ? Je ne me suis pas laissé faire (ça, ça dépendait de moi) mais pour le reste… D’ailleurs, si je me souviens bien de la personne, je ne me rappelle même plus de quoi il s’agissait.
Un jour, un ébéniste indélicat a même vendu mes meubles donnés en réparation avant de brûler son atelier et de prendre la fuite. Sur le moment, j’ai éprouvé une grosse déception. Il y avait là un devant se lit clos breton (une vénérable antiquité), auquel je tenais beaucoup. Il m’arrive de le regretter encore, quand j’y pense, mais c’est ténu.
C’est plus intellectuel qu’émotif. Je crois que j’ai de la chance. Je ne veux pas dire que j’ai de la chance d’être zen. Mais j’ai eu la chance de rencontrer Epictète, d’entendre parler du training autogène, d’avoir eu envie d’un chat… La zénitude a dû commencer avec ça. Puis mes lectures bouddhiques et des petits moments de Respirelax…. Tout ça additionné…
Conclusion
Ceci était un témoignage personnel. Quant à vous, choisissez vos moyens… Tout ça fonctionne isolément ou simultanément. Tenez-moi au courant quand vous serez devenus zen.