Comment intégrer les techniques de mémorisation dans votre routine quotidienne?
Je suppose que vous êtes déjà convaincu de l’intérêt d’aiguiser votre mémoire. Mais peut-être pas du fait que des petits pas réguliers peuvent faire mieux qu’un gros effort. En effet, il existe des méthodes simples intégrables à votre vie quotidienne.
Des routines, un peu comme celles qui consistent à se laver, s’habiller ou se brosser les dents. Des choses qui ne demandent pas forcément de grands efforts, doc, mais plutôt une constance dans la pratique. Et qui peuvent faire du bien à votre mémoire.
Vous pouvez commencez par intégrer des exercices de mémorisation dans vos activités quotidiennes. Par exemple, essayez de retenir la liste des courses sans la noter sur un papier. Ou bien mémorisez un poème en le lisant chaque matin. Ou encore se donner pour objectif de retenir le nom de la première personnes que vous rencontrerez aujourd’hui. Par exemple le nom d’un nouveau client; le nom inscrit sur le badge du préparateur qui vous sert à la pharmacie;, ou celui d’un parent d’élève que vous venez de rencontrer.
Si vous êtes étudiant, ce pourrait être d’utiliser les répétition espacées chaque jour pour une matières qui vous résiste. Elle consiste à réviser l’information à des intervalles de temps croissants.
Si vous apprenez une langue étrangère, ce pourrait être la révision de 10 mots tous les matins avant le petit déjeuner.
Peut importe la méthode utilisée et à quoi vous l’appliquez. Le mot d’ordre c’est : peu mais régulièrement. C’est une bonne pratique pour commencer à améliorer votre mémoire. Elle vous démontrera que c’est possible. Que ce n’est pas difficile. Que ça prend peu de temps chaque fois. Mais que la répétition de peu finit pas faire beaucoup au bout de quelques jours ou de quelques semaines.
Il ne faut pas hésiter à rendre ces pratiques systématiques. Pourquoi pas avec un horaire fixe à respecter ? Ou une période de temps déterminée, par exemple 10 minutes, pour vos sessions de mémorisation. Peut-être devrez-vous par la suite envisager quelque chose de plus costaud si votre challenge est plus exigeant. Mais commencer petit est toujours une bonne façon de commencer.
Pourquoi ces techniques fonctionnent-elles et comment elles s’appuient sur les particularités de notre cerveau ?
Notre cerveau est une machine fantastique. Même et surtout les spécialistes du cerveau le disent. Mais elle a besoin d’entraînement pour fonctionner de manière optimale. Les meilleurs entraînements sont ceux qui s’appuient sur son fonctionnement naturel. Le cerveau est très routinier. Les routines lui conviennent donc tout à fait.
Le cerveau utilise la répétition nocturne pour consolider la fixation des souvenir et leur remémoration ? En utilisant une technique de répétition vous allez dans son sens. La mémoire fonctionne par associations ? Utiliser des association pour mémoriser ira de même dans son sens. Etc. Les techniques de mémorisation, et même les méthodes mnémotechniques simulent les processus cognitifs naturels.
Si vous les utilisez pour renforcer les connexions neuronales et faciliter le rappel d’informations, ça lui convient très bien.
Prenons l’exemple des associations visuelles ou narratives. Elles créent naturellement des liens entre de nouvelles informations et des éléments déjà ancrés dans notre mémoire. Cela nous facilite l’accès à ces nouvelles données. Notre cerveau adore également les histoires et les images marquantes. Utiliser les histoires pour mémoriser des informations lui conviendra donc également. Cela vous permet de mémoriser de nouvelles informations de manière durable.
Quoi que vous fassiez, prenez quand même en compte les moments où vous mémorisez le mieux. Le soir ou le matin ? Notez aussi que pendant vos périodes de détente, non seulement vous rechargez vos batteries, mais vous permettez aussi à votre cerveau de mieux traiter et de stocker les informations. Donc la période qui suit une moment de détente est plutôt favorable pour retenir quelque chose.
Une période chargée ou surchargée n’est pas adéquate. Elle est déjà généralement source de stress. Notez d’ailleurs, que des méthodes pour gérer votre stress et vous détendre existent et pourraient grandement augmenter l’efficacité de vos exercices de mémorisation. La gestion du stress et la relaxation sont des facteurs clés pour améliorer la mémorisation.
Pour revenir à nos moutons je voudrais juste que vous reteniez que peu mais régulièrement est quelque chose qui fonctionne. C’est possible d’utiliser ainsi presque toutes les méthodes de mémorisation. Voyez la liste que vous trouvez dans « Améliorer la mémoire au quotidien« . Vous devriez pouvoir intégrer efficacement la plupart dans votre quotidien peu mais régulièrement. Cela vous permettra de les tester sans dépenser beaucoup d’énergie.
C’est un peu comme l’exercice physique. Marchez une demi heure tous les jours fait aussi bien, voire mieux, que courir jusqu’à épuisement une fois par semaine.
Ci-dessous encore des questions auxquelles j’ai apporté des réponses.
FAQ : Techniques de mémorisation à pratiquer chaque jour
Je viens de commencer à utiliser votre méthode de palais de la mémoire. Est-ce normal de se perdre dans son propre palais ?
Ce n’est pas trop le sujet du jour mais je vois que vous avez parcouru mon blog. Ma réponse est oui. Absolument ! Du moins au début. Ou si vous ne l’avez pas utilisé depuis longtemps. Attention, si vous débutez en palais de mémoire à être très rigoureux pour la distribution des points d’accroche.
Je conseille de les limiter à 10 par pièce et de les considérer toujours dans le même ordre évidemment. Pour ne pas vous y perdre, considérez d’abord le sol, puis le mur de gauche quand vous entrez. Ensuite considérez le mur d’en face puis celui de droite. Et enfin celui derrière vous en dernière position le plafond. C’est ainsi que je procède. Vous pouvez faire autrement mais ne variez jamais.
Si vous n’avez pas de gros besoin, n’inventez pas votre palais de mémoire, utilisez votre maison ou appartement c’est plus sûr. Pour ma part j’utilise le plus souvent ma salle de bain. Comme je ne fais pas de concours et que je ne l’utilise que pour la vie courante, c’est pratiquement toujours suffisant.
Cela dit, plus vous passerez de temps à vous promener dans votre palais de la mémoire, mieux ce sera. Il faut qu’il soit parfaitement mémorisé sinon ça ne marchera pas. Commencez petit et utilisez-le le plus souvent possible.
Ne l’agrandissez que quand vous en aurez besoin. Sinon, vous serez obligé de réviser souvent les agrandissements à vide. Ce serait de l’énergie gâchée. Il faut que vous puissiez vous déplacer dans votre palais aussi naturellement que dans votre propre maison.
Pour rester dans le palais du jour, il est possible de se constituer un palais à petites touches. En commençant par une pièce. En commençant avec 3 points d’accroche. En en rajoutant un par jour pendant une semaine. Vous pourriez réviser ces point pendant une minute avant le p’tit déj. Ensuite l’utiliser une fois par jour la semaine suivante avec jusqu’à 10 informations à mémoriser.
La semaine suivante, vous pourriez rajouter une pièce avec 3 points d’accroche. Ensuite vous procédez comme ci-dessus. Au bout d’un mois vous serez capable de mémoriser et surtout de retrouver 20 informations. Si vous avez besoin de plus, vous pouvez continuer au-delà.
Ce que je peux vous montrer c’est que même une méthode aussi exigeante que le palais mental peut s’apprendre avec peu mais régulièrement.
La mnémotechnique du lien, ça donne vraiment des résultats ?
Oh, que oui. Je pense que vous voulez parler des associations. En associant une information à mémoriser avec quelque chose d’autre, cela gré une information nouvelle souvent improbable. J’utilise ça quand je fait des courses sans liste écrite. Je ne me contente d’ailleurs pas de lier chaque chose à ramener avec une autre.
Non. Je lis chaque chose à ramener à la suivante jusqu’à fabriquer une histoire à dormir debout. J’ai d’ailleurs écrit un article sur cette méthode, que j’ai baptisée ainsi. Par exemple, supposons que je doive acheter un pain, un kilo de carottes, du saumon fumé, le journal et un taille crayon. A priori je n’ai même pas besoin de méthode pour si peu mais c’est juste pour l’exemple.
Je pourrais m’inventer l’histoire suivante: un saumon debout attrape les carottes une a une pour les passer dans un taille-crayon géant. Il en fait des carottes râpées puis se prépare un sandwich à la carotte râpée qu’il emballe dans un journal. Voilà, c’est loufoque mais je vous mets au défi d’oublier votre histoire. D’ailleurs demain, vous vous rappellerez peut-être encore de celle-ci, vous verrez.
Les chunking et autres découpages d’infos, ça prend pas plus de temps finalement ?
Les chunks sont des morceaux, des tronçons. Le chunking consiste à décomposer une information pour mieux la mémoriser et la retrouver ensuite. Soit vous décomposez en petites unités soit vous regroupez des unités, pour mieux mémoriser on parle aussi de chunking pour ça.. Vous le faites souvent sans vous en rendre compte.
Prenez un numéro de téléphone imaginaire. Mettons, 8 7 4 2 1 8 2 5 6 7. Pas facile à retenir tel quel. Pas top. Pour « chunker », on va les mettre deux par deux. 87 42 18 25 67. Ca ne vous fait plus que 5 unités à apprendre au lieu de 10. Ne me dites pas que ça vous a pris trop de temps !
Bon, dans la pratique, les numéros de téléphones sont déjà présentés ainsi. Mais on pourrait les « chunker » autrement. Par exemple 87 421 82 567. Et là ça ne fait plus que 4 unité à apprendre. En plus les unités 421 et 765 sont plus faciles à retenir.
Mais, décomposer ou regrouper des informations pour mieux les retrouver n’est pas nouveau. C’est le terme de chinking, un peu snob, qui est nouveau. Ca donne aux auteurs qui en parlent le crédit d’avoir inventé quelque chose… Que ne ferait-on pas pour se faire remarquer !
Notez qu’organiser une information complexe en chapitres et en sous-chapitres ne fait rien d’autre que décomposer la matière en tronçons ! C’est excellent pour l’apprentissage, la mémorisation et la remémoration. Personne n’a jamais parlé de chunking à ce sujet. Laissons les snobs avec les snobs.
C’est quoi exactement une « astuce mnémonique » ?
Je n’emploie pas ce terme.
Soit c’est une « mnémonique » tout court. Le terme est séculaire et indique effectivement un truc ou une astuce. Par exemple, les stalactiTes Tombent et les stalagMites Montent. Ou « mais ou et donc Ornicar ? ». Ou encore « Batri » pour se rappeler que bâbord c’est à gauche et tribord c’est à droite. du moins en regardant la proue du bateau sur lequel vous êtes.
Dans ce domaine il y a aussi les phrases-clés, entre autre. Ou même un quatrain comme:
« Le carré de l’hypoténuse
est égal si je ne m’abuse
à la somme des carrés
des deux autres côté »
Ce qui caractérise les mnémoniques c’est qu’elles ne fonctionnent que pour un seul sujet. « Batri » ne fonctionne que pour se rappeler où est bâbord. Et le quatrain n’est utilisable que pour un théorème défini.
Soit c’est une méthode mnémotechnique, et là c’est très différent. Une méthode mnémotechnique peut s’appliquer à des sujets différents.
Par exemple la méthode de l’histoire à dormir debout s’applique aussi bien à une liste de course qu’à une liste de choses à faire. On peut même l’utiliser pour retenir le nom de quelqu’un en en faisant le héros d’une histoire loufoque autour de son nom et des ses autres caractéristiques.
Et le palais de mémoire peut s’appliquer à presque n’importe quoi…
Pourquoi quand je retiens quelque chose, dix secondes après c’est parti ?
Si c’est systématique vous devriez consulter ! Sinon, ça ne peut s’expliquer que par un manque flagrant d’attention. Le manque d’attention peut avoir plusieurs explications: manque d’intérêt pour le sujet, avoir pensé à plusieurs choses en même temps, dépression, prise de produits licites ou pas, stress … Je ne sais rien sur vous, je ne peux donc pas vous dire pourquoi.
Est-ce que le fait de manger beaucoup de poissons aide vraiment à avoir une bonne mémoire ?
Non. Qui a dit ça ? A cause du phosphore ? Il y en a plus dans les lentilles que dans les poissons. Je ne sais pas d’où vient cette légende urbaine selon laquelle la consommation de poisson rendrait intelligent. Ca doit faire plaisir aux Japonais !
Bon, cela dit, certains poissons sont riches en oméga-3, c’est bon pour le cerveau, donc pour la cognition, donc pour la mémoire… Mais, cela ne remplacera pas une alimentation globalement équilibrée. Ni la pratique quotidienne des techniques de mémorisation. Bon, ça ne vous fera quand même pas de mal, je pense.
Je pratique la répétition espacée, mais parfois je mélange mes cartes. Est-ce grave ?
Je suppose que vous utilisez les cartes flash sans les boites de Leitner… Et vous ne savez plus trop si telle ou telle fiche a déjà fait ou pas la révision à J+15, par exemple. Avec la méthode de Leitner, ça ne devrait pas vous arriver.
Vous auriez donc tout intérêt à acheter une boite à fiches avec des intercalaires et à faire vos « flash-cards » sur les fiches normalisées correspondantes. Avec ce matériel vous ne devriez jamais rien mélanger.
Je vous conseille d’avoir une seconde boite à fiches. Vous y logez toutes les fiches arrivées à maturité. C’est à dire celles qui ont terminé leur parcours de révision.
Sans organisation rigoureuse la méthode des répétitions espacées devient vite inopérante. Notons aussi qu’il est impossible de réviser tous ses cours ainsi. Sinon, à partir de J+60 vous risquez d’avoir plus de 10 heures de révision… chaque jour ! C’est à réserver à une seule matière. Ou à des portions de cours particulièrement rétifs à la mémorisation…