Le Club Memori
Pour ceux qui veulent comprendre, maintenir et améliorer leur mémoire.
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LA MÉMOIRE EN PRATIQUE
Inventez vos propres moyens mnémotechniques !

Les moyens mnémotechniques sont souvent présentés comme une sorte de miracle. Grâce à eux vous allez pouvoir développer facilement et rapidement une mémoire d’éléphant. C’est du moins la promesse que font souvent leurs promoteurs.

D’un autre côté, ils ne manquent pas de détracteurs. Il faut les apprendre et c’est compliqué. Il va falloir s’encombrer l’esprit avec ça. Et puis surtout il va falloir les retenir. Si j’ai déjà des problèmes de mémoire, ça ne va pas s’arranger si, en plus, je dois mémoriser des méthodes pour retenir… Etc.

Qui a raison ?

Les deux mon colonel ! En fait ça dépend…

Ca dépend de quels procédés mnémotechniques on parle.

De quel moyens mnémotechnique parle-t-on ?

Lorsqu’un mnémoniste professionnel utilise le Ben system ou le palais de mémoire (des articles sur ces sujets vous seront proposés plus tard) il a dû longuement apprendre par cœur tout un système. Une fois cela fait, il peut y accrocher un peu tout et n’importe quoi. Il peut donc retenir ce tout et ce  n’importe quoi, en faire un spectacle, un métier.

Ce n’est sûrement pas votre cas.

Lorsque vous et moi on utilise des moyens mnémoniques comme « mais où et donc or ni car » on ne joue pas dans la même cour. L’objectif n’est pas le même. Mais, pour autant, ce n’est pas moins efficace. A priori nous savons tous nos 7 conjonctions de coordination.

A vie.

Donc ce moyen-là fonctionne. Et il ne nous a pas paru difficile à utiliser. On ne s’est même pas encombré l’esprit avec. Pour vous comme pour moi ça coule de source. Et, surtout, ça en nous encombre absolument pas l’esprit !

Alors ?

Il faut distinguer les moyens mnémotechniques généraux
et les moyens mnémotechniques spécifiques

Les premiers sont des systèmes établis, codifiés et il faut les apprendre. Par exemple les tables de rappel, le palais de mémoire ou le codage des chiffres. Voyez par exemple pour ce dernier point mon article « Le secret bien gardé pour mémoriser les codes et les numéros de téléphone« . C’est un des plus simple à apprendre, mais il faut l’apprendre quand même.

Les seonds sont des moyens que vous inventez pour les besoins de la cause et que vous pouvez retenir facilement. Vous n’avez pas besoin de faire un effort pour ça. Et en peu de temps vous stockez en mémoire ce que vous voulez mémoriser. Quand c’est fait, le moyen mnémonique disparaît de lui-même puisque vous n’en avez plus besoin.

Vous voyez donc qu’il y a un monde entre les deux.

Les moyens mnémotechniques généraux sont pérennes, constants. Ils sont peu nombreux. Vous devez faire un effort d’apprentissage plus ou moins important. Vous devez les entretenir et les utiliser souvent pour ne pas les oublier. Sinon, gare aux ratés…

Les moyens mnémoniques spécifiques sont possiblement infinis. Ils ne demandent généralement pas d’effort d’apprentissage. Une fois que vous avez mémorisé ce que vous vouliez, vous pouvez les oublier ! Votre mémoire ne sera jamais surchargée avec ça.

Comment sont inventé
les moyens mnémotechniques spécifiques?

Je vous ai cité un moyen appris à l’école. Vous ne l’avez pas inventé mais il a certainement bien marché pour vous. Comme pour moi et pour bien d’autres. D’une manière générale, en matière scolaire, ces moyens qui marchent pour Paul marchent aussi pour Joséphine.

Ils ont probablement été inventés par un élève ou un instituteur et ont eu du succès. Ils continuent à se transmettre. Ils soulagent la mémoire au début : il y besoin de moins de répétitions. Les informations sont intégrées plus vite. Vous avez mémorisé facilement. On peut dire que vous avez amélioré votre mémoire.

De la même façon quand on apprend à naviguer on retient vite que bâbord veut dire gauche et tribord droite. Qui a inventé les moyens de ne pas se tromper au début de son apprentissage ? On ne sait plus. Mais très certainement un élève ou un enseignant.

Le moyen qui s’est le plus transmis c’est que bâbord a un a comme gauche et que tribord a un i comme droite. Il y en a un second qui est de penser à « batterie ». Soit en phonétique « batri ». Dans ce mot, ba (pour bâbord) est la syllabe de gauche et tri (pour tribord) est la syllabe de droite.

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Ces moyens tout bêtes fonctionnent très bien. Au début ça dépanne et évite les erreurs. Mais au bout de 5 ou 6 utilisations on n’en a déjà plus besoin. Je l’ai vérifié moi-même quand j’ai passé mon premier permis bateau. C’est vraiment ultrarapide.

On les invente pour les oublier…

Il se produit en effet un phénomène curieux. C’est que rapidement vous n’avez plus besoin d’utiliser le « truc » pour vous rappeler.

Dans mon cas, à chaque fois que j’entendais « bâbord » dans la première demi-heure de cours je ne pouvais pas éviter de penser « bâbord avec un a comme dans gauche ». Du coup, l’association « bâbord-gauche » s’est faite automatiquement dans mon esprit.

Cela a du se produire une demi-douzaine de fois au début du premier cours. C’est la répétition qui a « gravé « cette association. Je n’avais alors plus besoin de penser « bâbord avec un a comme dans gauche ». Je pensais seulement « bâbord-gauche ». Point final !

Et quelque jour plus tard « bâbord » avait complètement remplacé « gauche » dès que je montais à bord. Ça s’est fait tout seul. Je n’avais plus besoin de la béquille mnémonique.

Sortons maintenant des apprentissages scolaires. Comment retenir des choses utiles dans votre vie courante ? Comment inventer des moyens qui marchent ?

Je vais commencer par vous donner des exemples personnels. Vous pourrez ensuite passer vous-même à l’action. Vous allez voir que ce n’est pas très difficile d’avoir une mémoire efficace. Il faut juste un peu s’en occuper.

Ainsi, il m’arrivait, en sortant de l’hypermarché, de chercher où j’avais garé ma voiture. Les travées du parking étaient désignées par des lettres. Un jour de grande affluence j’ai vraiment eu du mal à la retrouver. J’ai donc ensuite pris mes précautions… Voilà ce que ça pouvais donner.

Tel jour je me gare dans la travée F. Coup de chance elle se trouve presque en face de l’entrée du magasin. Moyen mnémonique facile à trouver. « Je suis garé en Face » avec un F comme ma travée. Un autre jour c’est la travée L : « zut aujourd’hui c’est Loupé ». Une autre fois c’est le D : « ça va être Dur à retrouver » (en fait pas du tout !) etc.

Phrases-clé et indices de rappel

Dans ces exemples j’utilisais une phrase clé comme indice de rappel. Un indice de rappel c’est quelque chose qui va vous faire penser à ce que vous voulez mémoriser. Or il est plus facile de se rappeler d’une phrase que d’une lettre. Une phrase clé c’est donc une phrase qui va contenir un indice qui va vous rappeler ce que vous voulez mémoriser.

Et ça marche, à une seule condition : vous concentrer 3 secondes sur votre phrase-clé (Voyez l’importance de ces trois secondes dans mon article « L’attention et la concentration« ).

A chaque stationnement une invention nouvelle. Pour la travée K « en sortant je vais entendre mentalement ma voiture Klaxonner toute seule ». Pour le M « M… je ne sais plus où j’ai garé ma voiture ! ». Pour le C, un jour, j’ai imaginé une famille de Cacatoès en train de fienter sur mon véhicule… Etc.

Ce qui nous amène à l’importance de la visualisation. Se fabriquer une image mentale augmente toujours la facilité à vous remémorer. L’expérience démontre que si vous mettez du mouvement, de la couleur, de l’exagération, de l’incongru, ça marche encore mieux.

Je peux vous assurer que les cacatoès colorés et en… activité me sont revenus en mémoire à la seconde où je suis sorti du magasin ! Je suis allé tout droit au bon endroit…

Aujourd’hui le magasin a changé son organisation et les travées sont désormais numérotées. Je confesse que c’est un peu plus difficile de trouver des indices de rappel pour des nombres. Mais ça marche quand même, je vous en  parlerai un autre jour.

Autres moyens mnémoniques faciles à utiliser.

Ah oui ! En fait, on dit parfois « mnémonique ». C’est plus court. Je me dit parfois qu’on devrait réserver « mnémotechnique » pour les systèmes généraux et dire « mnémonique » pour les nombreux moyens spécifiques.

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Quoi qu’il en soit, j’avais une carte de magasin dont le code était 6854. Est-ce un coup de chance ? Ce nombre m’a immédiatement fait penser à mai 68 et hiver 54… Je suis assez âgé pour me souvenir de l’un et de l’autre. Cela a été suffisant pour fixer définitivement ce code dans ma mémoire.

Définitivement, oui, puisque je m’en souviens encore… bien que ma carte ait été changée et ce ne soit plus le même code secret. Pour ce dernier, aucun coup de chance en tout cas. Mais j’ai quand même trouvé un moyen simple de le retenir, et sans utiliser le code phonétique (voir article Le secret bien gardé pour mémoriser les codes et les numéros de téléphone). Ma carte étant en cours de validité je ne vous en dirai pas plus…

J’ai eu un jour une difficulté à retenir un nom propre : EBERHARDT. Il n’est pas très compliqué mais il m’échappait assez souvent. Comme il y a un piano chez moi, c’est sa marque « ERARD » qui m’est venu tout de suite à l’esprit. Et j’ai imaginé ce monsieur en train de jouer du piano ERARD au milieu du salon. Et je me disais « Eh bé ! Erard !».

Tiré par les cheveux ? Evidemment oui. Et alors ? C’est comme ça que ça marche le mieux ! Au début, il fallait que j’ailler chercher cette image mentale quand je rencontrais ce monsieur. Puis celle-ci a disparu. A partir de là le nom Eberhardt arrivait tout seul.

Retenir un nom compliqué

D’autres fois, on se demande pourquoi, un nom compliqué se retient facilement. J’ai eu à travailler avec un collègue nommé RAMOENSLINTALAMA. Croyez-le ou non mais je n’ai jamais eu besoin d’un quelconque indice pour m’en rappeler. Alors que les collègues l’appelaient RAM pour simplifier je n’ai jamais eu de difficultés avec ce nom.

Mais j’aurais pu faire une image mentale où je l’aurais vu avachi sur une femelle lama. Et la phrase-clé correspondante aurait pu être « tu es ramolli sur ta lama« 

Vous aussi, vous avez sûrement déjà constaté cela. Il arrive qu’on puisse retenir facilement des choses compliquées… et inversement. Je ne vous expliquerai pas pourquoi parce que je n’en sais rien. Ce sont là des phénomènes inconscients.

Encore un exemple avec un nom propre. J’avais du mal avec une adresse pourtant simple « place Robert CREUX ». J’ai examiné la place à la recherche d’un indice de rappel. J’ai remarqué alors une plaque commémorative en l’honneur de ce jeune homme fusillé là par les Allemands.

Je me suis simplement dit qu’il y avait là une histoire émouvante « en creux » à cet endroit. Depuis lors le nom de cette place me revient toujours à la seconde. Et je n’ai finalement jamais eu besoin de faire appel à cet indice de… rappel. Avoir eu cette pensée une fois a suffi.

Cette expérience n’est pas rare. Il arrive assez fréquemment que faire une recherche sur le moyen de se rappeler suffise. Parce que cet exercice, qui suppose une attention réelle pendant une minute, permet une consolidation de l’information que l’on cherche à retenir.

Ce qui nous montre bien, s’il en était besoin, le rôle de l’attention. Finalement se fabriquer un indice de rappel c’est revenir aux fondamentaux de la mémorisation : attention (et concentration si possible) d’abord et avant tout.  Je vous ai indiqué plus haut mon article sur la question.

Encore d’autres exemples de moyens mnémoniques

Essayez par exemple l’histoire à dormir debout. Dynamique et loufoque. C’est le type même de la méthode qui vous oblige à inventer (mais sans douleur…).

En fait c’est déjà une méthode donc vous pourriez avoir envie de la classer parmi les moyens généraux, les méthodes établies qu’il faut apprendre. Sauf qu’e non, il n’y a pas d’apprentissage normalisé, vous faites comme vous voulez.

Et le mode d’emploi tient en une ligne. Ne me dites pas que vous aurez du mal à mémoriser ça !

En fait c’est très simple : vous liez les éléments à mémoriser les uns avec les autres. En y mettant de l’imagination, de la couleur, des sons, du mouvement, de l’invraisemblance, de l’exagération, ce que vous voulez !

Arrivé là, je sens que vous êtes perplexe. Vous voulez avoir des exemples je parie ? Il suffit de demander…

Par exemple je veux me rappeler de plusieurs choses à faire cet après-midi. Quel est meilleur moyen mnémonique ? Ben c’est simple, faire une liste ! Non, je plaisante, ça ne fera pas marcher votre mémoire. L’écriture est l’ennemie de la mémoire. Rappelez-vous mon article « Comment l’homme préhistorique… ».

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Mais on va quand même provisoirement faire une liste des choses à faire, juste pour l’exemple… Admettons que vous deviez aller chez le coiffeur à 14 h, ensuite aller prendre chez votre grand-mère un aspirateur à porter au SAV.

En sortant du SAV ça serait bien que vous achetiez des biscuits apéritifs pour l’invitation du lendemain. Et ensuite que vous alliez poster ce colis qui traîne dans votre voiture depuis 2 jours. Et en revenant que vous alliez relever la boite aux lettres du voisin parti en vacances.

Tout ça en supposant que vous avez listé les tâches dans l’ordre chronologique. La chronologie est ici dictée par la géographie. C’est a priori à faire dans l’ordre pour faire le moins de chemin possible. Supposons aussi que vous preniez un café en fin de repas. Vous devez partir ensuite chez le coiffeur.

Inventer une histoire à dormir debout…

Vous êtes prêt(e) ? Allons-y pour l’histoire dynamique et loufoque !

Imaginez ceci : vous prenez votre café vers 13 h 30 et alors on sonne. C’est le coiffeur en colère qui se plaint que vous l’invitez jamais à prendre le café. Vous lui servez un café puis vous allez avec lui à son salon. Au lieu de s’occuper de vous, voilà qu’il se met à passer l’aspirateur !

Vous rouspétez mais il vous explique que des clients ont bâfré ce matin des biscuits apéritifs en discutant et en ont mis partout. Il vide son aspirateur dans un carton et vous demande si vous voulez bien le leur poster, histoire de leur renvoyer leurs saletés. Mais au lieu de ça vous allez le vider dans la boite aux lettres de votre voisin !

C’est un exemple parmi d’autres. Juste pour illustrer la méthode. Mais en fait il n’y en a pas vraiment (de méthode). Tout est bon pourvu que vous fassiez un lien déroutant entre chaque élément. Ensuite votre histoire se déroule dans l’ordre. Et plus elle sera insolite mieux c’est.

Ici vous avez une chaîne d’indices de rappel liés les uns aux autres. Pour commencer : votre café. En prenant le café le coiffeur va se manifester… à votre esprit. En arrivant chez le coiffeur (et même en partant) vous ne pourrez pas vous empêcher de l’imaginer en train de passer l’aspirateur. Vous voilà parti chez votre grand-mère. Etc.

…ou une autre !

Ce qui compte c’est que vous inventiez vous-même votre histoire. Elle sera encore plus facile à retenir que si on la fabriquait pour vous. Mais à vrai dire, quand on fabrique une histoire de ce genre on la retient tout de suite pour la journée.

On n’a pas besoin de l’apprendre, ça se fait tout seul. Parce que ça sort de l’ordinaire et que vous y avez prêté attention puisque c’est votre invention. Laissez aller votre imagination. D’ailleurs vous auriez pu imaginer autre chose.

Par exemple que, en buvant votre café un de vos cheveux est tombé dedans… Décidément il faut aller chez le coiffeur. Quand vous arrivez il y a la queue parce que, aujourd’hui, il offre un aspirateur pour une coupe de cheveux… et il invite tout le monde à l’apéro ce soir ! Il faut juste que chacun amène les biscuits apéritifs. Etc.

A vous de faire des liens. Fabriquez une histoire bizarre et vous ne l’oublierez pas. Ne soyez pas coincé du bulbe. N’hésitez pas à lâcher la bride à vos idées farfelues. N’hésitez pas vous amuser. Si vous êtes en famille avec des enfants, vous pouvez en faire un jeu de mémoire. Même pour aller faire des courses.

Faites les courses sans liste !

Au lieu de râler s’ils n’aiment pas ça, ils vont maintenant s’amuser. Le défi c’est de partir sans liste. Même si il y a 25 items. Si vous vous essoufflez avec une seule histoire, vous pouvez en faire plusieurs. Mais vous pouvez aussi bien
garder une longue histoire et charger chaque membre de la famille d’en retenir chacun une portion…

Personnellement j’ai un faible pour la longue histoire unique loufoque. C’est un défi pour tout retenir et les enfants adorent ça. Et pas de crainte à avoir. Collectivement vous n’oublierez rien. A plusieurs, vous avez plusieurs mémoires disponibles! Une éventuelle défaillance de l’un serait compensé par la performance d’un autre. Donc laissez la liste à la maison ! Non, ne trichez pas…

A noter que si vous n’avez pas d’enfants, rien en vous interdit de vous amuser tout seul. retenir une liste de courses est un excellent entrainement pour améliorer votre mémoire. St si elle vous parait trop longue, vous pouvez n’en traiter qu’une partie. Pour le restant, bon, d’accord, mettez la liste dans votre poche.

Et maintenant ne vous contentez pas de trouver ça dingue, faites-le donc !

Just do it guy !

Ça marche !