Le Club Memori
Pour ceux qui veulent comprendre, maintenir et améliorer leur mémoire.
Vulgarisation scientifique, méthodes, trucs et astuces pour bien mémoriser.

Améliorer votre mémoire, la booster, l’activer,
la retrouver, l’organiser, l’augmenter, la muscler etc…

Que de titres ronflants sur l’Internet… Tant qu’à faire, j’ai rajouté « facilement » et « jeu », histoire d’être « raccord » avec l’esprit vacances qui est de mise en ce moment.

Le slogan de mon blog, c’est « vulgarisation scientifique trucs et astuces pour bien mémoriser. ». Si vous me lisez régulièrement, vous savez donc que que je ne raconte pas n’importe quoi. Alors faites-moi confiance ça va rester sérieux ! Mais ça n’en aura pas toujours l’air. Simplement parce que je ne vais pas trop insister sur les études scientifiques et ne vous donner que les résultats. Et puis, c’est vrai, on va en faire un jeu.

Article mis à jour le 7 mai 2022

Malgré tout, au cas où vous auriez oublié (oh ! shocking !) comment fonctionnent la séquence neurologique et la séquence cognitive de votre mémoire, il ne vous serait pas interdit de la rafraîchir… Ça pourrait se faire ici, en très résumé. Disons que ça pourrait vous être utile…

Oui, vous pouvez améliorer facilement votre mémoire. Ce n’est pas une blague. c’est ce qu’on va voir ici.

Oui vous pouvez le faire en vous amusant. Ce n’est pas une blague. C’est une question d’état d’esprit.

Voici quelques exemples en vrac. Vous allez voir qu’on est loin des méthodes mnémotechniques compliquées et qui demandent de s’entraîner quasiment en permanence. Non, rien de tel ici. Aujourd’hui (il y aura une suite), nous allons jouer avec les associations et la visualisation.

1) Associez (votre mémoire adore ça)

Faites-le et vous n’aurez jamais de trous de mémoire. La restitution des souvenirs vous sera bien plus facile et rapide. Pourquoi ? Parce que votre mémoire est  associative. Ainsi, toute unité de mémorisation est reliée à plusieurs autres qui le sont elles-mêmes à plusieurs autres et ainsi de suite.

Au bout de quelques niveaux seulement, n’importe quelle information mémorisée peut trouver un chemin vers n’importe quel autre par simple association.

Ça rappelle un peu la théorie des 6 degrés de séparation. Elle édicte que vous pouvez atteindre n’importe qui, même la reine d’Angleterre, à travers une chaîne de relations individuelles de six maillons maxi.

Ça date de 1929. Depuis on a vérifié. Par exemple en vous demandant de transmettre une lettre à des personnalités a priori non atteignables. Vous devez l’envoyer à quelqu’un susceptible de connaître quelqu’un lui-même susceptible de connaître quelqu’un qui, etc… Un nombre étonnant de lettres arrive à bon port avec une moyenne de moins de 6 maillons.

Aujourd’hui, sur Facebook, c’est à peine 4 maillons…

Le cerveau n’a pas attendu cette théorie pour fonctionner ainsi. Plus une information est reliée à d’autres et moins de maillons seront nécessaires pour aller la chercher. Les indices de récupération (ou de rappel) seront alors beaucoup plus nombreux. Plus il y a de voies pour aller chercher un souvenir, plus le rappel sera facile et rapide. Associez, et vous améliorez votre mémoire…

Toutefois, privilégiez les associations volontaires:

Il y a deux grands types d’associations:

  • celles que vous faites automatiquement, inconsciemment, et qui vous aideront moyennement
  • celles que vous faites volontairement, consciemment, et qui vous aideront beaucoup plus.

Utilisez donc intentionnellement ces dernières. Et amusez-vous avec ça. Rappelez-vous que vous avez décidé de jouer avec votre mémoire. Non ?

Alors, si vous rencontrez quelqu’un dont le nom vous rappelle celui de votre oncle, associez consciemment les deux. Admettons qu’il s’appelle Maréchal et que votre oncle ce soit Marchal. « Le nom de mon voisin ressemble à celui de mon oncle » n’est pas un mantra. Mais cela crée une association entre les deux noms Maréchal et Marchal. Du coup, cela vous permettra de retrouver plus facilement son nom lors de la prochaine rencontre.

Admettons aussi qu’il soit petit. Si vous êtes historien, vous connaissez peut-être Henri Clément d’Argentan, maréchal de France en… 1204. Il était surnommé « le petit maréchal ». Lier le nom de votre interlocuteur à la notion de « petit » et à un maréchal de France, voilà une autre association efficace.

Admettons qu’il ait une allure molle et une démarche traînante. Vous pouvez vous dire qu’il ne ferait pas un maréchal de France très crédible… Ou le contraire s’il a une allure raide ou martiale

Etc. Tout est bon pour faire des associations ! Avec ça, vous améliorez le rappel.

2) Visualisez (votre mémoire adore ça)

Votre cerveau, dont votre mémoire dépend, a des aptitudes étonnantes à analyser, relier, associer les informations qui lui parviennent. Mais, quand l’association est déjà faite par vous même, vous lui facilitez la tâche. Et c’est encore plus vrai quand vous lui fournissez des images.

L’efficacité des images est époustouflante. On peut avoir des trous de mémoire assez facilement avec des informations purement factuelles ou descriptives. Par exemple, avec la hauteur du Mont Blanc ou avec l’accord du participe passé.

Mais c’est très difficile d’avoir des trous de mémoire avec des images. Notamment à cause du double codage. La théorie (vérifiée depuis) a été développée par Allan Paivio en 1971.

Qu’est-ce que le double codage ?

Si je vous dis « grenouille », vous faites appel au codage verbal (lexical et sémantique) pour vous rappeler ce que c’est. C’est un premier codage (déjà double en fait…).

Si je vous montre une grenouille, ce que vous voyez s’associe avec une image standard de grenouille stockée  depuis longtemps dans votre mémoire imagée. C’est un autre type de codage.

Mais, quand je vous montre ma grenouille, vous faites aussi une association automatique avec le sens du mot grenouille dans votre mémoire verbale (sémantique et lexicale). C’est ce qu’on appelle le double codage, même si, en fait il est plutôt triple… Pour peu que vous dessiniez la grenouille, il sera même quadruple parce que vous aurez activé aussi votre mémoire motrice.

Quoi qu’il en soit, retenez qu’il vous est impossible de voir une grenouille (ou une image de grenouille) ou de dessiner une grenouille, sans penser que c’est une… grenouille. Impossible donc, de ne pas activer vos mémoires sémantique et lexicale… Les images sont un moyen simple d’améliorer l’intégration et donc la restitutions des informations mémorisées.

Ça marche aussi bien avec les images mentales

En fait, vous n’avez pas besoin d’une image matérielle. On sait cela depuis l’Antiquité. Lorsque Quintilien et Cicéron se font l’écho de la méthode des loci (des lieux) de Simonide, ils insistent bien sur les associations entre les images. Les lieux sont purement imaginaires et ils y associent mentalement les informations dont ils veulent se souvenir. Et ça marche…

Le fait que vous utilisiez en première intention votre mémoire visuelle (à moins que vous ne soyez musicien ou « nez » chez un parfumeur..) y est pour beaucoup. Notre cerveau est configuré par défaut pour les images mentales. Vous pouvez donc imaginer simplement la grenouille, la « voir » mentalement. Et vous activez automatiquement vos mémoires sémantique et lexicale. Si, en plus, vous avez déjà pêché la grenouille vous activez aussi votre mémoire tactile (sensation de la grenouille qui vous glisse dans les doigts). Vous ne pouvez pas faire autrement.

Amusez-vous donc à associer ce que vous voulez retenir avec une image mentale. Visualisez cette association, en fermant les yeux si c’est plus facile pour vous comme ça. Par exemple, visualisez le monsieur Maréchal de tout à l’heure.. Imaginez que vous le croisiez sur le trottoir, à cheval, parmi les badauds à pied, en grand uniforme de maréchal…

Le mieux, si vous pouvez, c’est de vous fabriquer cette imagerie tout de suite, quand vous le rencontrez pour le première fois. Difficile si vous êtes seul avec lui, mais assez facile s’il n’a pas que vous comme interlocuteur. Vous avez alors tout loisir de l’observer et de l’imaginer.

Quoi qu’il en soit, quand vous le verrez la prochaine fois, cette image vous reviendra à la seconde. Essayez juste de ne pas vous marrer en y repensant… Faites-le et vous verrez que ça marche.

Et ça marche pour à peu près n’importe quoi

Ainsi, un collégien retiendra mieux une poésie s’il la visualise. Il s’agit alors de s’en faire plus qu’une image: une sorte de film mental. Par exemple:

Un mort s’en allait tristement
S’emparer de (1) son dernier gîte ;
Un Curé s’en allait gaiement
Enterrer ce mort au plus vite.
Notre défunt était en carrosse porté,
Bien et dûment empaqueté,
Et vêtu d’une robe, hélas ! qu’on nomme bière,
Robe d’hiver, robe d’été,
Que les morts ne dépouillent guère.
Etc…

La bonne méthode pour mémoriser ça

Se fatiguer à répéter 2 vers, puis 3, puis 4 etc., ce n’est pas la meilleure façon d’apprendre et, surtout, de retenir. Pour mieux mémoriser, visualisez l’histoire tout en la lisant. Voyez ce mort assis dans son cercueil ouvert et tressautant dans les cahots. Voyez ce petit curé joyeux trottinant et sautillant à côté du « carrosse ». Revoyez le mort dans un paquet oblong tout ficelé sur lequel trône un bock de bière et deux robes…

Après la troisième lecture visualisée, l’apprentissage se fera tout seul !

J’ai choisi exprès un sujet un peu scabreux pour montrer les images que l’on peut fabriquer: pas très réalistes, vous voyez.  Mais justement, plus elles seront hors normes; bizarre et fantasmagoriques et mieux ça marchera. Cependant, une telle histoire ne dispensera pas de mémoriser les vers eux-mêmes. Elle va simplement fournir l’enchaînement du récit. Mais voilà, soutenu par la structure du récit l’apprentissage du texte et sa mémorisation seront bien plus rapides.

Et n’hésitez jamais à en faire trop ! Fabriquez-vous des images ou des « films » en couleurs, avec du mouvement, des odeurs, des exagérations des bruits etc. Plus vos sens seront sollicités et plus ça sera mémorable.

Sur ce principe vous pouvez mémoriser aussi bien des liste de courses que le plan de votre discours pour la retraite de Valérie. Si j’osais, je dirais que les images sont à la mémoire ce que le sel et les épices sont à la cuisine. Vous vous rappellerez le goût d’un plat bien cuisiné et bien assaisonné. Mais sûrement pas le goût d’un plat insipide ou mal assaisonné. Vous ne trouvez d’ailleurs pas les mots pour le décrire.

Ben voilà, la mémoire c’est pareil. Des informations mémorisées sans images seront insipides et difficiles à ramener à la conscience.

3) Jouez, amusez-vous (ça va muscler votre mémoire)

Tous les exercices ne se valent pas pour cela. Certains donnent même l’impression que la mémoire progresse alors que ce n’est pas le cas. Ainsi les exercices du Dr Kawashima, sur Nintendo,  ne montrent aucun progrès de la mémoire en dehors de la NItendo…

En revanche, tout ce qui demande de l’attention et fait fonctionner votre réflexion est bon pour la cognition en général et pour la mémoire en particulier. Les mots mêlés, par exemple, sont excellent pour affermir votre attention.

Soyez inventif

Par exemple ne prenez pas les mots qui figurent dans la liste pour aller les chercher dans la grille. Au contraire, trouvez autant de mots que vous pouvez dans la grille et voyez s’ils sont dans la liste. Si oui, vous les barrez, si non vous les notez. Cet exercice est excellent pour l’attention (et la concentration). Vous avez reconnu là le premier maillon de la séquence cognitive (voir tout au début) n’est-ce pas ?

A la fin, vous notez le pourcentage de mots rayés dans la liste et le nombre de mots trouvés dans la grille et qui n’y figurent pas. Additionnez les deux chiffres. Par exemple vous avez rayé 62 mots sur 104 et vous en avez trouvé 21 nouveaux. Votre note est de 83. Faites régulièrement des grilles de taille identique. Si ce chiffre augmente au fil du temps, cela indique un progrès en matière d’attention, transférable dans d’autres opérations cognitives demandant de l’attention. C’est mieux qu’avec la Nintendo !

Les jeux de société

Les jeux de société ne sont pas faits a priori pour entretenir ou améliorer votre mémoire. Certains ont quand même un intérêt évident. C’est la cas des jeux à base de mots.

En effet, il y a une corrélation bien établi entre la mémoire et l’étendue du vocabulaire. Tous les tests de mémoire et de vocabulaire montrent des résultats corrélés.

Donc, vous pouvez jouez en famille ou en société à des jeux fondés sur les mots. Le scrabble par exemple. Ce n’est pas lui qui, en soit, va fortifier votre mémoire. Mais si, à travers lui, vous augmentez votre vocabulaire, c’est très positif pour elle.

Soyez encore plus inventif

Inventez des jeux a base de vocabulaire… Faites un concours de synonymes ou ’antonymes. Trouvez en temps limité le plus de mots possibles commençant ou se terminant par une syllabe déterminée. Ou bien des mots comportant  une suite de lettres. Organisez un défi orthographique.

N’hésitez pas à détourner les règles des jeux que vous connaissez, comme dans l’exemple des mots mêlés. Par exemple les mots croisés: quand vous avez fini une grille, cherchez des définitions originales pour chaque mot. Vous pouvez en faire un concours entre amis.

Inventez une histoire à coucher dehors. Donnez une première phrase. Le joueur suivant la répète et et en rajoute une autre. Et ainsi de suite. Vous devez donc retenir une histoire de plus en plus longue et généralement loufoque. Vous verre que, paradoxalement, vous serez capable d’en retenir une bonne page. La raison se trouve dans l’audition des répétitions (dernier maillon de la séquence cognitive…) faites par vos camarades de jeu.

Ce jeu intéresse autant les enfants que les adultes et donne lieu à pas mal de fous-rires.

En tout cas, chaque fois que vous aborderez un jeu nouveau votre cerveau va créer de nouveaux circuits neuronaux. Lesquels favorise l’intégration et le rappel, voir ci-dessous.

L’intérêt d’inventer des jeux, c’est que votre cerveau va devoir créer de nouveaux circuits neuronaux. Ces nouvelles connexions favorise l’intégration (revoyez les deux séquences de la mémoire)  et donc le rappel,. Tout se tient ! La science et l’amusement ne sont pas antinomique.

(à suivre)