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LA MÉMOIRE EN CHIFFRES : ENQUÊTE ET RÉSULTATS

J’ai toujours été étonné de ne pas trouver  de statistiques sur la mémoire de mes contemporains. A croire qu’on n’a jamais fait d’enquête à ce sujet. Mais il vaut mieux agir que se lamenter : alors j’ai fait mon enquête moi-même !

Bon, d’accord, elle n’a pas porté sur 3.000 personnes.

Je me suis limité à 100 réponses. C’était le maximum autorisé par la version d’essai de, mon logiciel de sondage. Et en plus les répondants ne respectent pas la bonne proportion hommes / femmes. Ni même la pyramide des âges française.

Bref c’est nul ?

Si vous êtes puriste, oui.

Moi, ce n’est pas mon cas. Alors si ce n’est pas le vôtre non plus, on va quand même s’entendre. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas dans les standards que ça ne vaut rien. Je cherchais juste des tendances. Et j’en ai obtenues, grâce à ceux et celles qui ont répondu à mon questionnaire.

Qu’ils en soient remerciés.

Concernant les enseignements à tirer des réponses, je rappelle quand même que l’échantillon est limité. Néanmoins 100 réponses n’est pas un nombre ridicule. Il y a même fort à parier que nous pouvons en tirer quelque chose.

Dans un second temps l’enquête sera poursuivie avec de nouveaux répondants afin d’en améliorer la validité.
Mais on peut déjà voir des tendances. Si cela vous intéresse c’est là-dessous. L’enquête date de avril-mai 2017.

André PICARD
Psychologue clinicien
Gérez votre mémoire (Nathan, épuisé)
Décuplez votre mémoire par la méthode MEMORI (Marabout, épuisé)
(Un nouveau livre est prévu pour fin 2017 / début 2018).

LE NIVEAU DE GENE

Niveau de gêne nul ou faible : 49 %
« « « « moyen mais quand même… 44 %
« « « « élevé, je trouve ça handicapant… 7 %

Malgré les limites de cette étude, une première tendance se dégage. Premièrement une bonne nouvelle : quasiment la moitié des répondants n’a pas de problème de mémoire. Ou alors c’est faible.

Deuxièmement, 51 % des répondants ont des difficultés. 44 % aimeraient faire quelque chose pour arranger cela et 7 % sont vraiment en quête de solution.

A noter que dire « j’aimerais bien faire quelque chose pour » est peu engageant et ne prouve pas que ces personnes feraient le nécessaire si on leur en offrait les moyens. Mais la gêne est reconnue comme déjà significative. En revanche, les 7 % qui reconnaissent une gêne « élevée » sont probablement plus prêts à s’engager dans un processus d’amélioration si on leur en donne la possibilité.

SEXE DES RÉPONDANTS

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45,78 % d’hommes
54,22 % de femmes

Notez qu’au premier janvier 2017 l’INSEE estimait que la France comportait 32.455.859 hommes et 34.534.967 femmes. Ce qui donne 48,45 % d’hommes et 51,55 % de femmes. Ces dernières sont donc surreprésentées dans mes contacts. Aucune hypothèse hasardeuse ne doit en être tirée… restons scientifiques !

AGE DES RÉPONDANTS

Selon l’INSEE, au premier janvier 2017 nous avions :

Total + de 18 ans 52.986.402 personnes (1)

18 à 24 ans : 6.167.203 personnes (1) soit 11,73 % des majeurs
25 à 34 ans : 7.307.800 personnes      soit 13,79 %  des majeurs
35 à 49 ans : 13.053.514 personnes   soit  24,64 %  des majeurs
50 à 64 ans : 12.891.021 personnes   soit  24,33 %  des majeurs
65 ans et plus : 13.566.864 personnes soit 25,60 % des majeurs.

(1) Je ne crois pas avoir envoyé mon questionnaire à des moins de 18 ans… Ils sont environ 14.000.000 en France et ne figurent donc pas dans cette statistique.

On voit bien là que mon échantillon n’est pas représentatif de la population française. De plus, un certain nombre de répondants ne sont pas français…. Remarquez, a priori, je ne pense pas que la question se pose en terme différents en Belgique, en Afrique francophone, en Suisse ou au Canada…

Quoi qu’il en soit, seuls les 35 à 49 ans y sont représentés comme dans la population globale en France. Le pourcentage des plus de 65 ans n’est pas loin d’être conforme. Pour le reste, on note une sous-représentation des 18 à 34 ans et une surreprésentation des 50 à 64 ans, c’est évident.

Cela tient peut-être à la pyramide des âges de mes propres contacts. Mais ce n’est pas certain.

A supposer en effet que mes (environ) 750 contacts initiaux soient représentatifs de la population française au regard de la pyramide des âges, cela n’empêcherait en rien les répondants de se répartir autrement. Il se peut que les 18-25 ans ne soient pas sous-représentés dans ma liste de contacts mais qu’en pourcentage, ils aient été moins nombreux à répondre au questionnaire. Et/ou que les 50-64 ans se soient plus mobilisés pour répondre.

Il n’y a pas de réponse à cette interrogation. Toutefois cette enquête modeste n’a pas l’ambition d’obtenir des résultats absolument représentatifs de l’ensemble de la population. Faute d’une enquête de cette ampleur, qui demanderait de gros moyens, il s’agit pour le moment de faire juste une statistique indicative.

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LE PROBLÈME LE PLUS GÊNANT

En première analyse, et tout en haut du podium, le souci n° 1 est celui de l’oubli des noms (cités 21 fois) et des prénoms 6 fois). En nombre ce n’est pas loin de la moitié des problèmes soulevés.

Une douzaine de réponses restent inexploitable faute de précision. Par exemple « oublis de mémoire à court terme et long terme », « mémoire courte » ou « ma mémoire est trop sélective ». Par ailleurs 9 personnes déclarent que tout va bien, aucun problème de mémoire, voire « une mémoire d’éléphant ».

Certaines réponses (par exemple « moyens figuratifs ou symboliques » ou « ma mémoire diminue ») ne sont pas exploitables faute de précision.

Plus en détail, parmi les réponses exploitées, voici le nombre d’occurrences :

Oubli ou difficulté à mettre un nom sur un visage : 21 ou un prénom 6 soit 27 au total
Chercher un mot et ne pas le trouver : 9
Chercher où diable on a bien pu mettre un objet : 6
Oublier un rendez-vous ou une tâche à faire : 5
Difficulté à retrouver une information, des données, ce qui s’est dit en réunion : 4

Ensuite, soit la dispersion est plus grande, soit la difficulté évoquée est plus vague :

Oubli de dates ou d’anniversaires (3) Souvenirs « flous » (3), oublis très spécifiques (2), ne plus savoir ce qu’on est venu chercher ou faire dans une pièce (1), difficultés d’apprentissage (1), oubli des nombres (1) de numéro de téléphone (1), faux souvenirs (1)

Il est clair que le rappel en mémoire des noms ou des prénoms est le souci numéro 1 des répondants. Reste à voir si c’est le problème numéro 1 dans la population générale ou si, par exemple ce serait un problème spécifique des 50-64 ans qui sont ici surreprésentés. A ce stade, il n’est pas encore possible de répondre à cette question.

Je fais toutefois l’hypothèse que oui, la difficulté à retrouver le nom ou le prénom de quelqu’un resterait en tête du palmarès dans la population générale. Il faudra attendre la seconde vague d’enquête sur un autre fichier pour le vérifier.

QU’ESSAYE-T-ON  POUR TENTER D’Y REMÉDIER?

La question était volontairement assez floue, assez large.

38 répondants affirment qu’ils n’ont pas cherché ou trouvé de méthode pour pallier leurs soucis de mémoire.

Sont 9 répondants n’ont pas cherché parce qu’ils ne sont pas concernés par ce genre de souci.

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Visiblement lorsque les autres cherchent un moyen de favoriser la rétention, il s’agit de moyens très divers. Voici le nombre des occurrences, très dispersées :

Écrire, prendre des notes : 7
Pratiquer des jeux de société, faire des mots croisés, des mots fléchés, des sudoku : 5
Procédés mnémotechniques (visualisation, méthodes des lieux, associations…) :5
Lecture, poésie, lire des polars en anglais… : 4
Repos ou sommeil : 4
Oméga 3, Magnésium, fruits secs : 3
Trouver des occasions journalières de solliciter sa mémoire : 2

A partir de là, tous les autres moyens évoqués ne sont cités qu’une seule fois, à savoir : sport, parler de ce que l’on apprend, ranger les choses toujours au même endroit, réciter l’alphabet jusqu’à ce qu’on retrouve le nom ou le mot cherché, la répétition, se remettre en situation pour retrouver ce qu’on voulait faire, l’hypnose (oui…), travailler plus ou encore lier mentalement la chose à se rappeler à un objet incongru placé à un endroit stratégique.

Prendre des notes, écrire aurait le vent en poupe si cela était plus souvent cité. Mais le chiffre reste faible. Les jeux de société ont la réputation de maintenir la mémoire en forme. La mnémotechnie est parfois utilisée. Un répondant indique même connaître la méthode des loci (des lieux)… mais ne pas l’appliquer.

(Pour ceux qui ne connaissent pas, la méthode des lieux date de l’antiquité et était utilisée notamment par Quintilien et Cicéron… Et aujourd’hui par les participants aux championnats de mémoire (ça existe). Cela dit, il existe une demi-douzaine de moyens mnémotechniques utilisables par tout un chacun (pas besoin d’être un champion) mais c’est assez mal connu. Vous les trouverez exposés petit à petit dans les articles du présent blog).

Globalement toutefois, on voit qu’il n’y a pas ou peu de recherche active. Comme si un certain fatalisme l’emportait. Il se peut aussi qu’on s’habitue aux défaillances de mémoire. Ou bien que l’on pense qu’il n’y a pas de solution. Il faudra une seconde enquête pour en savoir plus.
Voilà, nous arrivons au bout de l’analyse.

Vous êtes-vous reconnu(e)? Auriez-vous fait des réponses différentes? Avez-vous une stratégie pour mémoriser telle ou telle chose? Merci de les partager en laissant un commentaire ci-dessous.
Si ce modeste travail vous a intéressé et suscite des questions, si vous avez des idées pour la prochaine enquête, n’hésitez pas  aussi de le dire ci-dessous, en commentaire. Il en sera tenu compte.