Comment les techniques de visualisation renforcent notre mémoire
Imaginez un instant que votre esprit puisse devenir un terrain de jeu où les images viennent danser, s’assembler et former des souvenirs durables. Intriguant, n’est-ce pas? Et si je vous disais que c’est possible et que cela s’appelle la visualisation et l’imagerie mentale? Ces approches alternatives pour la mémoire ne sont pas seulement des techniques de mémorisation, elles représentent aussi une façon de communiquer directement avec notre cerveau.
La visualisation, c’est l’art de créer des scénarios mentaux qui nous aident à retenir des informations. En créant une image forte, nous associons l’information que nous voulons retenir à quelque chose de plus concret et de moins abstrait. Prenons un exemple simple : vous devez vous souvenir d’acheter des œufs. Au lieu de se répéter mentalement ce mot, pourquoi ne pas imaginer un coq chantant dès l’aube sur un tas d’œufs dorés? Marquant, non?
Mais pourquoi cette image plutôt qu’une liste écrite ou une simple note dans votre téléphone? La réponse est simple : notre cerveau est câblé pour être visuel. Un tiers de la surface de notre cortex est dédiée au traitement visuel, ce qui rend les images bien plus mémorables que les mots.
Pourquoi intégrer l’imagerie mentale à nos habitudes?
L’utilisation de l’imagerie mentale, malgré son nom, ne concerne pas que les images. Par visualisation, on n’entends pas seulement voir l’image mentalement. Mais aussi la compléter avec nos autres sens. Ainsi vous entendez mentalement aussi le coq, vous sentez peut-être même l’odeur de la ferme.
En ajoutant des sensations à l’image, elle devient une expérience, et nous savons que les expériences se gravent profondément dans notre mémoire. En outre, ces méthodes peuvent être complémentaires à d’autres méthodes holistiques pour améliorer la mémoire.
Lorsque vous intégrez l’habitude de visualiser de manière approfondie, vous stimulez les différentes régions de votre cerveau en même temps, ce qui a pour effet de renforcer les connexions neuronales et, finalement, la capacité de mémorisation.
Intégrer ces techniques à votre vie quotidienne n’est pas compliqué. Vous pouvez commencer par de petits exercices de visualisation et d’imagerie au quotidien. Vous pourriez être surpris de constater à quel point cela peut devenir naturel et à quel point cela peut renforcer votre mémoire. Pour cela, pratiquez régulièrement, soyez patient et observez votre mémoire se transformer petit à petit. Rien n’est magique, mais avec ces techniques, votre cerveau aura certainement quelques tours fascinants à vous montrer !
FAQ: Techniques de visualisation et d’imagerie mentale
Comment puis-je m’entraîner à visualiser ?
Bonne question! Imaginez par exemple un citron juteux et acide. Tâchez de le « voir » (mentalement), de sentir son parfum. Visualisez-vous en train de le presser à la main, puis de boire le jus acide. Si vous n’avez pas l’habitude de cet exercice, il est probable que vous aurez du mal à ressentir toutes les sensations. « Voir » ou « sentir » l’odeur du citron sera peut-être plus difficile pour vous que « entendre » le jus qui coule dans un verre. Ou l’inverse !
Mais c’est la pratique qui fait progresser. Pratiquez avec des objets simples et des scènes du quotidien, en intégrant peu à peu plus de détails pour aiguiser votre imagerie mentale. Spontanément nous avons tendance à privilégier les données visuelles dans nos… visualisations. C’est normal. Il faut un peu d’entrainement pour éprouver les autres sensations
Est-ce que visualiser peut vraiment améliorer mes performances?
C’est une chose qui ne fait pas débat. De nombreux athlètes et personnes qui réussissent utilisent la visualisation pour se préparer mentalement à un événement. Il a été démontré qu’une visualisation régulière renforce les mêmes connexions neuronales que l’action réelle. Pensez-y comme à des répétitions dans votre tête avant le grand spectacle!
J’ai vu un documentaire sur l’entrainement… au sol de la Patrouille de France. Les yeux fermés, assis sur une chaise, tous ces as du pilotage réagissaient au dixième de seconde aux instructions du chef de mission. Tous mimaient les gestes exactement comme s’ils étaient dans leur cockpit. C’est un exemple typique de la visualisation pour entraîner un savoir-faire.
Pourquoi je n’arrive pas à visualiser clairement?
Pas de panique ! La qualité d’une visualisation peut varier d’une personne à l’autre et peut aussi s’améliorer avec le temps. Commencez par de courtes sessions et augmentez progressivement la durée et la complexité de vos visualisations. Ca va s’améliorer.
Certaines personnes ne parviennent pas, toutefois, à ressentir virtuellement. Mais, même dans ces cas-là, l’imagination fonctionne tout de même. Et il se trouve qu’imaginer suffit pour exciter les zones cérébrales de la vision même si vous le voyez rien à proprement parler. Il en est de même pour presque tout.
Par exemple, si vous imaginez que vous bougez le petit doigt, les zones motrices concernées par ce mouvement sont automatiquement mises en alerte. Alors, si vous imaginez, faute de visualiser à proprement parler, ça marche quand même.
Est-ce que je peux utiliser la visualisation pour m’aider à dormir?
Pour que cette question ne soit pas hors sujet, rappelons que la qualité du sommeil conditionne la qualité de la consolidation en mémoire des informations du jour. Visualiser pour s’endormir est un des usages les plus répandus. Visualisez un lieu paisible qui vous calme – une plage au coucher du soleil, par exemple – et laissez-vous allez. Percevez les détails sensoriels, comme le son des vagues ou celui du vent (rappelez-vous que la « visualisation » inclut les autres sens). C’est une façon relaxante de s’endormir.
La visualisation peut-elle m’aider à me souvenir des choses?
Eh bien c’est l’objet de cette session, non ? Finalement on peut dire que la visualisation a toute sa place parmi les outils mnémotechniques. Ce que je préfère, parce que ça m’amuse, c’est de l’utiliser pour une liste de courses. Créez une histoire absurde dans votre tête où chaque article joue un rôle loufoque. Plus c’est loufoque, mieux c’est…
Par exemple: imaginez une marée de petits pois sur le sol du magasin. Sur cette marée glissent à toute allure et en sens inverse un rôti de porc et un fagot de carottes qui se heurtent violemment. Le choc les fait sauter en l’air et retomber dans un énorme pain volant qui s’ouvre en deux et avale le tout avant de retomber sur l’étal des fruits.
Oui, je sais, quand on n’a pas l’habitude de jouer avec ça, ça parait complètement débile. On assume ! En attendant, j’ai parfaitement fixé que je dois acheter un rôti de porc, des petits pois et des carottes, du pain et des fruits !
Et vous pouvez continuer l’histoire: vous glissez sur les petits pois en rattrapant votre pain géant et le sol du magasin s’incline. Vous êtes entrainé comme dans un tobogan jusqu’au rayon des huiles, vous en attrapez une bouteille qui vous glisse des mains comme une savonnette et part comme une fusée.
Vous la poursuivez jusqu’au rayon pâte à pizza où vous la rattrapez au vol tandis qu’une pâte à pizza s’étale au sol sur un mètre carré. Des poivrons, des tomates et des champignons venus par les airs atterrissent dessus et la pizza se referme sur eux. Vous voilà avec un énorme pain dans une main et une grosse pizza en boule dans l’autre.
Vous les mettez dans un sac poubelle et vous sortez nonchalamment du magasin les sac sur l’épaule sans passer par la caisse ! Mine de rien, vous avez retenu 11 articles avec votre histoire. Essayez un peu de retenir autrement 11 articles sans liste en main.
En fait, c’est le processus d’association, (un fonctionnement basique de la mémoire au naturel) qui fait le travail de concert avec la loufoquerie assumée. Notre cerveau se focalise en effet plus fortement sur ce qui sort de l’ordinaire que sur les banalités.
Puis-je utiliser l’imagerie mentale pour la guérison ?
C’est un peu hors sujet mais cette pratique est courante dans certaines thérapies. Des études suggèrent que la visualisation peut aider à gérer la douleur et à réduire le stress. Bien utilisée avec un professionnel, la visualisation devient cousine de l’hypnose. Elle peut faire partie d’un traitement d’ensemble. De là à affirmer que seule elle pourrait guérir, il y a un pas que je ne franchirai pas ! e
L’imagerie mentale est-elle la même que la méditation?
Elles ne sont ni cousines ni jumelles ! L’imagerie mentale implique de créer activement des images dans votre esprit. La méditation consiste à observer passivement, sans y prendre part, les images, les pensées et des sensations qui vous traversent l’esprit.
Combien de temps dois-je pratiquer chaque jour?
Ce n’est pas une question de temps mais d’opportunité. Faites-le quand c’est opportun. Pour reprendre l’exemple plus haut, si vous êtes pressé, serait-il opportun de prendre le temps de vous fabriquer une histoire loufoque ? Non, alors faites une liste de course.
Si vous vous apprêtiez tranquillement à faire votre liste pour lendemain, alors oui c’est opportun de mettre en œuvre cette pratique. De plus cela vous permettra de vérifier le lendemain que vous avez toujours votre histoire en mémoire.
Si vous prenez l’habitude de vous demander ce que vous pourriez faire pour retenir ceci ou cela, pas de doute que vous trouverez d’autres cas d’utilisation. Par exemple pour vous rappeler ce que vous avez à faire dans la journée. Cela dit, il y a d’autres méthodes, évidemment. Heureusement parce que tout ne se prête pas à être retenu par la visualisation.
Les enfants peuvent-ils pratiquer l’imagerie mentale?
Les enfants et l’imagerie mentale, c’est comme les poissons dans l’eau ! Ils adorent ça. Leurs esprits sont naturellement créatifs et ils deviennent vite des pros ! Il n’y a pas besoin de les encourager. Vous pouvez donc les associer aux courses sans que cela devienne une corvée pour eux. En prime les jeux d’imagination sont bénéfiques pour leur développement.
Comment savoir si je fais de la visualisation « correctement »?
Détendez-vous… Il n’y a pas de « bonne » et de « mauvaise » manière de visualiser. Il faut juste que ce ne soit pas un pensum mais que ça vous amuse. Si vous êtes un peu rigide et que vous vous sentez mal à l’aise à l’idée de vous amuser pour mémoriser, il y a deux solutions.
Soit vous vous obligez un peu, quitte à intégrer vos enfants dans le jeu, et votre malaise finira bien par disparaître. Soit cela vous met trop en difficulté et mieux vaut laisser tomber. Mais cela vaudrait la peine que vous cherchiez à comprendre votre « raideur ». La difficulté dépasse probablement la question de votre réticence à utiliser cette méthode et il faudra peut-être consulter.
Normalement, quand tout va bien, utiliser une méthode mnémotechnique doit vous aider à mémoriser tout en vous donnant de la satisfaction, voir du plaisir. Il est parfaitement légitime de s’amuser avec ça.