Le Club Memori
Pour ceux qui veulent comprendre, maintenir et améliorer leur mémoire.
Vulgarisation scientifique, méthodes, trucs et astuces pour bien mémoriser.

LA MÉMOIRE EN PRATIQUE

COMMENT VOUS CONCENTRER
La méthode en 5 points

Cet article vient en complément de l’article « L’attention et la concentration »    Si vous avez lu cet article et celui plus général  sur le fonctionnement de la mémoire « Les secrets de la mémoire« ,  vous savez maintenant qu’il s’agit d’une chaîne. Je vous la rappelle, en 3 temps, comme une valse :

Acquisition de l’information grâce au pack suivant : perception –attention – concentration.

Puis le rangement dans votre bibliothèque cérébrale : transmission –stockage –intégration.

Enfin l’utilisation efficace des données : consolidation – rappel

On peut toujours améliorer le 3ème temps. Mais si les 2 premiers ne sont pas au top ça ne sera pas très efficace. Améliorer le second d’abord c’est déjà mieux. Mais le meilleur moyen de booster votre mémoire c’est quand même de mettre le paquet sur le premier temps.

Aujourd’hui nous supposons que vos perceptions internes et externes sont bonnes. Nous supposons que votre attention est correcte. Mais que vous avez du mal à rester concentré.

Rassurez-vous, vous n’êtes pas tout seul dans ce cas-là.

Loin de là.

Nous sommes même arrivés à un moment de l’histoire où tout est fait pour vous déconcentrer. Vous êtes sollicité de partout. Les émails, les publicités, les applications mobiles, vos notifications Facebook, les SMS et j’en passe.

A l’impossible nul n’est tenu

Il fut en temps où l’on travaillait plus, 6 jours par semaine, et la télévision n’avait pas encore pénétré les foyers. Encore moins les ordinateurs, les tablettes et les smartphones. Le dimanche on se concentrait sur le repas dominical, les relations familiales ou amicales, une sortie au cinéma…

On prêtait plus d’attention à ce que l’on faisait parce qu’on en faisait moins.

Et avec plus d’intensité.

Maintenant il faudrait faire tout à la fois… et être attentif à tout.

Ce n’est pas possible.

Alors se concentrer…

Finalement la concentration c’est quoi ? Une attention améliorée peut-être ? C’est un peu ça. J’ai l’habitude de comparer le fonctionnement de la mémoire avec celui d’un appareil photo numérique.

Dans cette comparaison, vos perceptions correspondent au capteur de l’appareil. L’attention correspond à la visée sur votre sujet. Et la concentration, bien sûr, correspond à la mise au point sur le sujet. De sorte qu’il se détache bien sur le fond qui, lui, va perdre de son importance.

C’est cette mise au point qui est devenue difficile. Parce vous voudriez pouvoir être concentré sur trop de choses.

C’est impossible.

D’abord parce que vous ne pouvez-vous concentrer que sur une seule chose à la fois. Ensuite parce que plus les sollicitations d’attention sont nombreuses moins vous pouvez vous concentrer longtemps. Votre cerveau ne peut pas tout.

Pour vous concentrer vous devez avoir une méthode

N’espérez pas être concentré plus d’une heure d’affilée. Certains le peuvent. Mais si vous êtes là, c’est sans doute que ce n’est pas votre cas… Pour la plupart des gens c’est carrément un record. Tablez plutôt sur 45 minutes maxi. Je ne parle pas de votre attention. Vous pouvez être « raisonnablement attentif » pendant 90 minutes. Selon votre état général et votre motivation.

Et « raisonnablement » signifie que vote attention aura quelques faiblesses, des micro-distractions… C’est normal. L’attention n’est pas la concentration. Pour ce qui est de la concentration il est nécessaire aujourd’hui d’avoir une méthode.

Un terme étrange quand on pense que se concentrer devrait pouvoir être naturel. Cela se faisait peut-être tout seul autrefois. Mais plus maintenant. Ou alors vous vivez au fond des bois, loin de toute civilisation… Dans ce cas, vous n’avez pas besoin de moi. D’ailleurs vous n’avez pas Internet et vous n’êtes pas en train de me lire…

Si, au contraire, vous vivez dans l’éparpillement comme presque tout un chacun, vous avez besoin d’une « rééducation »… J’ai la méthode pour ça…

LA MÉTHODE EN 5 POINTS

Donc pour rester concentré il vous faut :

– 1 – déterminer votre sujet et un seul
– 2 – vous bloquer un temps de 45 minutes isolé du monde.
– 3 – dans un endroit propice au travail
– 4 – vous motiver à fond pour traiter (apprendre, comprendre…) ce que vous avez à traiter (à apprendre, à comprendre…).
– 5 – arrêter quand vous décrochez.

Explications.

– vous ne pouvez pas faire la mise au point sur plusieurs choses à la fois. N’essayez même pas. Si votre sujet est complexe, décomposez-le et ne traitez qu’un aspect à la fois. S’il n’est pas complexe mais long, découpez-le carrément en tranches. Idéalement une tranche devrait pouvoir se traiter en moins d’une demi-heure.

– isolé du monde veut dire dans un endroit où vous ne serez pas dérangé. Affichage DO NOT DISTURB si nécessaire ! Pas de téléphone, pas d’ordinateur. Sauf si vous travaillez dessus. En ce cas, fermez votre messagerie, votre Messenger, vos notifications Facebook et autres. C’est IMPÉRATIF.

– un endroit propice au travail est un endroit sans tentations… et dans lequel vous vous sentez bien. Un endroit où se trouve aussi tout ce dont vous avez besoin pour travailler. Crayons, papier, dossiers, documents. Tout doit être à portée de main.

– la concentration suppose une décision ferme de votre part. Vous devez décider de ne rien faire d’autre pendant les 60 minutes que vous avez programmé. Si vous n’avez pas cette motivation-là, ça ne marchera pas. Dans ce cas, laissez tomber et allez plutôt regarder des vidéo de chatons sur la toile, ça vous plaira plus que de travailler.

– si votre esprit s’évade au bout de 20 minutes ARRÊTEZ-VOUS. Mais ne rallumez pas vos appareils, ne remettez pas en route vos sujets de distraction. REPOSEZ-VOUS. Respirez, faites un peu d’exercice sur place, sautillez, bondissez, faites des moulinets avec les bras ! Cela vous fera secréter des endorphines. C’est bon pour la motivation. Faites cela pendant seulement 3 minutes, ça suffit. Reprenez ensuite votre travail jusqu’au terme des 45 minutes programmées.

Et ensuite?

Après quoi, si vous avez un deuxième point à traiter en mode concentration laissez passer 10 à 15 minutes avant de vous y remettre. En attendant, rêvassez, faites des pompes ou faite le tour du pâté de maison au petit trot.

Attention : si votre premier essai a duré 45 minutes sans escale, n’espérez pas faire autant la deuxième fois. Vous ferez peut-être 35 à 40 minutes. Réservez-vous quand même 45 minutes car vous aurez peut-être besoin d’un entracte.

C’est peu ? Eh oui. Ce sont des chiffres réalistes aujourd’hui. La vie moderne a fait de nous des impotents de la concentration.

Certains, comme tel directeur de recherche en neurosciences cognitives à l’Inserm (1), pensent que non. Que la concentration n’est pas moins bonne aujourd’hui. Ce serait seulement le volume d’information qui a augmenté.

Mon œil !

Ce doit être un p’tit jeunot. Il n’a pas du connaître les temps anciens… Le problème est mieux connu des psychologues car c’est devenu un motif de consultation chez les psys.

Et que voit-on ? Que même en présence d’un flot réduit d’information, la plupart des gens ont un mal fou à se concentrer. Quel que soit l’âge. Je me rappelle encore des sessions de formation que j’organisais dans les années 80 : de 9 h à 12 h sans pause. Et de 14 h à 17 h sans pause. Et sans problème…

C’est devenu impossible.

Avez-vous envie de vous concentrer? 

Demandez à tous les intervenants en entreprise : capter l’attention du public plus d’une heure est un exploit. Demandez aux conférenciers : ils sont obligés de recourir à des artifices : musique entraînante, faire battre des mains régulièrement, poser des questions au public etc. sinon il décroche.

Et que dire des enfants ? Ce sont les plus touchés par la difficulté à se concentrer. Et je me suis laissé dire que notre chercheur de l’Inserm intervient dans les écoles pour aider les élèves à se concentrer. Il y a un vrai besoin.

Mais revenons à vous. Si vous êtes là, c’est que vous avez envie de faire quelque chose. Vous avez bien raison. Et j’affirme que vous avez besoin de motivation et de concentration. Pour cela vous devez impérativement appliquer la méthode en 5 points. Pour une raison simple :

Elle marche à tous les coups.

Sauf si… vous ne respectez pas les consignes.

Découpez votre tâche en tranches

Le plus gros écueil, en général, c’est l’ampleur de la matière à traiter. Les gens, pour la plupart, ont les yeux plus gros que le ventre. Ne tombez pas dans ce travers. Surtout si vous êtes pressé… dans ce cas hâtez-vous lentement !

Découpez votre tâche en sous-tâches élémentaires d’une demi-heure environ. Vous aurez toujours tendance à sous-estimer le temps nécessaire. Si vous prévoyez une demi-heure, ça vous tiendra occupé pendant trois quarts d’heure ! Ne prenez pas le risque de dépasser votre temps optimal de concentration.

Beaucoup d’échecs sont dus à des tranches trop grosses.

Si vous appliquez la méthode je vous annonce une bonne surprise : vous serez heureux. Au lieu de vous être éparpillé et de n’avoir pas fait ce que vous auriez du, vous aurez au contraire avancé. Au lieu de vous sentir épuisé en fin de journée, vous vous sentirez un peu fatigué mais heureux. De la bonne fatigue !

Une autre raison pour laquelle vous pourriez échouer, ce sont les idées parasites. Mais rassurez-vous j’ai l’arme absolue.

Définitive.

Jamais plus vous ne serez distrait par une idée parasite !

Comment évacuer les idées parasites? 

Non, jamais. Je sais de quoi je parle, j’en connais un rayon là-dessus. C’est à cause de mon ex-métier. J’ai été 43 ans  psychanalyste. Quel rapport ? C’est qu’un psychanalyste voyez-vous, devrait avoir une mémoire d’éléphant.

Certes, contrairement à une idée répandue on prend peu de notes. Juste ce qui est important, parfois un mot ou une phrase par séance. On est dans « l’attention flottante » qui est une concentration de très haut niveau… inconnue du commun des mortels. Sauf peut-être des moines bouddhistes en méditation ?

Mais il ne faudrait pas que notre esprit de Ninja supérieur soit distrait, n’es-ce pas?  Surtout par une sournoise idée parasite venue des couches les plus basses de ce bas-monde…

Eh bien cela arrive régulièrement! Une idée parasite arrive sournoisement, c’est couru d’avance, sans avoir la politesse de prévenir.

Mais aussitôt liquéfiée, annulée, ventilée, dispersée, évanouie, désintégrée… bref réduite à néant. Comment réussissons-nous ce prodige?

Le secret est bien gardé dans la profession. Mais je vais vous le révéler. Je sais que les collègues vont vouloir me lyncher mais ils en seront pour leur frais. Je suis devenu intouchable, j’ai pris ma retraite !

Bon je ne vais pas vous faire languir plus longtemps. Mais soyez bien conscient de la valeur insigne que je vous livre. C’est quand même la toute première fois que ce secret bien gardé est révélé. Voilà : le grand secret c’est… le carnet !

Ben oui quoi le carnet. Vous n’avez jamais vu des caricatures de psychanalyste derrière le divan ? Avec son carnet et son crayon ? Je parie que vous croyez qu’il note ce que dit le patient… C’est ça ? Vraiment ? Mon pauvre chou, vous vous êtes bien fait avoir !

Mais non voyons, le carnet c’est la sulfateuse anti idées parasites !

C’est un instrument d’une efficacité diabolique. Mais attention, il faut bien respecter le mode d’emploi.

– avoir un carnet à portée de main
– avoir un crayon à portée de main
– quand l’idée parasite arrive (dans le genre « zut j’ai oublié de me brosser les dents ») attrapez le carnet d’une main et le crayon de l’autre
– notez rapidement « brosser dents » ou même simplement « dents »
– reposer le tout.

Si c’est bien fait ça prend 3 secondes. J’adore les trucs en 3 secondes. Et ça marche !

Dans un métier comme celui que j’ai exercé le moindre mot du patient peut avoir une importance capitale. Pas question de se déconcentrer. J’ai vite compris que je n’arriverais jamais à empêcher une idée têtue de se présenter. C’est le carnet qui m’a sauvé.

C’est une méthode infaillible. Dès que c’est noté, vous n’avez plus à y penser. Vous n’avez plus à vous dire « pourvu que je n’oublie pas ». L’idée se retire comme elle est arrivée. Vous la traiterez plus tard. Vos dents attendront.

Mais votre concentration, elle, n’en souffrira pas.

Maintenant si vous voulez (vraiment) vous concentrer, vous savez comment faire.

Allez, YAPUKA !

(1) Je n’ai rien contre cet éminent chercheur, titulaire au surplus d’une médaille de bronze du CNRS. Mais la controverse fait avancer la connaissance. Et puis, vous connaissez mon style…