Le Club Memori
Pour ceux qui veulent comprendre, maintenir et améliorer leur mémoire.
Vulgarisation scientifique, méthodes, trucs et astuces pour bien mémoriser.

Pour avoir une mémoire au top, encore faut-il savoir comment elle fonctionne. En effet, la mémoire ce n’est pas seulement mémoriser. Ce n’est pas non plus seulement se remémorer. Quand vous connaîtrez bien le fonctionnement de votre mémoire, vous comprendrez mieux comment l’améliorer.

Article mis à jour le 29 mai 2022

Dans cet article  « Perte de neurones: est-ce qu’on perd la mémoire avec ?«   j’envisageais un « mode d’emploi » de la mémoire. Eh bien, c’est un peu ça. Aujourd’hui, je vais vous détailler le processus de la mémoire. Mais le principal à retenir c’est ceci : la mémoire ce n’est PAS se rappeler de quelque chose. Ce n’est PAS mémoriser quelque chose.

Enfin pas que… Alors c’est quoi?

Regardez cette infographie:

infographie-SEQUENCES.pdf (memoriclub.com)

Vous voyez, la mémoire est une chaîne d’opérations. En résumé, on peut dire que :

La mémoire est la faculté de percevoir des choses très diverses (événements, lieux, noms, pensées, émotions, itinéraires, mots, listes, catégories, mouvements du corps, savoir-faire, jugements, connaissances générales etc.), de stocker et traiter ces informations, de les consolider et de les rappeler à la conscience ou dans l’action en cas de besoin.

Voyons ça de plus près…

La mémoire est une chaîne d’opérations

En effet, pour fonctionner, votre mémoire met en œuvre :

— des capteurs : œil, oreille, peau, etc. qui sont à l’origine de vos perceptions sensorielles

— des transmetteurs : fibres nerveuses qui acheminent ces informations à votre cerveau;

— des aires de stockage : cellules cérébrales et synapses qui conservent les informations

— un mécanisme de traitement, de classement, d’intégration et de consolidation des informations

— un mécanisme de rappel.

Vous voyez que le rappel arrive en bout de chaîne. La cinquième roue du carrosse ? Non, car sans le rappel, la mémoire ne servirait pas à grand-chose.

A cela il faut ajouter la perception de vos propres pensées, idées ou raisonnements. Car nous ne percevons pas que les informations apportées par nos capteurs. Il s’agit là de perceptions externes. Nous percevons aussi les informations que nous créons nous-mêmes par la pensée. Ce sont des perceptions internes. Ces deux types de perceptions alimentent votre chaîne mnésique.

Si vous trouvez une solution à un problème vous en êtes conscient. Et cette information (la solution) peut être mémorisée. Il en est de même de la perception de vos dispositions relationnelles. Si vous en voulez à quelqu’un, par exemple, vous le percevez même si ça ne passe pas par le canal sensoriel (capteurs).

En gros les perception externe, c’est ce que j’ai senti, vu ou entendu par exemple, et les perceptions internes ce que j’ai pensé, imaginé, ressenti ou résolu mentalement par exemple. Toutefois, pour simplifier, je parlerai généralement de perception, au sens très large.

Résumons.

Lors d’un événement quelconque, vos capteurs produisent des « influx nerveux » qui sont transportés par les fibres nerveuses jusqu’à votre cerveau où les informations sont stockées, traitées, et classées en attendant un éventuel rappel. La mémoire, c’est l’ensemble de toutes ces opérations.

La mémoire ne vaut pas plus que le plus faible maillon

En effet, si vous avez des « problèmes de mémoire » ce n’est pas forcément parce que vous ne vous rappelez pas. Il se peut aussi bien que vous n’ayez pas bien perçu, transmis, stocké ou intégré l’information.

Vous pouvez avoir une défaillance à n’importe quel maillon de la chaîne.

En bout de ligne, le rappel est un bouc émissaire tout désigné. Vous ne vous rappelez-pas ? Ni une ni deux : c’est le rappel qui est censé ne pas bien fonctionner. Pourtant, dans beaucoup de cas le rappel n’y est pour rien.

Revue de détail: les étapes successives de la mémoire.

1 La perception: sans elle, pas de mémoire

Vos perceptions, nous l’avons vu plus haut, sont à la base de votre mémoire. Chez l’Homme, il n’y a pas de mémoire sans perception.

L’expérience démontre que tous nos sens fournissent des matériaux à nos processus de mémorisation. Cependant, certains prennent plus d’importance que d’autres dans l’élaboration du souvenir. Par exemple la vue, l’ouïe et la kinesthésie, c’est-à-dire la sensation que l’on a de son corps et de ses gestes.

Pour en parler, on évoque la mémoire visuelle, la mémoire auditive et la mémoire motrice.

Naturellement, on pourrait tout aussi bien parler de mémoire gustative, olfactive ou tactile. Mais pour la plupart d’entre nous, le sens du goût, de l’odorat ou du toucher intervient peu dans la formation des souvenirs. Mais c’est tout de même le cas si vous êtes cuisinier, parfumeur ou simplement aveugle.

A chaque personne son style de mémorisation

Cela dit, chez certaines personnes prédomine aussi un certain type de comportement. Pour mieux se souvenir du mode d’emploi d’un appareil par exemple, certains préfèrent le lire. D’autres préfèrent voir une vidéo de démonstration. Certains préfèrent écouter quelqu’un qui sait déjà, d’autres vont voir à l’usage par essais et erreurs.

Vous allez enregistrer les informations en fonction de votre type de fonctionnement. Si vous êtes musicien, par exemple, il est probable que vous prêterez plus d’attention aux sons. Si vous êtes photographe vous percevrez en priorité ce que vous soyez. Si vous êtes aveugle, vous percevrez en priorité ce que vous entendez, ce que vous sentez et ce que vous touchez.

Bref, l a mémoire de l’un n’est pas la mémoire de l’autre. Ainsi vous vous jugerez plutôt visuel, kinesthésique, ou auditif, par exemple.. J’ai mis au point, dans les années 80, un petit test toujours valable qui vous permettra de vérifier comment vous percevez le monde. Je vous le proposerai peut-être prochainement.

Quoi qu’il en soit l’état de vos capteurs conditionne la qualité de vos perceptions. Un déficit visuel ou auditif, par exemple, peut très bien être à l’origine de défaillances de mémorisation. Personnellement je comprends mal ce qu’on m’explique si je n’ai pas mes lunettes… Dans ce cas-là je mémorise mal. Pour en avoir parlé à d’autres porteurs de lunettes, je peux vous dire que c’est assez général.

2 La transmission: sans elle, la mémoire n’existerait pas

L’influx nerveux part des capteurs et parvient à votre cerveau par l’intermédiaire des cellules nerveuses qu’on appelle les neurones.

L’influx chemine d’un neurone à l’autre par des axones et des « synapses ». Les axones sont des fibres nerveuses projetées par les neurones comme un fraisier projette ses stolons. Les synapses sont les jonctions, les « branchements » des neurones entre eux par axones interposés.

On pense rarement à la qualité de la transmission. Pourtant c’est l’essence même du travail du cerveau. Cette petite masse de neurones est un gigantesque carrefour de circuits nerveux. Ça ne pèse guère plus d’un kilo, mais tout ce qui détermine votre vie passe par là. Et c’est là qu’aboutissent les influx nerveux en provenance de vos capteurs sensoriels. C’est là que s’élaborent vos pensées.

Le cerveau a des voies de communication permanente avec l’intégralité de notre corps, mais aussi de notre psychisme. Si la transmission est défaillante c’est l’ensemble qui peut en pâtir et pas seulement la mémoire.

Qu’est-ce qui peut avoir un impact négatif sur la transmission ? Il y a essentiellement deux grandes catégories de causes possibles. Tout d’abord les désordres ou les carences alimentaires. Ensuite, les neurotoxiques et assimilés.

Ne vous attendez donc pas à avoir une bonne mémoire si vous avez une alimentation carencée, si vous fumez beaucoup, si vous appréciez trop l’alcool ou si vous respirez des solvants au travail…

3 Le stockage: sans lui, pas de mémoire

A priori ça se passe dans le cerveau. Où ça ? Ça dépend…. On peut désormais examiner un cerveau en action avec des techniques modernes d’imagerie. Mais cela ne nous donne pas de réponse simple. Ce qui est sûr c’est que vous n’avez pas une zone spécifique pour stocker tous vos souvenirs.

On sait en effet que lorsqu’il s’agit de sémantique c’est plutôt telle zone qui est concernée. Que pour vos apprentissages gestuels c’est une autre. Et encore une autre pour les images etc. En revanche presque tout ce qui concerne la mémoire passe par la zone des hippocampes ((rien à voir avec les chevaux de mer, ce sont des zones cérébrales…).

L’imagerie permet de « voir passer » l’influx nerveux lors d’une expérience de mémorisation ou de rappel. Les circuits ne sont pas les mêmes selon les tâches.

Ainsi les automatismes passent par le cervelet. Mais pas que. Les événements semblent activer les lobes temporaux. Mais pas que. Les habitudes plutôt les noyaux gris centraux. Mais pas que. Etc. En revanche les informations spatiales ne semblent concerner que l’hippocampe.

La mémoire humaine ne se localise donc pas aisément. Les chercheurs ont déjà conclu que les informations sont plutôt fragmentées et réparties le long de différents circuits. On pensait autrefois que c’était dans les neurones même. Aujourd’hui on imagine plutôt le stockage sous forme d’une empreinte électrochimique dans des « populations » de neurones.

De ce fait, les causes de dysfonctionnement du stockage sont probablement, peu ou prou les mêmes que pour la transmission. L’hygiène de vie a beaucoup plus d’importance qu’on ne l’imagine pour avoir un bon fonctionnement cérébral. On peut toutefois rajouter ou donner une mention particulière au métabolisme du calcium et du glucose ainsi qu’à l’oxygénation cérébrale.

4 L’intégration et la consolidation: sans elles, la mémoire serait peu de chose

Intégration et consolidation, ce n’est pas tout à fait la même chose mais c’est complémentaire.

L’intégration

Les informations perçues et transmises ne sont pas stockées isolément. Elles sont généralement mises en rapport avec d’autres informations déjà présentes dans votre bibliothèque cérébrale.

Plus il y a déjà d’informations en relation avec la nouvelle venue plus celle-ci sera intégrée dans un ensemble cohérent. Plus il y a d’informations déjà là, plus il y aura de voies d’accès à l’information nouvelle.

Et la multiplication des voies c’est la multiplication des possibilités de rappel.

Il est difficile de dire aujourd’hui si les informations nouvelles sont d’abord stockées isolement puis mises en relation avec les informations préexistantes ensuite. Ou si, au contraire, l’information nouvelle est immédiatement disséminée en fonction des informations déjà là.

Mais ce qui est sûr c’est que le cerveau, et la mémoire en particulier, fonctionne énormément par comparaison, par association. Et, ça tombe bien, les associations facilitent le rappel que nous allons bientôt voir.

La consolidation

C’est quoi au juste ? Ça dépend… des auteurs. Pour certains c’est juste le processus de répétition pour passer une information de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme. Pour d’autres c’est un processus permanent de réorganisation de la mémoire à long terme. C’est le sens que je lui donne.

Il faut savoir que ce que vous percevez est provisoirement stocké dans la mémoire à court terme. Comme son nom l’indique elle est très fugace. Selon les personnes entre 10 et 30 secondes de rémanence. Au-delà l’information s’évapore… Sauf si vous voulez la retenir.

En ce cas vous allez peut-être vous la répéter mentalement. C’est le cas typique nu numéro de téléphone qu’on vous donne pendant que vous cherchez de quoi noter. Mais vous n’avez pas pour objectif de retenir longtemps cette information.

Une fois le numéro noté… vous l’oubliez, la mémoire à court terme passe à autre chose, une information chasse l’autre.

Ou bien vous allez vouloir mémoriser l’information en relation avec ce que vous avez déjà. C’est le cas typique du cours ou de la conférence. Dans ce cas, vous avez une intention de mémoriser à long terme. Dans ce cas, vous mémorisez (en partie) en mémoire à long terme sans répétition.

Quoi qu’il en soit, les informations que vous logez à long terme  n’y reste pas passive comme un livre dans une bibliothèque. La mémoire est un processus très actif, en permanence.

Un processus de consolidation est à l’œuvre tous les jours de votre vie. Et même, et peut-être surtout, toutes les nuits. Il s’agit d’échanges entre les régions où sont stockées les informations et une région du cerveau qu’on appelle l’hippocampe. Ce dernier a la capacité de réactiver les circuits mnésiques.

La consolidation des informations et la régénération de l’hippocampe 

Imaginez que le stockage des informations se fasse sous forme d’une bibliothèque d’e-books. Mais dont l’encre électronique aurait tendance à pâlir au fil du temps. Eh bien l’hippocampe donnerait alors régulièrement un coup de jus au système pour raviver le contraste.

C’est un peu ça mais pas seulement.

Les circuits mnésiques ne sont pas constants. Certains neurones meurent. D’autres doivent les remplacer. On sait aujourd’hui que des neurones tout neuf sont produit dans le cerveau et migrent dans l’hippocampe. Ce dernier se régénère donc en permanence et stabilise en permanence de nouveaux circuits. L’architecture neuronale change alors, mais la mémoire demeure.

Cette zone est la plaque tournante obligée de tous les processus de mémorisation. Cette régénération permanente vous garantit donc un fonctionnement stable des processus de mémorisation malgré la géométrie variable du substrat physique de la mémoire. Il faut savoir, en effet, qu’à partir d’un certain âge, vous n’avez plus aucun neurone d’origine dans cette région du cerveau !

Cet hippocampe toujours jeune (même si vous êtes vieux…) est d’une importance capitale pour différents processus. Dont, surtout, la mémorisation.

Vous savez aussi que la mémoire procède beaucoup par association. Or toutes les informations destinées à figurer dans la mémoire à long terme passent par l’hippocampe. C’est une vraie plaque tournante. Il n’y a donc pas mieux placé que lui pour relier une information à une autre. Il est donc probable que l’hippocampe, notamment lors de son activité nocturne, établisse de nouvelles connexions entre des circuits mnésiques qui semblent apparentés.

La consolidation par l’usage

La consolidation par l’usage est un mode de consolidation très répandu. Si vous avez besoin de la même information de façon répétée, elle se présentera plus vite à votre esprit la dixième fois que la première fois. Et au bout d’un certain temps cela sera instantané, automatique.

On a découvert récemment que lorsqu’on utilise souvent un même circuit neuronal, ce dernier conserve un potentiel électrique après usage. Il reste sous tension. Un peu comme un matériel qui, en cas d’utilisation fréquente, resterait en veille au lieu de s’éteindre complètement.

Les expériences montrent que le circuit neuronal « en veille » décharge son potentiel au quart de tour lorsqu’il est de nouveau sollicité. Tous les neurones du circuit sont quasiment synchronisés; c’est comme une file de voitures qui démarreraient ensemble quand le feu passe au vert.

Cela colle parfaitement à l’accélération du rappel évoquée plus haut en cas d’utilisation fréquente d’une information mémorisée. Cela colle aussi parfaitement avec l’expérience bien connue du « traitement par lots ». La mémoire, donc l’apprentissage, est plus efficace quand on traite à la file des données apparentées. Parce que, dans ce cas, on utilise des circuits neuronaux qui ont un tronc commun qui reste en veille.

J’ai été long sur ce chapitre mais j’ai une bonne raison. Il est probable que l’intégration et la consolidation sont au cœur de la machine mémorielle. La réorganisation, la réactivation permanente et l’usage rafraîchissent et maintiennent en vie vos souvenirs. C’est la partie active et vivante de la mémoire.

Qu’est ce qui pourrait bien perturber ces processus ? En gros la même chose que pour le stockage initial. Après tout, intégration et consolidation c’est le stockage en mouvement si j’ose dire.

5 Le rappel: sans lui, la mémoire ne sert à rien

C’est ce que, à tort, la plupart des gens appelle la mémoire. Disons que c’est le canal de sortie des informations dont on a besoin. Sauf qu’elles ne sortent pas toujours d’elles-mêmes. Il faut souvent aller les chercher.

Certes il arrive assez fréquemment qu’un souvenir semble subitement se présenter à notre conscience. Sans qu’on ait fait quoi que ce soit pour. Par exemple vous voyez passer une ambulance et cela vous rappelle que vous devez visiter quelqu’un à l’hôpital tout à l’heure. C’est une association d’idées qui a valeur de rappel. On peut dire aussi que l’ambulance a été un indice pour rappel.

Mais il arrive encore plus souvent que vous avez besoin de vous rappeler de quelque chose. Et quelquefois ça ne « sort » pas. C’est là, en général, que vous vous posez des questions sur votre mémoire. Surtout si cela vous arrive souvent.

Vous n’avez pas forcément tort. Mais si il y a des perturbations dans les 4 premiers processus, cela ne sert à rien de vouloir améliorer le rappel. C’est comme un cautère sur une jambe de bois…

Les indices de rappel 

Qu’est-ce que c’est que ça ?

Vous avez besoin d’aspirine, vous pensez par association « armoire à pharmacie » et vous vous souvenez qu’elle se trouve là. Vous voulez acheter des cerises au supermarché, vous pensez au rayon fruits et légumes. Vous vous souvenez qu’ils sont en limite du bazar et de l’alimentaire et vous vous rappelez où chercher.

Autrement dit vous procédez par indices. Sans surprise on appelle cela des indices de rappel. On dit aussi « indice de récupération ».

Voyons d’autres types d’ indices de récupération

Où avez-vous déjà vu ce monsieur avec cette cicatrice sur le front ? Tiens, ses lunettes vous disent quelque chose…Ah oui c’était dans la nouvelle collection de montures mais où ça déjà ? Ah ça y est ! Vous avez accompagné votre sœur qui vous demandait son avis pour changer de monture. C’était la semaine dernière quand vous lui avez rendu visite à Épinal. C’est là que vous avez vu ce monsieur qui, lui aussi choisissait une monture…

D’indice en indice vous retrouvez l’information. L’exemple en question est toutefois celui d’un rappel plutôt difficile. Si je vous demande où sont les champignons bio dans le magasin ce sera plus facile. D’abord parce que vous connaissez les lieux, ensuite parce que vous situez le rayon bio entre les légumes ordinaire et le rayon fromage.

Il en sera de même si je vous demande quel président de la république a succédé à Valéry Giscard d’Estaing. Parce que vous le situez dans une série. Parce que vous savez pour qui vous avez voté lors de cette élection. Vous étiez suffisamment impliqué pour vous rappeler des principaux candidats.

Supposez maintenant que je vous demande de mémoriser les mots suivants : Pomme, vélo, skis, raisin, bateau, chemise, prune, avion, jupe, locomotive, anorak, chapeau, fraise, banane, écharpe. Vous aurez peut-être du mal.

Sauf si, au moment de mémoriser, vous avez remarqué que vous pouviez les regroupez en trois catégories qui sont autant d’indices de rappel: fruits, mode de locomotion et vêtements. En les mémorisant par catégories, le rappel sera bien plus complet. Les catégories sont des indices de rappel très puissants. La mémoire adore les catégories…

Il existe aussi bien d’autres types d’indices

Le contexte

Certains indices sont purement contextuels. Par exemple vous lisez une recette de cuisine alors que vous êtes justement dans votre cuisine. Il y a une odeur de chocolat dans cette pièce. Un peu plus tard vous n’arrivez pas à vous remémorer la recette pour la donner à une amie venue en visite.

Vous retournez à la cuisine où l’odeur du chocolat plane encore. Et la recette vous revient avant même d’avoir ouvert votre livre de recettes… Le lieu et l’odeur ont fait office d’indices de rappel.

Vous voyez à travers ces exemples que les indices de rappel peuvent être de différentes natures. L’expérience montre que plus il y en a, dans différents registres, plus vous augmentez les chances d’un bon rappel.

L’indice émotionnel

A moins qu’il n’y ait qu’un seul indice mais quasi indestructible. Que faisiez-vous lorsque vous avez appris l’attentat contre les tours jumelles de New York ? La plupart des gens s’en souviennent sans avoir besoin d’un indice. Les plus âgés d’entre nous se rappellent aussi parfaitement où ils étaient et ce qu’ils faisaient lorsqu’ils ont appris l’assassinat de John Kennedy. Pourquoi ? Parce que cela a suscité chez nous une forte émotion.

Les émotions impactent la mémoire et sont en effet très efficaces pour favoriser le rappel.

Il en est de même que les perceptions renforcées par une forte motivation, de même que les images mentales (voir à ce sujet mon article « Comment l’homme préhistorique mémorisait-il ? ») etc. Bien d’autres choses encore favorisent en effet le rappel : la concentration au moment de la mémorisation, la consolidation, les répétitions espacées, les procédés mnémotechniques…

Le nec plus ultra, quand vous avez une forte intention de mémoriser quelque chose, c’est de prévoir des indices. Par exemple en classant votre liste de course par catégories. En faisant une liste de mots clés pour retenir un cours. Si vous devez donner une conférence, vous favoriserez le rappel en la construisant comme une histoire à raconter. Avec un fil conducteur.

Etc.

Pour bien fonctionner, la mémoire a toujours besoin d’indices.

Pour favoriser le rappel, vous devez donc agir en amont.

Une grande partie des articles à venir traitera des actions à mener en amont pour favoriser le rappel ensuite. Je vous montrerai comment vous concentrer, comment consolider, comment utiliser des indices de rappel etc.

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En attendant, voici une infographie commentée pour résumer le principal. Bonne journée.