Mythes et réalités sur les capacités de mémoire humaine

Comment distinguer les mythes des réalités sur la mémoire?

Les légendes urbaines et les idées reçues concernant le fonctionnement de notre cerveau abondent. Certains disent que nous n’utilisons que 10% de notre capacité cérébrale, d’autres assurent que les souvenirs d’enfance sont toujours précis. Tout ça est faux. Mais c’est parfois contre intuitif. Donc, une bonne compréhension du fonctionnement de notre mémoire est essentielle pour démêler le vrai du faux.

Peut-on mémoriser globalement, d’un bloc, comme on prendrait une photo ?

La mémoire humaine, complexe et fascinante, mais n’est pas une entité unique et homogène. Elle est divisée en plusieurs types, chacun avec ses spécificités. Par exemple, la mémoire à court terme et la mémoire à long terme ne fonctionnent pas de la même manière. Elles ne stockent pas les informations sur la même durée.

La première est éphémère et peut être perturbée par de simples distractions, tandis que la seconde est beaucoup plus résiliente et durable. Ca, c’est vrai. De plus, on devrait parler des mémoires à court terme. Ce sont essentiellement des mémoires perceptives (vision, audition, toucher, olfaction…). On devrait aussi parler des mémoires à long terme. Par exemple lexicale, motrice, sémantique…

On n’a donc pas UNE mémoire mais une bonne douzaine, au moins.

Pour autant, avons-nous une mémoire photographique ? On dit aussi mémoire eidétique pour faire plus savant.  Eh bien c’est un mythe, un mythe populaire certes, mais un mythe. Il est vrai que certaines personnes peuvent se rappeler des images avec une grande précision. Vrai aussi qu’un artiste britannique est capable de dessiner de mémoire un paysage urbain dense vu pendant quelques minutes depuis un hélicoptère. Il ne manque même pas une fenêtre aux immeubles…

En dehors de cet artiste qu’on pourrait créditer d’une mémoire eidétique, personne n’a de mémoire photographique. Alors comment fait-il ? On n’en sait rien. C’est un cas unique. Ce qu’on sait c’est que notre mémoire n’et absolument pas capable d’en faire autant à cause de son mode de fonctionnement.

Si on ne mémorise pas d’un bloc, alors comment mémorise-t-on ?

A part le cas cité ci-dessus, notre mémoire ne mémorise pas d’un bloc. Au contraire, elle analyse toujours une situation sous plusieurs aspects et les mémorise séparément. Par petits bouts. En fait, nous stockons nos souvenirs en pièces détachées.

Un souvenir a toujours une multitude d’aspects : visuels, auditifs, perceptifs, sémantiques, moteurs, olfactifs,  émotionnels etc. Or tous ces aspects sont traités par des zones cérébrales différentes. La zone dédiée à un aspect lexical ou sémantique n’est pas la même que celle dédiée à un aspect émotionnel ou visuel.

Il en résulte qu’un souvenir est toujours stocké dans de multiples zones cérébrales. Pour se remémorer le souvenir en entier, il faut donc le reconstruire. Un souvenir est  toujours une reconstruction.

De plus, la reconstruction n’est pas forcément correcte. Il peut arriver qu’une pièce détachée soit remplacée par une autre. La plupart du temps, c’est dû à votre évolution depuis le moment du stockage et à votre état au moment de la remémoration.

Par exemple vous ne tiendriez plus aujourd’hui les mêmes propos que ceux que vous avez tenus et mémorisés autrefois. Dans ce cas, lors de la remémoration de propos anciens il se peut que votre remémoration de ces propos soit biaisée. Quelques pièces d’origine peuvent très bien remplacées par des pièces plus récentes, paraissant similaires mais plus proches de ce que vous pensez aujourd’hui….

Par exemple, lors de la remémoration, vous n’êtes pas du tout dans la même humeur que lors de la mémorisation. Votre état d’esprit est différent, votre état émotionnel n’est pas le même. Dans ce cas il y a des chances pour que le souvenir qui vous revient ne soit plus conforme à celui que vous avez stocké. Votre cerveau pourrait en effet très bien y insérer des pièces plus compatibles avec votre état actuel et ne pas utiliser des pièces d’origine !

Etc.

Que conclure de tout ça ?

Qu’il faut se méfier des illusions et des idées toutes faites. S’informer. Un regard éclairé par des bases scientifiques est préférable. En explorant les fondements de la mémoire, on comprend mieux pourquoi notre cerveau peut parfois nous jouer des tours.

Souvent, nous faisons trop confiance à nos capacités mémorielles. C’est ainsi que nous avons l’illusion que nos souvenirs sont fiables, alors que nous pouvons très bien avoir de faux souvenirs. Pas de souvenirs biaisés non,  mais carrément de faux souvenirs ! Oui ça va jusque-là !

Et inversement il nous arrive de penser que notre mémoire ne vaut pas grand chose. La preuve, pour la première fois depuis 50 ans, vous venez de penser à un camarade de CP et vous avez oublié son nom… Eh bien vous vous trompez probablement. Et si je pouvais vous donner la liste de vos camarades de CP ? Eh bien il est quasiment certain que vous reconnaîtriez son nom parmi tous les autres.

Selon les cas, votre mémoire est certainement moins bonne ou certainement meilleure que vous ne l’imaginez !

Comprendre les rouages de notre mémoire ne s’arrête pas à la simple connaissance théorique. Cela a des implications pratiques évidentes pour l’amélioration de nos capacités mnémoniques. En connaissant nos limites et en utilisant les stratégies adéquates, nous pouvons optimiser l’acquisition, le stockage et la récupération de l’information.

Pour résumer, notre cerveau, aussi impressionnant qu’il soit, ne produit pas toujours les résultats que l’on croit. Il peut y avoir des failles, des biais, des approximation. Il semble que son fonctionnement soit parfois plus probabiliste que centré sur la réalité que nous imaginons.

Quant à nous, de plus, nous nous faisons assez souvent des idées fausses sur ce qu’on peut attendre de lui; des idées fausses sur notre mémoire et sur pas mal d’autres choses. Mieux vaut être informé quand à son fonctionnement. Mieux vaut ne pas croire aux mythes même quand ils paraissent intuitivement justes.

Plutôt que de croire aux mythes, il est préférable de se tourner vers les résultats des études scientifiques.

FAQ : Mythes et Réalités sur les Capacités de la Mémoire Humaine

Est-ce que ma mémoire se remplit comme un disque dur ?

Heu… non.  Notre cerveau n’a pas de « capacité maximale » comme un disque dur. A vrai dire, personne n’a la moindre idée de la capacité de notre mémoire. A l’échelle de notre vie cette capacité semble infinie. On pourrait penser que chacun pourrait avoir un seuil théorique à partir duquel plus rien ne se fixerait. Ou à partir duquel les nouvelles données effaceraient les plus anciennes

Mais ça ne marche pas comme ça. Le nombre  de configurations neuronales que le cerveau peut constituer pour fixer des information est tellement pharamineux… Jamais personne ne s’est encore trouvé à court ce capacité de stockage. Et surtout il est impossible de supprimer un souvenir avec un Ctrl+Alt+Suppr !

La seule analogie (très approximative) qu’on pourrait faire avec un disque dur, c’est que la mémoire stocke les informations en pièces détachées. Ces pièces sont dispersées dans différentes zones du cerveau. Le disque dur  stocke des informations mais on en efface également. Lors d’un nouvel enregistrement, il utilise les secteurs effacés pour optimiser le remplissage.

De ce fait, il stocke souvent les nouvelles informations de manière fragmentée, là où il y a de la place libre. Mais ça n’a rien à voir avec la mémoire. Cette dernière distribue les pièces détachées d’une informations dans les zones où elles doivent être stockées (zone visuelle, sone sémantique, zone motrice etc.

De plus le cerveau crée de nouvelles connexions en permanence entre les neurones. Enfin il alloue une population de neurones spécifique à chaque nouvelle information. Et comme chaque neurone fait  partie de nombreuses populations différentes (concernant des souvenirs différents) c’est une quasi infinité de configurations qui sont possible. Sachant que votre cerveau recelé environ 85 milliards de neurones et chaque neurones peut avoir jusqu’à 10.000 connexions avec d’autres, vous imaginez ?

Je perds souvent mes clés… Suis-je en train de perdre la mémoire?

Quel rapport avec les mythes sur la mémoire ? Perdre la mémoire, ça n’existe presque pas d’ailleurs. L’amnésie existe certes, ce n’est pas un mythes mais je ne crois pas qu’il en existe une amnésie des clés…

Manger du poisson rend-il vraiment la mémoire plus performante ?

Le mythe c’est surtout le fait qu’il y aurait du phosphore dans le poisson. Et cela favoriserait donc l’intelligence et la mémoire. D’où peut-être bien le mot argotique phosphorer pour évoquer la réalisation en cours d’un travail intellectuel. En fait il y plus de phosphore dans les lentilles que dans le poissons. De plus, le phosphore n’a pas les vertus qu’on lui donne.

Pour autant, cela ne veut pas dire que manger du poisson serait sans effet sur votre cerveau et votre mémoire. En fait il y en a un. Car certains poissons sont pleins d’oméga-3 qui sont excellents pour la santé du cerveau. Est-ce que ça va vous transformer en super-mémorisateur ? Probablement pas. Mais intégrer du saumon ou du maquereau dans votre alimentation, ça peut pas vous faire de mal. Et si vous êtes en déficit d’oméga3 ou d’antioxydants cela vous fera même du bien.

Je croyais que mes souvenirs d’enfance étaient fiables Je ne peux plus leur faire confiance ?

Si vous avez cru jusqu’à présent à l’infaillibilité de votre mémoire autobiographique, je comprends votre déception. Logiquement, ça ne devrait pas vous étonner. A l’école vous avez bien dû, un jour ou l’autre, constater que vous ne saviez plus, lors d’un contrôle, ce que vous saviez la veille. Et qu’à peine sorti du contrôle vous retrouviez les informations qui venaient de vous faire défaut. Zut alors, je savais pourtant !

Pour les souvenirs autobiographiques, votre cerveau ne distingue pas vraiment, sauf quand c’est tout frais, les souvenirs réels et ce que vous avez imaginé. Avez-vous eu vraiment telle répartie le jour où votre beau-frère vous a pris à partie ? Ou avez-vous regretté de ne pas l’avoir eu, l’avez-vous alors eu en imagination ? Le lendemain vous auriez fait la différence, mais dix ans plus tard ?

Il y a des tas d’autres causes à ces confusions. Par exemple une reconstruction du souvenir avec une pièce détachée similaire mais qui n’est pas la bonne; une reconstruction influencée par votre état émotionnel du moment; une reconstruction influencée par les souvenirs  des autres. Etc.

La mémoire photographique, ça existe ou c’est un mythe ?

J’ai déjà dit que c’était un mythe.

Stephen Wiltshire, que j’ai évoqué plus haut, n’est pas un mythe, lui. Il existe. Il passe 20 minutes en hélicoptère au-dessus d’une ville à… regarder. Ensuite il passe plusieurs jours à dessiner sur d’immenses formats de papier, tout ce qu’il a vu. Tout y est. Rien ne manque ! C’est un cas unique au monde.

Cet homme-là semble avoir une mémoire photographique. Mais, si c’était vraiment le cas, on lui mettrait un bandeau sur les yeux, on l’enlèverait pendant seulement une seconde et il devrait être capable de reproduire ce qu’il a vu. Je n’ai pas connaissance qu’une telle expérience ait été tentée…

D’autres personnes ont eu ou ont une mémoire extraordinaire: Veniamin, Kim Peak, Jill Price ou Amélie Nothomb. Mais leur performance est d’un autre ordre. A vrai dire cela ne fait que quelques dizaines de personnes tout au plus, sur 8 milliards d’êtres humains. Bien sûr il en existe certainement pas mal qui n’ont pas encore été repérés. Mais il n’y en a toujours qu’un seul connu qui s’approche un peu de la mémoire eidétique.

L’âge est le principal ennemi de la mémoire, est-ce que ça c’est vrai ?

Non, L’âge joue son rôle, mais c’est en terme d’augmentation du temps de traitement des informations. Que voulez-vous, vos neurones ont le même âge que vous, il est normal qu’ils vieillissent. Les « influx nerveux » circulent moins vite. En fait, la mémoire a des ennemis beaucoup plus sérieux : l’alimentation inadéquate, le déficit hydrique, le stress, les perturbation du sommeil, la dépression, l’anxiété, l’oxygénation insuffisante etc.

Et bien sûr les maladies neurologiques dégénératives. Alors oui, comme ces dernières arrivent souvent dans la seconde moitié de la vie, cela donne l’impression que c’est une question d’âge. Indirectement donc. Quant au autres causes, elles sont indépendantes de l’âge.

Tiens, j’ai une question pour vous. L’âge apporte la sagesse, ça, c’est un mythe ou une réalité ? A votre avis ?

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