Le Club Memori
Pour ceux qui veulent comprendre, maintenir et améliorer leur mémoire.
Vulgarisation scientifique, méthodes, trucs et astuces pour bien mémoriser.

L’aromathérapie est un domaine pour lequel j’avoue mon incompétence. Mais la question m’a été posée. J’ai donc fait œuvre de journaliste en recherchant des sources qui m’ont paru fiables. Beaucoup de ce que j’ai lu est de l’ordre de la croyance béate, quasi religieuse. Toutefois, j’ai trouvé aussi des exposés rigoureux de faits vérifiés de façon scientifique. Je me suis évidemment rapproché de ces derniers. 

L’aromathérapie est connue pour son utilisation d’huiles essentielles extraites de plantes. Elle serait intéressante pour ses bienfaits sur le bien-être physique et mental. Mais qu’en est-il concernant le cerveau et l’amélioration de la  mémoire ?

A vrai dire, dès qu’on pense à des moyens moins rebattus d’améliorer sa mémoire, on ne pense pas à l’aromathérapie. On pense plutôt au sommeil, à l’alimentation, a des exercices cognitifs. Mais l’aromathérapie… Au fait, c’est quoi ?

Qu’est-ce que l’aromathérapie ?

D’après la maison Vidal (la référence des médecins) :

«  » Utilisant les huiles essentielles et les essences aromatiques, l’aromathérapie est une branche de la phytothérapie. Elle se divise en deux écoles : l’aromathérapie médicale, et l’aromathérapie grand public. La première préconise l’absorption d’huiles essentielles par voie orale ou rectale. La seconde utilise l’application d’huiles essentielles sur la peau (massages, bains) ou en diffusion dans l’air ambiant (brûle-parfum, inhalation). » »

Nous voilà déjà avec deux types d’aromathérapie… 

L’Aromathérapie médicale

Nous avons là une forme de médecine alternative qui utilise des huiles essentielles extraites de plantes pour favoriser la santé. Ces huiles essentielles sont des extraits concentrés de composés aromatiques présents dans les plantes. L’aromathérapie médicale les utilise à des fins thérapeutiques. Cela se fait en les inhalant, ou en les ingérant sous forme de capsules. On passe parfois aussi par la voie rectale.

Evidemment, le mode d’action de l’aromathérapie médicale repose sur les propriétés chimiques et pharmacologiques des huiles essentielles. Ces substances actives peuvent avoir des effets physiologiques et psychologiques.

Lorsqu’elles sont inhalées, les molécules aromatiques peuvent stimuler les récepteurs olfactifs dans le nez, envoyant des signaux au cerveau qui peuvent influencer l’humeur, le stress ou même la perception de la douleur.

Lorsqu’elles sont appliquées sur la peau, certaines huiles essentielles peuvent être absorbées et avoir des effets anti-inflammatoires, antimicrobiens, ou encore favoriser la relaxation musculaire. 

A quoi sert l’aromathérapie médicale ?

L’aromathérapie est utilisée en complément des traitements médicaux traditionnels pour soulager certains symptômes. Par exemple: 

  • Stress et Anxiété : Certaines huiles essentielles, comme la lavande ou la camomille, sont réputées relaxantes et sont utilisées par inhalation ou diffusion pour aider à réduire le stress.

  • Insomnie : Les huiles essentielles de lavande, de marjolaine ou de camomille peuvent être utilisées pour favoriser le sommeil. Elles peuvent être diffusées dans la chambre à coucher ou appliquées sur l’oreiller.

  • Douleur musculaire ou articulaire : Des huiles essentielles telles que le romarin, la menthe poivrée ou l’eucalyptus peuvent être diluées dans une huile « porteuse ». Celle-ci est appliquée par massage.

  • Problèmes digestifs : Certaines huiles essentielles comme la menthe poivrée peuvent être utilisées contre  les troubles digestifs. On les ingère sous forme de capsules ou diluées dans une boisson.

Il faut noter que les études cliniques sur l’efficacité de l’aromathérapie sont souvent limitées. Elles ne sont pas toujours probantes.  En milieu médical, l’aromathérapie n’est généralement utilisée qu’en complément des traitements médicaux, et non en remplacement.

l’aromathérapie grand public

Nous avons là une forme d’aromathérapie qui se passe généralement de médecins. Elle utilise plutôt les huiles essentielles à des fins de bien-être. Mais parfois aussi dans une optique de santé. Mais cela, en dehors de tout contexte médical. Il est vrai que ces produits ne sont pas des médicaments au sens légal.

On les trouve facilement dans le commerce. Ils sont proposé sous forme d’huiles essentielles, certes, mais aussi de diffuseurs, de lotions, de bougies parfumées, etc. L’objectif principal est d’améliorer la qualité de vie, de favoriser la détente et de traiter certains maux du quotidien de manière « naturelle ».

Le mode d’action est évidemment le même que celui de l’aromathérapie médicale. Il n’y a pas vraiment de protocole. Mais le milieu médical préfère l’ingestion. En mode grand public, l’aromathérapie utilise les huiles plutôt par inhalation ou application cutanée.

Les molécules aromatiques stimulent les récepteurs olfactifs. Elles influenceraient aussi le système limbique du cerveau, associé aux émotions, à la mémoire et au comportement.

L’application cutanée permet l’absorption transcutanée des composés actifs dans le sang. Cela ouvrirait la voie à des effets physiologiques.

Une autre différence de l’aromathérapie grand public, c’est qu’elle est livrés au jugement des utilisateurs… et des vendeurs. 

A quoi sert l’aromathérapie grand public ?

Vous ne serez pas surpris d’apprendre que les utilisations les plus fréquentes concernent:

  • Stress et Anxiété : pour lavande, camomille, bergamote.
  • Insomnie : pour lavande, marjolaine, ylang-ylang.
  • Fatigue : pour menthe poivrée, citron, romarin.
  • Douleurs musculaires : pour eucalyptus, gingembre, romarin.

Vous ne serez pas surpris non plus par le fait que les affections traitées sont presque les mêmes qu’en milieu médical. Stress, insomnie et douleurs musculaires figurent au menu des deux. Quant aux études cliniques, il n’y en a évidemment pas. Les résultats sont divers et tous de l’ordre du témoignage personnel. Pour certains ça ne marche pas. D’autres disent être moins anxieux, mieux dormir ou être soulagés de leurs douleurs musculaires. 

Et la mémoire dans tout ça ?

A vrai dire, il en est rarement question. Mais je suis allé voir s’il y a eu des recherches sur la question. J’avais en tête le fait que certaine zone cérébrale dédiée à la mémoire jouxte la zone consacrée à l’olfaction. Elle n’en est séparée que par une petite épaisseur de1 ou 2 cellules. Elle est donc quasiment à touche-touche. Ce qui lui donne la possibilité de se connecter aux neurones de la zone olfactive.

Et en fait oui, il existe bel et bien des études sur la relations entre les odeurs et la mémoire. On n’est donc pas très loin de l’aromathérapie. J’ai retenu 3 études.

Première étude, par l’Université de Californie

On trouve dans la livraison du 1er août 2023 de Frontiers in Neuroscience une étude intéressante. Elle est publiée par des neuroscientifiques de l’université de Californie, à Irvine. Les sujets d’études, devaient diffuser des huiles essentielles dans leur chambre pendant six mois. Le diffuseur les émettaient 2 heures par nuit.

Après quoi, on effectue des IRM cérébrales que l’on compare aux IRM faites avant l’expérience. On constate alors notamment une augmentation du volume de l’hippocampe. C’est une région du cerveau connue pour être la porte d’entrée et de sortie des souvenirs. Le thalamus bénéficie également de cet accroissement de volume. 

Des tests de performances cognitives, incluant la mémoire, ont également été faits avant et après l’expérience. Résultat: les tests post-expérience montre une amélioration de 226 % des performances. Cela par apport au groupe témoin qui n’avait pas utilisé d’huiles essentielles. Ce n’est pas rien ! Seul petit bémol, tous les participants avaient plus de 60 ans. Il n’est donc pas tout à fait sûr que des participants de 20 ans ou de 40 ans auraient obtenu autant d’amélioration. 

En revanche, il semblerait que l’origine de l’huile essentielles compte peu. L’étude a utilisé des huiles de rose, orange, eucalyptus, citron, menthe poivrée, romarin et lavande. Il ne semble pas y avoir de différence flagrante dans les résultats, quelle que soit l’huile essentielle utilisée.

Ce n’est pas la première fois que la science met en évidence les liens robustes entre odeurs et mémoire. Déjà, en littérature, la madeleine de Proust est bien connue. Nous avons tous expérimenté que certaines fragrances nous renvoient à des souvenirs très anciens. Voire ravivent des émotions d’enfance.

En octobre 2022, Science Daily a publié une étude modeste de l’Université de Lancaster. Elle montrait que des personnes âgées exposées aux saveurs alimentaires qu’elles avaient connues dans leur jeunesse pouvaient retrouver des souvenirs contemporain de cette époque. Un peu comme la fameuse madeleine…

Deuxième étude par L’INSERM

EN 2014 déjà, une équipe de l’INSERM avait tenté une expérience sur 4 jours. Des volontaires venaient au laboratoire. On leur montrait les 3 premiers jours des images purement graphiques : des cercles concentriques de différentes couleurs. En même temps on diffusait une fragrance quasiment inconnue. 

Le quatrième jour on leur a seulement rediffusé les odeurs. On leur a demandé à quelle image cela leur faisait penser. Ils ont pu décrire les images auxquelles étaient associées des odeurs. J’ai retrouvé d’autres expérience de ce genre. 

Dans plusieurs d’entre elles, on faisait faire un apprentissage à un groupe de personnes. Une odeur particulière (rose, ou chocolat, par exemple…) était diffusée dans la salle. Un autre groupe faisait le même apprentissage mais sans odeur.

Par la suite, on a testé la mémorisation, ou plutôt la remémoration des informations apprises. Ce jour-là, on a bien sûr diffusé la même odeur que lors de l’apprentissage. Résultat: ceux qui avaient été exposé à l’odeur au moment de l’apprentissage ont eu de meilleurs résultats que les autres. 

On manque encore d’une grande étude : avec plus de personnes, plus de paramètres à tester. Mais il est bien prouvé que lorsqu’une information est associée à une odeur, cette odeur permet de la retrouver. Donc, l’odeur est un indice de récupération visiblement puissant.

Troisième étude par l’Institut Pasteur, le CNRS et l’Université Paris Cité

La recherche fondamentale s’y intéresse aussi. En novembre 2022, la revue scientifique Nature Communications a publié une étude conjointe du CNRS, de l’Institut Pasteur et de l’Université Paris Cité. On y apprend qu’en plus des neurones excitateurs qui vont du bulbe olfactif au cortex, on a découvert des neurones inhibiteurs qui vont du cortex au bulbe olfactif.

Leur rôle serait de diminuer le bruit de fond. Ceci pour que les neurones excitateurs envoient au cortex un signal plus net. Il semble donc que les informations olfactives soient privilégiées par rapport à celles provenant d’autres sens. Pour l’instant cela n’a été mis en évidence que chez les murins. Comme toujours en science, la recherche sur les humains vient ensuite.

Conclusion provisoire

En attendant, que peut-on conclure pour la mémoire ? Trois choses :

  • 1- Les souvenirs olfactifs sont toujours puissants et persistants
  • 2- Les apprentissages accompagnés d’un souvenirs olfactifs sont plus faciles à retrouver. 
  • 3- Respirer des huiles essentielles provoque de la détente, ce qui est favorable à la mémorisation.

Je me risque maintenant à faire quelques suggestions : on devrait diffuser des huiles essentielles dans:

  • Les locaux professionnels, ateliers, bureaux, magasins, pour établir une certaine sérénité
  • Les chambres d’étudiants, pour une meilleure mémoire
  • Les chambres des maisons de retraite, pour la même raison
  • Les salles de cours (pour la mémorisation) et les salles d’examen (pour la remémoration). On devrait associer chaque matière à une odeur. Par exemple chocolat pour les mathématiques; orange pour l’histoire; rose pour le français; menthe pour la physique; pain grillé pour la chimie etc. Naturellement on diffuserait les senteurs correspondantes dans les salles d’examen… On pourrait certainement aussi commercialiser des petits inhalateurs de poche.
  • Les cours de récréation (pour limiter l’agressivité)
  • Les avions, pour faire baisser le stress des anxieux
  • Les embouteillages (pulvérisation par hélicoptère et à haute dose) pour calmer les impatiences et la nervosité…
  • Les manifestations qui dégénèrent (pulvérisation par canons à huile et à très haute dose) pour répandre un peu de zénitude…
  • Etc… Vous pouvez laissez vos idées en commentaire !